Négociations gouvernement /syndicat des enseignants signataires du 15 octobre 2016 : Un dialogue de sourds

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Les Syndicats des enseignants
Les Syndicats des enseignants

Après trois (03) mois d’accalmie suite à une série de grèves qui avait paralysé notre école cela pendant plusieurs mois jusqu’à compromettre le sort de l’année scolaire 2020-2021, nous voilà retourner à la case départ.

Après des mois de résistance et de tergiversations, le pouvoir Ibrahim Boubacar Keïta avait fini par abdiquer face à la détermination des syndicats des enseignants de la Synergie pour obtenir l’application totale de l’article 39, mais il a fallu attendre l’arrivée des militaires au pouvoir pour voir l’application effective de cet article qui constituait la pomme de discorde. Ainsi tout s’était mis en marche et les retards pris dans l’exécution des programmes d’enseignement à cause des grèves répétées avaient été presque comblés grâce à l’engagement sans faille des enseignants.

Cependant, la flamme de l’espoir qui s’était allumée s’est vite éteinte et l’horizon assombri à cause de cette ordonnance adoptée par le gouvernement du Dr Choguel Kokalla Maïga, fraîchement nommé à la primature, relative à l’harmonisation de la grille indiciaire des salaires des fonctionnaires relevant du statut général et des fonctionnaires du statut particulier de l’enseignement secondaire général, technique et professionnel et des militaires.

Au regard des dispositions de cette ordonnance, les syndicats des enseignants voient leur statut particulier remis en cause et l’article 39 de la Loi N°2018-007 du 16 janvier 2008 mise entre parenthèses. Car, comme le stipule cette Loi en son article 39 «Toute majoration sur le statut général des fonctionnaires s’applique de plein au statut particulier des enseignants de l’enseignement secondaire général de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale». Alors en procédant en une harmonisation des grilles, cela violerait de facto cette disposition de la Loi N°2018-007 du 16 janvier 2018. C’est pourquoi, aussitôt que fut prise cette ordonnance et au sortir de la rencontre d’explications avec le Premier ministre, la Synergie des syndicats signataires du 15 octobre 2016 a, dans une lettre circulaire en date du 26 juillet 2021 rendue publique, manifesté sa totale désapprobation et sa vive opposition à cette ordonnance gouvernementale.

Ainsi, dans la même lettre, elle a appelé l’ensemble de ses militants à une grande mobilisation pour exiger du gouvernement le respect de ses droits à travers l’application totale et immédiate de cette disposition de la Loi N°2018 -007du 16 janvier 2018 en son article 39 et pour montrer ses muscles, elle a décrété la rétention des notes, le boycott de tous les examens de fin d’année et une grève générale de douze (12) jours soit 288 heures allant du lundi 16 août au vendredi 27 août 2021( Cf: préavis de grève en date 26 juillet 2021).

Face à cette menace des enseignants, le gouvernement de Choguel  répondit par une grande campagne de propagande au tour de la question évoquant par tous les efforts consentis par le gouvernement à l’endroit des enseignants, la situation du pays et les incidences financières que cette application entraînerait. Et surtout la décision du département d’organiser les examens sans les enseignants de la Synergie (cf: Lettre N°00513/MEN-SG du 30 Juillet 2021) serait bien la goutte qui déborderait le vase car elle a conduit les syndicats de la Synergie à durcir leur mouvement en appelant à la désobéissance civile et la fermeture de toutes les structures scolaires de l’éducation (Cf: Lettre circulaire N°010 du 07-08-21 relative à la fermeture de toutes les structures scolaires de l’éducation). Et depuis le fossé s’élargit entre les deux parties, chacune restant campée sur sa position même si dans les discours elles disent toutes ouvertes au dialogue et prêtes à consentir des efforts pour sortir de cette impasse, toutes choses qui rendent difficile la tâche de la commission de conciliation créée pour cet effet. Ainsi, les rencontres des 4-5-6-10 et 12 août 2021 se sont toutes soldées par un échec. Nous nous trouvons ainsi face à un véritable dialogue de sourds.

D’un côté, la partie gouvernementale tient à l’application de la grille unifiée au personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale qui, selon elle, engendrerait une incidence financière de 12158782647 F CFA et permettrait d’améliorer les conditions salariales dudit personnel dont certains connaîtront un gain supérieur au 15,17% d’augmentation et rassure que les insuffisances constatées sur certains indices lors cette application seront corrigées. (Cf: Procès verbal de non conciliation du 12 août 2021).

De l’autre côté, la commission de conciliation, tout en appelant les deux (02) parties à faire des efforts pour que soit évitée la non tenue des examens de fin d’année aux conséquences incommensurables, propose la conversion de l’application de l’article 39 en primes et indemnités dans la même proportion de l’incidence financière de l’application des 15,17%, une proposition qui semblerait trouvé une écoute favorable de la part du gouvernement.

Cependant, la Synergie, après concertation et analyse, a tout simplement rejeté toutes ces explications et propositions, justifiant qu’elles la déroutent de ses objectifs et invite le gouvernement à s’inscrire dans l’application de l’article 39 en modifiant la grille aux taux de 15,17%. Elle se dit disposée plutôt à discuter des modalités d’application de l’article 39, car selon elle, il s’agit de l’application d’une loi de la République et non d’une revendication. Donc, selon elle, les enseignants ne se sentent pas concernés par une quelconque augmentation résultant de l’application de la grille unifiée. (Cf: Procès verbal de non conciliation du 12 août 2021).

Face à cette situation de blocage, une évidence s’établit, c’est qu’après tant de turbulences, d’agitations et même d’incertitudes, notre école n’a nullement besoin d’une telle crise surtout à la veille des examens de fin d’année. Il urge donc que chaque partie prenne conscience de ses responsabilités pour éviter à notre école une année scolaire qui ne dirait pas son nom.

Daouda DOUMBIA

Source : Inter de Bamako

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