A la lecture de l’offre politique de sortie de crise du Mouvement du 05 Juin, il pourrait se trouver des Maliens pour s’émouvoir de son caractère maximaliste. Mais quand on fait l’effort de se départir du sentimentalisme et de la compassion que chacun de nous peut éprouver pour un vieux président fatigué, l’esprit hagard, le regard perdu, nous trouvons dans les propositions du M5-RFP une bonne bouée pour IBK et les ferments pour une reconstruction des bases d’une nouvelle démocratie après l’essoufflement du projet de Mars 91.
Le Mémorandum du Mouvement du 05 Juin peut se résumer à un mot-clé : transfert de pouvoir !
Le marqueur du pouvoir IBK, depuis 2013, est de gouverner par procuration, sauf que celle-ci a été donnée à la famille et à la parentèle pour disposer du Mali à leur guise. A preuve, la diffusion des images d’une fête aux Baleares avec Karim KEITA dans un torrent de débauche orgiaque digne des bacchanales. Et son président de père qui n’a pas peur ni de Dieu ni du mensonge, psalmodie au quotidien son amour du Mali, sans éprouver la moindre gêne devant ce feu qu’on met aux deniers publics, non pas de la part d’un fils anonyme mais de celui qui préside la commission défense et sécurité de l’assemblée nationale d’un pays en guerre. C’est à cette jouissance presque extatique avec les moyens de l’Etat qu’on comprend le prix qu’ils ont mis dans la conquête du pouvoir avec mille et une compromissions. Donc IBK, depuis des lustres, a laissé à d’autres les rênes de l’Etat. C’est ce pouvoir bafoué, livré aux prédateurs que le Mouvement du 05 Juin veut récupérer et l’exercer dans des cadres organisés bien plus représentatifs que ce président élu par Soumeylou Boubeye Maïga et cette assemblée nationale à la légitimité viciée par la Cour constitutionnelle. L’offre du M5 libérera IBK des tâches de gestion au plus haut niveau, qu’il ne sait pas faire, et lui donnera le temps de s’adonner à ce qu’il aime par dessus tout : voyager, encore voyager et toujours voyager ! Si le minuscule imposteur Covid-19 veut bien accepter l’ouverture des frontières.
Les propositions du M5-RFP sont aussi une bonne nouvelle pour nos voisins, pour l’Afrique et même pour le monde qui se soucie de notre capacité à redevenir un État fiable.
Les pays avec lesquels nous vivons l’épreuve de la crise sécuritaire ne se font plus la moindre illusion sur la gouvernance malienne et les risques qu’elle continuera de faire peser sur tout le voisinage.
Les ambassadeurs des pays développés qui s’égarent dans un démocratisme peu respectueux des Maliens doivent se faire une raison. Il n’y a pas une seule chancellerie qui ne s’indigne en privé des dérives politiques et électorales dans notre pays. Les plus cyniques d’entre eux s’en réjouissent parce qu’ils tiennent ainsi un régime que leur silence complice a contribué à installer. Les diplomates de bonne foi s’abritent derrière la fragilité du pays pour se contenter d’une démocratie au rabais.
Les uns comme les autres doivent se convaincre que IBK n’est plus en mesure de faire aboutir aucune des causes chères à leurs pays. Les Maliens ne sont pas disposés à recevoir même de l’or des mains de ce pouvoir à plus forte raison de leur concéder le moindre sacrifice sur des questions essentielles comme la Constitution ou l’accord d’Alger.
Nos pays voisins et frères, les États amis et organisations partenaires doivent sortir de la méthode Coué pour adouber un gouvernement de transition robuste et un conseil législatif de transition vigoureux pour dérouiller la démocratie et lui donner les couleurs de l’avenir. Tous les amis du Mali qui n’auront pas compris que cette nouvelle page s’ouvre dans notre intérêt commun n’auront que leurs jambes ou plutôt leurs compagnies aériennes pour décamper quand les forcées négatives submergeront le semblant de gouvernance au Mali pour finir par la supplanter. Les Maliens auront leurs yeux pour pleurer. Le M5-RFP, c’est justement le refus de cette catastrophe annoncée !
Bakary Diarra
In Refondation du Mali
Source : L’aube