Face à la mort en série de soldats, c’est désormais l’offensive qui est engagée et commence à porter des résultats concrets. Une posture qui permet aux Fama de traquer les groupes armés terroristes tout comme les forces spéciales européennes qui vont être lancées aux trousses des djihadistes dans le Sahel.
Au nord et centre, c’est l’offensive lancée par l’armée qui alimente les causeries. Va-t-elle changer la donne sur le terrain ? Pour cette posture, les citoyens affichent un grand optimisme face à une armée qui perd chaque jour des hommes.
Comme si cela ne suffisait pas, il faut prendre en compte du retrait des Fama dans certaines zones, qui fait penser au scenario de 2012. Le commandement explique que les postes d’Anderaboukane et d’Indelimane ont replié sur Ménaka le 9 novembre 2019 ainsi que le poste de Labbezanga sur Ansongo.
Dans ce choix opérationnel, d’autres unités seront également concernées. Cette décision s’inscrit dans l’exécution d’un nouveau concept d’opération qui vise à mieux adapter la stratégie à la menace des terroristes et autres narcotrafiquants. Dans un communiqué, le chef d’état-major dira qu’il n’est nullement question d’abandonner les populations.
Parallèlement, des patrouilles et opérations sont constamment menées sur le terrain. C’est le cas dans la journée du 12 novembre 2019 où les Fama ont interpellé 4 suspects appartenant aux Groupes armés terroristes (GAT) à Boulkessy, dans la région de Mopti. Selon le site fama.ml, les Fama avaient récupéré lundi des barriques de carburant. Fait important : les Fama avec Barkhane et la Force conjointe du G5 Sahel à Boulkessy ont interpellé 11 suspects terroristes. L’opération a également permis de brûler 11 motos à Boulkessy.
Avant, soit le 11 novembre 2019, une patrouille du centre d’entraînement de Hombori a effectué une fouille dans la ville. Elle était conduite par le lieutenant-colonel Attaher Maïga. Des informations précises ont permis de cibler des sources de ravitaillement logistique des groupes armés terroristes (GAT). Le bilan de cette opération se présente ainsi qu’il suit : 1 suspect interpellé.
Des succès, l’armée en engrange ces derniers jours. Dans la matinée du dimanche 10 novembre 2019, les Fama ont interpellé 3 suspects à Hombori (Mopti). Les intéressés avaient trouvé refuge dans une famille dont les membres étaient apparemment absents. Les 3 suspects des Groupes armées terroristes (GAT) interpellés sont tous de la localité de Boulkessy (2 Maliens et 1 Burkinabé). L’un d’eux confirme avoir été déjà interpellés par les Fama puis relâchés.
En plus des personnes interpellées, les Fama ont aussi récupéré 7 motos neuves retrouvées avec les suspects. Lesdites motos ont été incendiées sur la place publique à Hombori. D’autres prouesses des Fama sont perceptibles grâce à l’ l’opération Tiessaba qui a permis de récupérer des matériels et équipements Fama. Fruit d’actions conjointes à travers les opérations Tiessaba 6 et Bourgou 4 au centre du pays, elles ont permis le dimanche 10 novembre 2019, de récupérer 1 véhicule Fama abandonné à 3 km au sud-est de Boulkessy. Une fouille du village de Boulkessy a permis de récupérer des caisses de munitions, des gilets pare-balles, 1 pistolet traditionnel, 1 EEI, des médicaments, une pièce pour appareil de détection EEI.
Attaques sporadiques
En droite ligne des actions de renforcement de la présence des Fama sur le théâtre des opérations, le chef d’état-major de l’Armée de Terre, Général de Brigade Kéba Sangaré, et le directeur du Génie militaire, Général de Brigade Boubacar Diallo, sont à Sevaré. Le but est d’aider le centre d’élaboration des décisions opérationnelles (PCIAT) pour contrer les terroristes et les bandits armés.
Une nouvelle stratégie de lutte contre les groupes terroristes ? Oui ! Les Fama s’y emploient à travers un réajustement de leur dispositif. Ici, le souci est de reconsidérer la posture opérationnelle des Fama sur le terrain. En plus du déplacement et l’installation du chef d’état-major de la garde nationale qui pilote les opérations du fuseau Est à Gao, des unités isolées vont être regroupées en point d’appui et centres de résistance.
Malgré cette nouvelle posture des Fama, il y a encore des poches qui échappent à son contrôle. À Diré, région de Tombouctou, une attaque a ciblé le commissariat de police et la prison. Le bilan provisoire fait état de deuxmotos calcinées, le pare-brise du véhicule du commissariat entièrement endommagé et pas de perte en vie humaine. Cependant, tous les détenus de la maison d’arrêt de la ville ont été libérés sans qu’on sache leur destination.
Le vendredi 8 novembre 2019, une nouvelle attaque d’hommes armés non identifiés a visé le poste de la Gendarmerie de Konna (Mopti). On déplore la mort de deux (2) personnes, toutes civiles ainsi que deux (2) autres blessés parmi lesquels, un gendarme. Au-delà du bilan humain, un véhicule de la gendarmerie a été complètement incendié.
Takuba en complément
Face à la menace terroriste, l’Europe annone un déploiement de forces spéciales pour épauler les unités locales et les militaires de Barkhane dans leur mission. Dans un entretien accordé à Ouest-France, début octobre, la ministre française des armées parlait d’un «accompagnement au combat» des forces armées sahéliennes par des forces spéciales (FS) européennes.
Que peut apporter l’opération «Sabre» en tamashek ? Lundi 6 novembre, à Gao, sur la grande base multinationale dans l’est du Mali, Florence Parly a précisé ce projet : «C’est pourquoi nous avons décidé de créer une unité de forces spéciales européennes. Dès 2020, les forces spéciales françaises aux côtés des forces spéciales de nos partenaires européens seront déployées au Mali pour transmettre leur savoir-faire d’exception aux militaires maliens. Et je vous annonce aujourd’hui que cette unité de forces spéciales européennes se nommera Takuba, qui signifie «sabre» en tamashek. Ce sera le sabre qui armera les forces armées maliennes sur le chemin de l’autonomie et de la résilience.
La force Takuba complète Barkhane et dessine le nouveau visage de la lutte contre le terrorisme au Sahel. Tout en poursuivant notre combat contre les groupes terroristes, nous concentrons nos efforts vers la montée en puissance de nos forces partenaires».
La ministre n’a pas précisé quels pays fourniraient des contingents. Mais l’Estonie a déjà annoncé qu’une unité de ses FS rejoindrait le Mali en soutien à l’opération française et aux commandos français de la force Sabre. Une force déployée au Sahel depuis 2009.
Moumouni Sacko
Source : Nouvelle Libération