Nombreux sont les observateurs de la scène politique malienne à se rendre à l’évidence que la plainte du gouvernement malien contre la France n’aurait pas de chances de prospérer au Conseil de Sécurité des Nations Unies, faute d’alliés et de soutiens capables de porter ce projet. La Russie qui est le partenaire de premier choix du Mali n’en fait pas une préoccupation, à forte raison les pays africains membres non permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies. Alors pourquoi ne pas outrepasser le cadre du Conseil de Sécurité pour exhiber les preuves matérielles que détiennent les autorités maliennes, à l’opinion nationale d’abord et puis à l’opinion internationale, afin de couper court à toutes interprétations et lectures fallacieuses ? Le Gouvernement malien aurait-il le courage de montrer les preuves de la complicité et de la duplicité de la France avec les groupes armés terroristes ? Dans le cas échéant pourrait-on avancer en classant sans suite ce dossier pour ne s’occuper que des urgences ?
L’opinion nationale est tenue en haleine depuis plus de deux mois par cette rocambolesque plainte du gouvernement malien contre la France. Cette dernière selon le Mali aurait fourni aux groupes armés terroristes, matériels militaires, renseignements et autres. Ces accusations très graves sont contenues dans une plainte adressée au Conseil de Sécurité des Nations Unies aux fins de la tenue d’une réunion permettant au gouvernement malien d’exhiber les preuves matérielles. Malheureusement c’est cette fameuse réunion qui n’est pas à l’ordre du jour, car aucun de 15 membres du Conseil de sécurité n’est prêt à porter le projet de plainte du Mali contre la France, alors que le peuple malien attend avec impatience la tenue de « ce procès » contre son ex puissance coloniale. Ce qui est aberrant et incompréhensif c’est l’attitude de la Fédération de Russie qui est censée être l’alliée de premier choix du Mali. Elle n’a pas voulu porter cette plainte à fortiori convaincre son allié chinois, afin d’exiger la tenue de cette réunion urgente du Conseil de Sécurité. Quant au trois pays africains membres non permanents du Conseil de sécurité, à savoir le Gabon, le Ghana et le Kenya, nul ne doit les en tenir rigueur, car ils n’ont pas été associés en amont, sinon ils auraient dû, par solidarité, soutenir cette plainte malienne. C’est surtout la Russie qui a fait faux bond. En effet, puisse que le Gouvernement malien tient à sa plainte et persiste et signe qu’il détient de preuves irréfutables contre la France pour complicité, duplicité et intelligence avec les groupes armés terroristes, alors qu’il crée un cadre pour exhiber à la face du monde ces preuves, à défaut du Conseil de Sécurité qui semble acquis à la cause de la France. Le cadre le plus approprié pour un tel exercice serait une conférence de presse couverte par les médias nationaux comme internationaux qui seront chargés de relayer les images un peu partout à travers le monde.
En somme, la seule option qui reste pour le gouvernement malien est d’organiser souverainement une conférence de presse pour exhiber à la face du monde les preuves matérielles contre la France, pour enfin clore ce chapitre et passer à autres choses. Le Mali a beaucoup de fronts brûlants qui nécessitent une concentration et surtout beaucoup d’efforts. Donc la plainte contre la France ne serait pas une priorité pour le peuple malien qui a d’autres chats à fouetter.
Youssouf Sissoko