« L’esclave n’a qu’un maître; l’ambitieux [l’opportuniste] en a autant qu’il y a de gens utiles à sa fortune. » Cette sentence définitive de Jean de La Bruyère dans son ouvrage “Les caractères” résume tout Amadou Koïta et sa prestation pathétique au débat de l’ORTM sur la situation socio-politique. Mais le jugement sur le messager (Koïta) est bien peu de choses par rapport au désarroi du régime et surtout de IBK qui, en tant que fondateur du RPM à la tête de milliers de militants ou président de la République, chef d’une armée de conseillers et de hauts fonctionnaires, laisse sa défense à un garçon qui s’est illustré tour à tour comme un forcené sous ATT, un zélateur de Soumaïla Cissé en 2013 avant de se convertir, quelques années plus tard, en ouvrier de la 25ème heure pour IBK au prix d’un maroquin ministériel ! Quel parcours !
Le jeune homme est toujours dans le vent sans craindre “le destin de feuilles mortes”, pour parodier Jean Guitton, philosophe et écrivain français.
Splendeur et misère d’un président qui toisait le monde au début de son règne et qui peine à trouver aujourd’hui un défenseur ! Nous écrivions, dans cette même rubrique, avant le déclenchement du Mouvement du 05 Juin, à la lumière des résultats du vrai vote des Maliens aux législatives et du couper-coller de la Cour constitutionnelle, que la fin de ce second mandat usurpé s’annonçait épouvantable pour IBK. Nous étions en dessous de la réalité. Le régime est déjà sur les rotules !
Et ce n’est pas le fameux meeting de soutien au Pavillon des Sports qui va le remettre d’aplomb. Un président qui se voulait le centre de la vie politique en est réduit à quérir le secours des associations et groupes de soutien divers qui remplissent le vide de la désertion des partis politiques avec leur propre vacuité. Le spectacle des cars Sotrama que le régime a corrompus le jour de la manifestation du 19 juin pensant réduire l’affluence, ces Sotrama ont vaillamment repris du service pour transporter des participants ; même les Katakatani ont été mis à contribution pour drainer du “public”. Ridicule débauche de moyens pour remplir une salle de 6.000 places que les organisateurs compléteront avec une flopée de bambins.
À ce train, on ne peut que s’inquiéter pour leur sortie du samedi (NDLR : finalement annulée) avec un objectif fixé à 3 millions de Maliens dans la rue. La croissance démographique est indéniable à Bamako, mais je ne crois pas que nous ayons 3 millions d’enfants à leur offrir pour leur marche.
“Si le ridicule tuait, les rues seraient jonchées de cadavres”, à dit Jean Dion, un journaliste chroniqueur québécois. On prend le pari pour samedi !
Bakary Diarra
In Refondation Mali
Source : L’aube