Le CNSP a, semble-t-il, jeté l’eau du bain avec le bébé. Les récentes désignations, du président de la transition et du Premier ministre, démontrent bien que le M5 a été délibérément écarté des postes clés. Par méfiance ou par excès de prudence, peut-être, le mouvement qui s’arrogeait l’exclusivité de la légitimité populaire a été évincé.
En effet, si la pilule de la Charte de transition est passée de justesse, celle de la nomination d’un président, d’un vice-président et d’un Premier ministre est restée dans les gorges. Le M5-RFP, pour avoir contribué fortement au départ de l’ancien régime, s’estime lésé par ces décisions. Les uns boudent pendant que les autres tentent de récupérer les miettes. Les déclarations fusent, des actes désespérés de candidature, pour soutenir le CNSP. Mais celui-ci fait la sourde oreille. La méfiance à l’égard des politiciens ou la volonté des putschistes de conserver la plus grande part du gâteau créé de la frustration.
Le peuple soutient le M5-RFP et lui est reconnaissant. Mais cette reconnaissance n’emporte pas droit de citer dans le gouvernement de la transition. Aussi, le M5-RFP est contraint de jouer le jeu dont il n’a plus les cartes en main. Les partis politiques, qui composent le mouvement, devront attendre les élections pour s’emparer du pouvoir. Désormais celui-ci est bien entre les mains des militaires qui ont réussi à berner la CEDEAO, pour le bonheur du peuple malien.
La CEDEAO n’a cure de la frustration de la classe politique désavouée dans sa grande majorité. Elle se préoccupe d’avantage du retour de l’ordre constitutionnel. Le choix du civil importe peu.
Il fallait s’y attendre parce que la CEDEAO n’a, à aucun moment, commis l’amalgame de confondre le M5-RFP avec le peuple entier. Elle a compris qu’il était une majorité silencieuse dont les intérêts devaient être pris. Et qui pourraient gérer, mieux que deux personnalités indépendantes et apolitiques, les affaires d’une nation divisée suite à des crises sociopolitiques?
Aussi, comme la plupart des maliens, on ne peut qu’encourager les mécontents à atteindre les élections pour s’affirmer et imposer leur légitimité. Le CNSP a jeté le bébé avec l’eau du bain car le M5-RFP demeure tout de même l’instigateur principal du renversement de l’ancien régime. Mais afin de mieux banaliser les chantiers de la reconstruction (lutte contre l’impunité, la corruption, le détournement de l’argent du contribuable….), une transition, gérée par des autorités indépendantes (sans attache politique) semble (pour l’heure) la solution la mieux indiquée et la mieux appréciée par les maliens.
Dr Moussa Dougouné, depuis Paris
Source : Le pélican