L’adresse à la Nation du président de la Transition, Bah N’daw, prévue pour le lundi dernier, a été reportée sine die. Le discours, annonçant certaines mesures contre la Covid-2019 publié sur la page Facebook de la présidence de la République, a été retiré à la dernière minute. Mais avant, certaines mesures dont l’instauration du couvre-feu et la fermeture des marchés à 14 heures, sont dénoncées par bon nombre de citoyens. Ces mesures, il faut les revoir pour éviter que la colère populaire en rajoute à la Covid-2019.
Depuis deux semaines, la maladie à coronavirus monte en puissance au Mali. Le nombre de cas positifs a beaucoup augmenté. Le nombre de décès aussi. Il faut donc renforcer les mesures existantes et prendre des nouvelles pour freiner la propagation rapide de cette maladie mortelle. Ce sont ces nouvelles mesures qui étaient attendues de l’adresse à la Nation du président de la Transition, Bah N’daw, prévue pour le lundi dernier.
Fuite de discours ou sondage d’opinion ?
En effet, la présidence de la République a annoncé, sur sa page Facebook, une adresse à la Nation du président de la Transition à 20 heures, le lundi. Comme il est de coutume au Mali depuis le régime sortant, les contenus de son discours ont fait fuite. Ils sont diffusés sur les réseaux sociaux quelques heures avant même l’adresse. Bizarrement, ladite adresse à la Nation a été reportée à la dernière minute. Mais le discours du président de la Transition annonçant quatre grandes mesures contre la propagation de la Covid-2019 a été publié sur la page Facebook de la présidence de la République. Ces quatre mesures étaient, entre autres : la fermeture, pour un délai de 28 jours, des établissements d’enseignement primaire, secondaire, et supérieur, publics ou privés ; la fermeture, durant 28 jours, des lieux de plaisir, de sport, les bars et restaurants ; l’instauration, pour la même durée, d’un couvre-feu de 21h à 5h du matin ; le renforcement, par les autorités aéroportuaires et frontalières, du contrôle des documents de voyage, dont le certificat de test COVID valide et dûment établi.
Le calendrier de mise en œuvre de ces mesures, selon le discours du président de la Transition, devait être décidé au tout prochain conseil de ministres.
Ces mesures annoncées par le président de la Transition ont fait, au bout de quelques minutes, l’objet de plusieurs commentaires. Nombreux sont des citoyens qui trouvent que les autorités transitoires ont commis les erreurs commises par IBK. L’instauration du couvre-feu et la fermeture des marchés à 14 heures sont les mesures les plus dénoncées sur les réseaux sociaux. Beaucoup estiment que le couvre-feu n’est pas une mesure supportable pour les Maliens, en majorité pauvres, surtout que certains travaillent les nuits pour subvenir aux besoins de leur famille. Quant à l’ouverture des marchés à 08 heures et leur fermeture à 14 heures, cette décision est vue comme une bombe à retardement entre les autorités transitoires et les populations. Les autorités transitoires ont-elles suivi les commentaires sur les réseaux sociaux ? On ne sait le dire. Mais le discours du président de la Transition a été vite retiré de la page. A-t-il été retiré par qu’il y a eu fuite ou c’était juste pour sonder l’opinion sur les mesures annoncées ? Les autorités seules ont la réponse à cette question. Selon certaines sources dont le journaliste Serge Daniel, le retrait du couvre-feu et la décision concernant la fermeture des marchés parmi les mesures sont à l’ordre du jour.
Les erreurs qu’il faut éviter
L’instauration du couvre-feu peut certainement éviter que les citoyens se fréquentent les nuits, c’est-à-dire de 21 heures et à 05 heures. Mais est-ce une bonne décision au Mali ? Pas tellement, à notre avis. Le Mali est un pays pauvre. Nombreux sont des citoyens qui travaillent la nuit pour nourrir leur famille. Certains ont certainement du mal à pouvoir subvenir aux besoins de leur famille s’ils ne travaillent pas même deux jours dans la semaine. Ces familles, en plus de la Covid-2019, seront exposées à la famine, la plus dangereuse et mortelle des maladies. L’État devrait prendre en compte cet aspect. En plus de cet aspect, les répressions policières contre ceux qui violent le couvre-feu ont fait l’objet de tensions dans certains quartiers de Bamako et dans certaines régions sous le régime IBK. Bah N’daw et ses hommes doivent se le rappeler. Le couvre-feu, même s’il fait partie des mesures fortes contre la covid-2019, peut difficilement marcher au Mali. Il risque même de mettre les populations et les autorités dos à dos.
La fermeture des marchés à 14 heures est la pire des erreurs qu’il faut vite corriger. Cette mesure est simplement utopique. Elle ne peut pas s’appliquer au Mali. Si les autorités s’entêtent à le faire, elles feront face à la colère des populations.
Parlant de la fermeture des écoles, il serait bon, au niveau des universités qui viennent de commencer la nouvelle année universitaire, de procéder aux cours à distance. La fermeture pure et simple pose problème.
Ce qu’il faut exiger ou encourager
Comme Bah N’daw l’a bien rappelé dans son discours retiré par la présidence de la République, il faut sensibiliser et convaincre les Maliens d’abord sur l’existence de cette maladie. Nombreux sont les citoyens qui croient à son existence. C’est ce qu’il faut d’abord combattre et cela doit se faire dans l’urgence. Dans les radios, télévisions, journaux… il faut convaincre les populations sur l’existence de la Covid-2019.
Un autre travail qu’il faut vite faire, c’est de sensibiliser les populations sur le lavage des mains au savon, la distanciation sociale, le fait de ne pas se donner les mains…
Il faut aussi exiger le port de masque. Cela doit se commencer dans les services. Les autorités doivent faire en sorte les masques soient à la portée de tous.
Boureima Guindo
Source : Le Pays