1– faute de volonté politique, le gouvernement de Transition se retrouve, à quatre mois de l’échéance annoncée, dans l’incapacité d’organiser les élections marquant la fin de la transition et dans l’impossibilité de produire un nouveau calendrier électoral: le processus de restauration de l’ordre constitutionnel est dans l’impasse;
2– l’impasse sécuritaire est telle que le pays court le risque d’un nouvel effondrement. En effet, la dégradation de la situation sécuritaire est devenue une grave menace pour l’existence même de l’État malien. Il n’y a pas un jour sans qu’un drame ne se produise quelque part sur le territoire: villages assiégés, villageois expulsés de leurs foyers, champs brûlés, enlèvement de milliers de têtes de bétail, ponts et puits dynamités, policiers exécutés, exactions en tous genres contre les civils, attaques contre les détachements et convois de l’armée, militaires et donsos tués. Le sang coule presque chaque jour au Mali (Marébougou/ Djénné, Siby-Niono, Songo, les villages de la plaine de Sabalibougou…).
La mort, le 30 octobre 2021, de sept FAMAS à Ségou et à Mourdiah illustre la détermination des groupes terroristes qui ont étendu leur emprise sur la quasi totalité du territoire. Les populations sont abandonnées à elles-mêmes dans les cercles de Niono, Ké-Macina, Ténenkou, Youwarou, Djénné et dans des secteurs entiers du cercle de Mopti. Sur « le Plateau », les cercles de Bandiagara, Bankass, Douentza et Koro ploient sous la loi des Katiba Macina et Serma, comme l’attestent, entre autres, les embuscades des 17 août 2021 (contre la relève de Boni, 16 morts) et du 6 octobre 2021 contre un convoi des FAMAS sur la route Bandiagara-Bankass (16 morts) et les blocus de villages entiers;
3– au Nord, les cercles de Rharous, Tombouctou et Goundam sont sous le joug de diverses composantes du JNIM;
4– les groupes constituant le JNIM déploient, depuis juillet 2021, leurs activités au Sahel Occidental: l’attaque contre les chantiers de la route Mourdiah-Nara en juillet, la mort, le 11 septembre 2021, de deux camionneurs marocains sur la RN3, l’embuscade meurtrière contre les jeunes gendarmes qui escortaient les remorques de la compagnie minière de Morila (Firefinch, Australie), le 28 septembre 2021 (cinq morts);
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5– au Sud, l’attaque contre les chantiers de l’OTER à Blendio, (dans la nuit du 20 au 21 octobre 2021), les menaces contre Niéna (le 26 octobre 2021) sont les dernières manifestations d’un maillage des communes de la région de Sikasso par les groupes djihadistes;
6– l’extension continue de l’insécurité illustre l’échec du gouvernement de Transition que rien ne saurait cacher;
7– la sous-administration du territoire, entamée au début de la crise sécuritaire et institutionnelle (2012-2013), s’est amplifiée:
– dans les régions de Kidal, Ménaka, Gao, Tombouctou et Tadoudenit, seuls 18 administrateurs sur 131 étaient présents à leurs postes en juin dernier (cf le rapport du Secrétaire Général des Nations-Unies, juin 2021);
– dans les cinq régions du centre (les anciennes régions de Ségou)et de Mopti), 18 sous-préfets sur 93 étaient présents sur leurs lieux d’affectation en juin. Dans la seule région de Mopti, 51 Maires sur 108 avaient abandonné leurs postes. Près de la moitié des collectivités territoriales du pays sont hors du contrôle de l’État ;
8– l’éducation paie un lourd tribut à la propagation de l’insécurité: près de 1500 écoles étaient fermées avant la fin de l’année scolaire écoulée dans les régions du nord et du centre. Des centaines de milliers d’élèves ont été exposés à la rue. Signe de l’extension de l’insécurité, quelque 90 écoles étaient fermées dans les académies d’enseignement de Banamba et de Nara. Dans plusieurs localités du nord, des écoles publiques ont été transformées en structures d’enseignement coranique. Illustration de l’éclipse de l’État, la réouverture des écoles fermées a fait l’objet d’un accord négocié en mars 2021 entre les communautés et la Sariat Al Forqane, affiliée à AQMI. Les extrémistes ont alors imposé leurs conditions, en particulier, la séparation des filles et des garçons, le port du voile pour les filles et l’enseignement de l’arabe ;
9– le nombre de Maliens ayant abandonné leurs foyers, du fait de l’insécurité, est passé de 119.000 en septembre 2012 à plus de 400.000 en septembre 2021 selon le HCR (Haut commissariat aux réfugiés) ;
10– au lieu de prendre la juste mesure de cette situation gravissime et de rassembler le pays autour des FAMAS, pour juguler les nuages qui s’amoncellent, le gouvernement de Transition s’est engagé dans le déni, dans la fuite en avant et dans des initiatives qui divisent telles que les « Assises de la Refondation » ou l’instauration d’un climat d’intolérance et d’atteintes aux libertés démocratiques fondamentales dont le dernier épisode en date est l’ incarcération de Monsieur Issa Kaou Ndjim ;
11– en arrière-fond de ce triste tableau:
– l’isolement diplomatique sans précédent d’un pays qui a, plus que jamais, besoin de ses voisins et du reste du monde. La fuite en avant et la fébrilité du gouvernement de transition fragilisent le Mali et déstabilisent ses relations internationales;
– une situation économique, financière et sociale au seuil du supportable: la vie chère résultant d’une augmentation sans contrôle ni sanction des prix des PPN (produits de première nécessité);
12– conclusion: le PARENA invite le Président de la Transition, Chef de l’État, à prendre la juste mesure de la gravité de la situation en:
– créant les conditions du sursaut et du rassemblement autour du Mali et de son armée;
– renonçant à la tenue des « Assises de la Refondation » pour ne pas diviser davantage les Maliens autour de sujets comme l’Accord d’Alger ou le découpage territorial;
– destinant les milliards initialement prévus pour les « Assises de la Refondation » aux populations en détresse qui sont chassées de leurs terres et de leurs foyers par les groupes terroristes dans les cercles de Niono et Djénné, sur le « Plateau » et dans le Delta du Niger;
– réunissant, dans les meilleurs délais, les forces vives de la Nation pour dessiner une feuille de route consensuelle sur la base:
➢ d’une réelle volonté politique,
➢ d’un nouveau calendrier électoral,
➢ d’un CNT et d’un gouvernement plus inclusifs
➢ et d’un Premier ministre moins clivant, plus rassembleur et plus consensuel.
Au regard de la vocation africaine du Mali et de son rôle historique dans le processus d’intégration du continent, le PARENA exhorte le Président de Transition à renforcer les relations du pays avec la CEDEAO et à éviter tout bras de fer avec nos voisins et nos partenaires.
Bamako, le 1er Novembre 2021.
P/ Le Comité Directeur
Le Président du Parti pour la renaissance nationale (PARENA).
Tiébilé Dramé
Source : L’Aube