Pierre Buyoya face à la presse : «Je quitte mes fonctions au moment où au Mali, la situation est encore critique…»

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© AP Photo/Keystone, Salvatore Di Nolfi L'ancien président burundais, Pierre Buyoya, au siège européen des Nations unies à Genève le 1er avril 2015.
© AP Photo/Keystone, Salvatore Di Nolfi L'ancien président burundais, Pierre Buyoya, au siège européen des Nations unies à Genève le 1er avril 2015.

L’ancien Président de la République burundaise, Pierre Buyoya, Haut Représentant de la Mission de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel (MISAHEL), était face à la presse, le mercredi 25 novembre 2020 à Bamako pour informer l’opinion nationale et internationale qu’il a décidé de remettre sa démission au Président de la Commission de l’Union Africaine, en tant que Haut Représentant de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel. Selon le conférencier, Pierre Buyoya, cette décision intervient suite à sa condamnation par la Cour Suprême de Burundi dans l’assassinat du Président Melchior Ndadaye, le 21 octobre 1993. Tout en clamant son innocence dans ce crime, Pierre Buyoya a promis de faire appel à sa condamnation auprès des juridictions nationales et internationales afin de laver son honneur. « Je quitte mes fonctions au moment où au Mali, la situation est encore critique, au moment où les défis de la région du Sahel sont entiers. J’ai confiance aux dirigeants et aux peuples de la région, ils ont des capacités de faire face à cette situation et de bâtir une paix durable », a-t-il dit.

« Il y a quelques jours, la cour suprême de mon pays a rendu un arrêt arbitraire et inique contre 17 anciens responsables politiques du Burundi, dont moi-même, dans lequel nous sommes condamnés, pour soi-disant avoir trempé dans l’assassinat du Président Melchior Ndadaye, le 21 octobre 1993. Le procès de l’assassinat du Président Ndadaye, qui nous a été intenté, est vieux de 27 ans, il a été régulièrement instruit et jugé, mais surtout il est frappé de prescription selon la loi burundaise. Pour des raisons que j’ignore, les dirigeants de mon pays ont instruit la justice de rouvrir le dossier, et le plus curieux est que le tribunal a dressé tout un tas d’obstacles pour nous empêcher de faire valoir nos moyens de défense : refus de visa à nos avocats étrangers, refus à nos avocats burundais d’accéder au dossier, refus de la greffe de réceptionner nos dossiers d’appel, bref tout a été orchestré pour nous condamner à huis clos », a souligné le conférencier, Pierre Buyoya. Avant de préciser qu’il est innocent des crimes dont il est accusé par la justice. Selon lui, ce fut un procès qui a enfreint les droits élémentaires de la défense tel que prescrits par les lois Burundaises et internationales. Il a fait savoir que l’assassinat du Président Ndadaye et de ses collaborateurs, survenu le 21 octobre 1993, a été un drame pour leurs familles et tout le peuple burundais.

« Ces actes odieux ont été suivis par des massacres interethniques. Au moment de ces crimes, je n’étais plus aux affaires. L’histoire retiendra que j’avais cédé pacifiquement le pouvoir au Président élu. Qu’il me soit donné l’occasion de rappeler que j’avais accepté de céder le pouvoir sans aucune contrainte, décision qui était rare en Afrique à cette époque. Comme d’autres, j’aurais pu choisir de m’imposer par la force et refuser de reconnaître ma défaite aux élections de 1993, ou refuser de partir au terme de mon 2ème  mandat en 2003. A la suite de cette situation, de mon propre gré, j’ai décidé de remettre ma démission au Président de la Commission de l’Union Africaine en tant que Haut Représentant de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel. En mon âme et conscience, j’ai jugé préférable de me libérer de ces responsabilités afin d’avoir toute la liberté de me défendre et laver mon honneur, malgré les multiples entraves », a déclaré le désormais ex haut représentant de la MISAHEL. Ce fut un honneur, dit-il, de servir en tant que Haut Représentant de l’Union Africaine au Mali et dans le Sahel. Au cours de ces 8 dernières années, il dit avoir apporté sa modeste contribution au nom de l’Union Africaine dans la recherche de solutions aux problèmes qui affectent les pays du Sahel en général et le Mali en particulier.

« Je saisis cette occasion pour remercier les dirigeants de l’Union Africaine pour leur confiance qui m’a permis de participer aux efforts des uns et des autres afin de consolider la sécurité, la bonne gouvernance et le développement dans cette région. Je remercie les autorités maliennes qui m’ont chaleureusement accueilli et octroyé toutes les facilités, afin que ma mission dans ce pays se déroule de la façon la plus parfaite possible, sans oublier celles des pays du Sahel qui en ont fait autant. Je quitte mes fonctions au moment où au Mali, la situation est encore critique, au moment où les défis de la région du Sahel sont entiers. J’ai confiance aux dirigeants et aux peuples de la région, ils ont des capacités de faire face à cette situation, et de bâtir une paix durable. Au moment de quitter mes fonctions, alors que mon honneur est terni par une condamnation injuste, je voudrais réitérer mon engagement à continuer à user de tous les moyens possibles pour faire triompher la vérité. J’ai indiqué que je ferai appel à ma condamnation auprès des juridictions nationales et internationales », a conclu Pierre Buyoya.

Aguibou Sogodogo

Source : 22 Septembre

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