Si la lente et longue descente aux enfers du Mali peine à révéler ses responsables, les acteurs du Mouvement démocratique sont grandement pointés du doigt surtout avec l’avènement de leur ennemi historique à la Primature.
En effet, depuis belle lurette les péripéties et autres successions d’évènements qui secouent le Mali sont tous mis au compte du Mouvement démocratique. Une accusation qui a malheureusement déteint sur la crédibilité de toute une génération d’hommes politiques. L’interrogation fondamentale à ce niveau est sans conteste celle-ci : serait-ce juste d’imputer l’ensemble des déboires actuels du pays à la vague d’hommes politiques qui a émergé en 1991 ? La réponse est certainement sans équivoque négative. A bien potasser l’histoire nationale de l’ex soudan français, on comprend aisément que l’actuel Mali s’est laissé dévoyer avec l’acceptation et l’acclamation du coup d’Etat de 1968 qui a conduit la nation dans une aventure qui chemine inéluctablement vers la situation catastrophique tant conjurée par le patriarche Modibo Keita en occurrence : la dépendance économique, la déstructuration du pays, une souveraineté illusoire, le règne du népotisme, la gabegie, la démagogie, de la déperdition culturelle et cultuelle, bref un égarement généralisé.
Toutes choses qui connurent leurs prémices sous le régime dictatorial du général Moussa Traoré – mais entretenues et exacerbées par la suite par certains partis politiques issus du mouvement démocratique qui eurent l’apanage de s’éterniser au plus haut sommet de l’Etat. Pour autant, on ne peut pas être dans la félonie au point de balayer d’un revers de main les avantages que procurent les acquis démocratiques dont continuent de jouir ses plus fervents détracteurs, notamment l’intrépide Choguel Kokala Maiga qui porte gaillardement l’héritage d’un régime dictatorial tout en lançant des piques d’inimitié à l’endroit des supposés pilleurs de la république qui il y’a moins d’un an et demi étaient ses alliés. Et ce n’est pas le fameux vocal le concernant qui nous dira le contraire.
Par ailleurs, on constate que le mal malien, qui consiste à avoir ce regrettable chic vilipender des dirigeants en les réhabilitant par la suite, peut avoir un effet pernicieusement confus sur les futures générations qui ne sauront peut-être pas quel modèle de leadership choisir entre celui de Modibo Keita, général Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré, ou du général Amadou Toumani Touré. Cependant, elles seront inspirées de bien situer la confusion des responsabilités qui entrave en toute objectivité l’ascension de notre très cher Mali. Quant au Mouvement démocratique aujourd’hui trentenaire, il ne peut pas être le parfait gibier de potence pour les malheurs actuels du pays, sachant bien que les problèmes qui bourgeonnent présentement de toutes parts ont une semence quinquagénaire.
Ousmane Tiemoko Diakité
Source : Le Témoin