Près de cinq années après son passage à la Primature, les fantômes de l’avion présidentiel d’IBK ne hantent guère moins le Premier ministre de l’époque que ceux de son expédition meurtrière à Kidal. Moussa Mara, c’est de lui qu’il s’agit, affronte l’un ou l’autre des sujets – souvent tous les deux à la fois -, à chacune de ses sorties publiques ou presque. Lesdits sujets semblent inépuisables et à chaque apparition on peut s’attendre à ce que la position de l’ancien PM diffère de la précédente, tant la température politique est fluctuante et semble lui imposer une posture adaptée à la consommation du contexte. On l’a par exemple entendu dire qu’il n’éprouve le moindre remords du drame militaire consécutif à son atterrissage forcé à Kidal, avant de l’aborder avec plus de retenue lorsque la question faisait l’objet d’une enquête parlementaire.
C’était la même posture, selon toute évidence, jeudi dernier, à l’occasion de son passage à l’Emission “Grand Jury” de RENOUVEAU TV. Le célèbre invité d’Attaher MAÏGA y était dans le cadre du Dialogue politique inclusif qui bat son plein depuis quelques jours, mais il pouvait difficilement esquiver certains sujets de l’actualité brûlante. Le fléau de la corruption, la question de l’insécurité au Centre et des forces armées, la sortie de Sinko et de son interpellation ont ainsi eu droit au chapitre. Last but not the least, Moussa Mara à Renouveau a effleuré les avions de l’armée cloués au sol ainsi que l’avion présidentiel qui s’est retrouvé au cœur d’un scandale, après que le chef du Gouvernement de l’époque a vaillamment défendu son achat à la représentation nationale, argument tiré notamment d’un besoin créé par la vétusté voire “l’irrécuperabilté” de l’aéronef hérité du précédent locataire de Koulouba, Amadou Toumani Touré.
À propos des équivoques sur le coût réel de revient dudit appareil de commandement, Moussa Mara admet sans fioriture la dissonance entre lui et le principal utilisateur de l’avion, IBK, qui évoque une vingtaine de milliards de nos francs – soit deux milliards de moins que le coût annoncé devant les députés. Quid de la conformité de son usage avec les motivations ayant prévalu à son achat ? Visiblement agacé et embarrassé aux entournures par le retour du même couvert, le président de YELEMA n’a pu retenir les regrets qu’il en éprouve. Il l’a exprimé à travers cette courageuse et sèche réponse : “Si j’était président, je n’achèterais pas un avion”. Le mot est ainsi lâché et sonne telle une confession du poids que l’épisode de l’aéronef fait peser sur la conscience de l’ancien Premier ministre d’IBK, qui reconnaît tacitement avoir avalé tant de couleuvres dans cette affaire. Avec tant de zèle également car le même Moussa Mara, a cours de talentueuses démonstrations arithmétiques, avait soutenu mordicus que l’achat d’un avion présidentiel était plus rentable que le paiement de titres de voyages par voie aérienne.
A KEÏTA
Source : Le Témoin