LA FRANCE SOUHAITE QUE LA JUNTE AU POUVOIR AU MALI “CLARIFIE LES CHOSES” ET RESPECTE SES ENGAGEMENTS SUR LA TRANSITION POLITIQUE ET LA LUTTE ANTITERRORISTE, A ESTIMÉ MARDI UN CONSEILLER DU PRÉSIDENT EMMANUEL MACRON.
Paris avait fermement rejeté lundi les accusations “inacceptables” et “indécentes” d’”abandon” du Mali portées par le Premier ministre de transition Choguel Kokalla Maïga à la tribune de l’ONU. Celui-ci, s’exprimant devant des journalistes à son retour à Bamako mardi, s’est gardé de réitérer ces propos. Il a exprimé la reconnaissance de son pays envers la communauté internationale pour son soutien, ainsi que le respect des engagements pris en matière de lutte anti-jihadiste. Mais il a également affirmé “la volonté du peuple malien d’exercer sa liberté d’Etat souverain”. “Il y a encore de l’espace pour clarifier les choses”, a déclaré mardi un conseiller d’Emmanuel Macron. “Nous avons besoin que la junte respecte les engagements sur la transition politique, essentielle pour la stabilité du Mali, nous avons besoin d’engagements clairs dans la lutte antiterroriste et nous avons besoin que les Maliens s’abstiennent de recourir aux services d’une milice dont on a pu constater en Centrafrique ou en Libye tout le désordre qu’elle pouvait créer”, a-t-il ajouté. Il faisait référence aux discussions engagées depuis quelques semaines par les militaires au pouvoir à Bamako avec le groupe paramilitaire privé Wagner, réputé proche du Kremlin. “Nous sommes informés d’un certain nombre de contacts” entre les deux parties mais “nous pensons que les Maliens peuvent encore faire le bon choix”, a souligné l’Elysée.
“L’alternative est très clairement posée pour nous, il y a une question de confiance qui est posée”, a ajouté la présidence, en réaffirmant qu’un recours aux mercenaires ne serait “pas compatible” avec la poursuite de la mission des troupes internationales participant à la lutte antijihadiste. Comme la ministre des Armées Florence Parly l’avait fait lundi, l’Elysée a qualifié d’”inacceptables” les propos tenus samedi à l’ONU par Choguel Kokalla Maïga, qui a affirmé que l’annonce par Emmanuel Macron en juin de la réorganisation de la présence militaire française, avec la fin programmée de Barkhane, représentait “une espèce d’abandon en plein vol”. Cette situation a conduit Bamako “à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome avec d’autres partenaires”, a ajouté M. Maïga. M. Maïga a rendu compte mardi à Bamako de son déplacement au président de transition, le colonel Assimi Goïta. Aux Nations unies et dans ses discussions au cours de son déplacement, il a “réitéré la gratitude du gouvernement et du peuple malien aux Nations unies et à tous nos partenaires, bilatéraux comme multilatéraux”, a-t-il dit à des journalistes après avoir été reçu par le colonel Goïta. “Nous avons rassuré nos partenaires traditionnels sur le respect de tous les engagements pris au nom du Mali en matière de lutte contre le terrorisme”, a-t-il dit. “Mais nous avons aussi tenu à signifier à la communauté internationale, à laquelle le Mali est reconnaissant pour son accompagnement, la volonté du peuple malien d’exercer sa liberté d’Etat souverain dans ses prérogatives en matière de défense et de sécurité”, a-t-il ajouté. Il s’est gardé de réagir au reproche “d’indécence” fait par la ministre française des Armées, indignée par ses propos à l’ONU au lendemain de la mort d’un soldat français au Sahel.
“A ce stade, nous ne souhaitons pas faire de commentaires sur les déclarations de nos partenaires, nous leur avons dit ce que nous pensons de la situation entre nous, en tête-à-tête. Je crois que les discussions vont continuer au niveau le plus approprié”, a-t-il dit. Paris a entrepris en juin de réorganiser son dispositif militaire au Sahel, en quittant notamment les bases les plus au nord du Mali (Kidal, Tombouctou et Tessalit) et en prévoyant de réduire ses effectifs dans la région d’ici à 2023 à 2.500-3.000 hommes, contre plus de 5.000 aujourd’hui. La France avait aussi réitéré lundi à l’ONU son appel à l’organisation d’élections législatives et présidentielle le 27 février au Mali, conformément aux engagements pris devant la communauté internationale par la junte qui pris le pouvoir dans ce pays.
Source : AFP