Il y a six mois notre pays, par la voix de son chef de la diplomatie, s’interrogeait sur la discourtoisie, l’hostilité et les motivations réelles de la sortie du ministre des Affaires étrangères du Niger à l’issue de la session extraordinaire de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO tenue le 16 septembre 2021 à Accra, au Ghana. On avait dit à juste raison.
Fustigeant l’atteinte à la sacro-sainte règle de la non-ingérence dans les affaires internes d’un pays, nous avions rappelé avec fermeté que dans l’accomplissement plein et total de sa souveraineté et dans le souci de préserver son intégrité territoriale nous ne permettrons aucun Etat de faire des choix à notre place et encore moins de décider quels partenaires nous devrions solliciter ou pas.
S’il faut aligner le Niger sous bannière française pour son choix discutable et néocolonialiste d’accueillir les troupes françaises chassées du Mali, quid de la Mauritanie ? Dans la lutte contre le terrorisme, notre pays a toujours su compter sur l’expertise de son voisin du nord-ouest. Dans le cadre du bon voisinage, la Mauritanie nous a toujours ouvert ses portes et ses frontières et accordé de fraternelles facilités. C’est dans ce cadre que le Mali s’est rabattu sur le port de Nouakchott pour amoindrir les impacts de l’embargo de la CEDEAO.
Comme si tous les éléments étaient déchainés contre nous, voilà un voisin sur lequel nous comptons élever une vive protestation « contre les récents actes criminels récurrents » commis par l’armée malienne contre ses citoyens en territoire du Mali. Serions-nous tomber de charybde en scylla… ? Serions-nous devenus des chauvins ? La volée de bois vert mauritanienne serait-elle justifiée ?
En tout cas, la colère qu’elle exprime est une leçon qui fait mal, qui tape là où ça fait mal : la fierté et l’orgueil de la nation. Acceptable ? Si les enquêtes confirment les allégations.
En attendant souffrons que les autorités mauritaniennes nous disent ce que nous n’aurions jamais voulu entendre : leur décision de ne pas fermer leurs frontières avec le Mali est dictée par les « liens historiques » qui les empêchent « d’affamer le peuple malien frère» !
Aussi, urge-t-il de tirer rapidement cette affaire au clair pour ne pas donner raison au Niger mais surtout que Nouakchott refuse d’avaler la couleuvre récurrente de la disparition inexpliquée de ses citoyens sur notre sol.
Ce mardi, des dizaines de citoyens mauritaniens ont manifesté pour réclamer la fin des exactions, selon eux, de l’armée malienne contre leurs compatriotes se trouvant au Mali.
En janvier dernier, déjà, l’armée malienne avait été encore accusée d’avoir tué sept autres Mauritaniens dans la même région. Notre pays qui avait alors affirmé qu’il n’y avait aucune preuve pouvant permettre de mettre en cause l’armée malienne, avait annoncé l’ouverture d’une enquête, dont les résultats n’ont toujours pas été rendus publics.
Aussi faudrait-il comprendre le gouvernement mauritanien souhaite ainsi « tenter de contenir ce comportement hostile envers nos concitoyens » car «malgré les assurances » de Bamako en janvier la suite «est restée en deçà des attentes».
Affaire à suivre
PAR SIKOU BAH
Source: Info-Matin