Moussa Mary Balla Coulibaly repose depuis hier au cimetière de Sabalibougou en Commune V du district de Bamako. Décédé lundi, cet homme qui a mérité de la patrie, a reçu les hommages de la nation sur l’esplanade du Palais de la culture Amadou Hampaté Ba. C’était en présence du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, du président de l’Assemblée nationale, Issiaka Sidibé, du Premier ministre, Dr Boubou Cissé, de l’ancien président de la Transition, Dioncounda Traoré, des membres du gouvernement, des présidents des institutions, du chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, du corps diplomatique accrédité dans notre pays, de certains officiers de l’armée. On notait aussi la présence du chef traditionnel des Massassis du Mali, des délégations venues de Koutiala, du Sénégal et de la Côte d’Ivoire.
Moussa Mary Balla Coulibaly a occupé de nombreuses fonctions importantes. Il fut tour à tour président du Conseil économique social et culturel, président du Conseil national du patronat du Mali (CNPM) et président fondateur de l’Union pour la démocratie et le développement (UDD). Ses distinctions honorifiques reflètent bien la considération, la reconnaissance des autorités à son égard. Il était chevalier de l’Ordre national, officier de l’Ordre national, commandeur de l’Ordre national et Grand officier de l’Ordre national.
Ce qui fera dire au général de brigade Amadou Sagafourou Guèye des Ordres nationaux que l’on ne peut pas mesurer l’étendue de la perte cruelle que constitue pour le peuple malien l’absence de cette « boussole au moment où, plus que jamais, nous avons besoin du savoir, de la sagacité, de l’humilité de ceux qui savent parce qu’ils ont vu et vécu ».
Moussa Mary Balla Coulibaly fut à la fois trois types d’hommes que Conficius estime digne d’amitié : « les hommes droits, les hommes sincères et les hommes qui ont beaucoup appris », a ajouté le général Guèye. Au nom du président de la République, Grand maître des Ordres nationaux, il a présenté à la famille Coulibaly, ses condoléances les plus émues.
Auparavant, c’est Tiéman Hubert Coulibaly, ancien ministre, et fils du défunt qui avait pris la parole au nom de sa famille pour remercier le président de la République et tous ceux qui ont accepté de faire le déplacement.
« Notre famille est peinée, mais pas malheureuse » grâce à vous tous ici présents, a-t-il laissé entendre. Habituellement éloquent, il avait un débit difficile, la voix étreinte par l’émotion. Il retient de son père quelqu’un qui inculqua la discipline, l’amour de la patrie à ses enfants.
Moussa Mary Balla a renoncé à son statut de fonctionnaire français quand le président Modibo Kéïta a fait appel à tous les fils du pays au lendemain de l’indépendance du Mali.
Rappelons que Moussa Mary Balla était né le 19 septembre 1933 à Tenkodogo dans l’actuel Burkina Faso. Il était le fils de Mary Coulibaly qui était aussi un fonctionnaire de l’administration coloniale. Quand son père décéda, Moussa fera son enfance à Ségou et arriva ensuite à Bamako pour passer son Certificat d’études à l’Ecole des travaux publics de l’Afrique occidentale française (AOF).
Assoiffé de connaissances, il décide de poursuivre ses études à l’Institut national des études économiques et statistiques (INSEE) de Paris. Après une riche carrière dans l’administration française et malienne, il rejoint le secteur privé en 1973. Deux ans plus tard, il crée l’Observatoire des politiques industrielles (OPI) en 1975.
Puis en 1982, il est à l’origine de la création de la Fédération des employeurs du Mali qu’il préside jusqu’en 2002, année à la quelle le Conseil national du patronat du Mali (CNPM) voit le jour. Et c’est en 2010 qu’il décide de se retirer pour laisser la place aux plus jeunes.
Selon Mamadou Sinsy Coulibaly, actuel patron des patrons, Moussa Mary Balla Coulibaly, a durant 35 années de vie bien remplie au service du secteur privé, tout donné pour que l’économie malienne prospère. Il était partisan d’une équité entre l’Etat, le secteur privé et les syndicats. « Jamais il n’a cédé à ses principes », a témoigne Mamadou Sinsy Coulibaly, assurant que l’illustre défunt a légué un CNPM bien structuré, et rêvait toujours d’un Mali prospère.
Youssouf DOUMBIA