5 milliards de francs CFA. C’est le montant consenti la semaine dernière par les hautes autorités maliennes pour la réhabilitation de 2 000 salles de classes, correspondant à plus d’une centaine d’écoles fondamentales de 18 classes chacune.
Le geste résulte d’une volonté au plus haut sommet de l’Etat et découle probablement du triste décor qu’a récemment offert la submersion de certaines écoles de la capitale par les eaux de pluie. Et il n’en fallait pas plus pour que le phénomène paraisse extensible et que les décideurs de la Transition l’abordent avec des moyens disproportionnés à sa dimension réelle. Ce faisant, la décision d’allouer 2,5 millions de nos francs pour retaper chacune des 2 000 salles de classe ne peut paraître qu’intrigant pour qui sait qu’elle ne repose sur aucun critère sérieux d’affectation des ressources et que les infrastructures les plus besogneuses d’une telle initiative pourraient se trouver dans les localités où la fréquentation scolaire subit de plein fouet les restrictions ou interdictions des envahisseurs islamistes. De nombreuses établissements scolaires retenus pourraient en effet être inaccessible au projet, du moins parce qu’ils relèvent de localités où l’administration a été contraintes à l’abandon des populations. De quoi s’interroger, en définitive, sur la destination réelle de la manne annoncée pour la réhabilitation des salles de classe.
Quand on se la coule douce au nom de la Muette
L’avant-dernier conseil des Ministres aura été des plus pauvres en mesures individuelles mais d’une portée rarement égalée en impact économique. Et pour cause : au détour d’une reconnaissance du caractère extraordinaire du terrorisme et de l’insécurité, il a accordé un régime fiscal et douanier spécial dans le cadre de l’exécution de la loi de programmation militaire et en vertu de la loi 2017 -022déterminant le cadre général des exonérations. C’est dire que seront exonérées quantité d’acquisitions en rapport avec les secteurs de Défense et Sécurité, dont on ne connait ni les proportions ni les limites. Bonjour, en définitive, le droit des bénéficiaires d’en user et abuser. Sauf que certains observateurs avertis s’inquiètent déjà de plausibles répercussions fâcheuses de cette mesure rocambolesque. Sans visibilité sur l’étendue de son exploitation, il y’a lieu de craindre, aux yeux de beaucoup, une perturbation des équilibres macroéconomiques par la concurrence déloyale inhérente au droit à l’importation massive avantageuse.
Le défi trop arrogant de Kaou Djim
Le sulfureux et bouillant vice-président du CNT continue de déranger par ses sorties malencontreuses. Exit les épisodes dithyrambiques en faveur de son ancien patron et beau-père tombé en disgrâce, Mahmoud Dicko. Place désormais à la promotion du président de la Transition, le nouvel idole et mentor qu’il associe aux épithètes les plus enviables à chaque sortie. La dernière en date remonte à la semaine dernière, avec la publication d’une vidéo où Assimi Goïta est présenté comme la seule et unique référence et homme fort de la Transition. Tout le reste, semble-t-il, n’est que tête de Turc impunément taillable et corvéable à merci. C’est le cas, par exemple, de Boubou Cissé sur qui l’ancien coordinateur de CMAS est tombé à bras raccourci dans la même vidéo. Sa sortie spectaculaire n’a pas seulement valu à l’ancien Premier ministre d’être présenté comme «un voleur» de la République. Issa Kaou Djim s’est en outre permis de lancer un arrogant défi à sa pauvre cible en se disant prêt à affronter les conséquences judiciaires de ses accusations. Ce faisant, le vice-président du CNT mise probablement sur sa protection parlementaire et l’immunité dont il jouit, une attitude propre à inciter ses victimes à se rendre justice.
Capharnaüm et confusion ministériels
On aura tout vu dans le Mali en transition, y compris la banalisation des conseils des ministres avec la tenue de deux sessions en l’espace de 24 heures sans que cela soit forcément dicté par une quelconque urgence. L’un s’est déroulé, le jeudi, sous le cachet d’un conseil des ministres extraordinaire. Intervenu le lendemain du jour constitutionnel des conseils, il est loisible d’imaginer qu’il s’agit d’un simple report imposé par la célébration de la fête de Tabaski. On ne peut qu’être surpris, en revanche, par la tenue d’un autre conclave des ministres le jour suivant, vendredi en l’occurrence, sous le sceau d’un conseil ordinaire. Inutile de relever que tout conseil des ministres tenu en dehors des mercredis devient systématiquement extraordinaire, car plus intrigant encore est la teneur des conseils des ministres concernés. En effet, le jeudi comme le vendredi derniers, le gouvernement a successivement siégé sur des sujets dont le cumul n’atteint pas en volume l’ordre du jour des conseils traditionnels. On en a comme l’impression en définitive que le dossier de chaque ministre peut donner lieu à un Conseil à part et qu’aucune programmation n’encadre les sessions.
Source : Le Témoin