Ces derniers temps, ce ne sont pas les meilleurs moments pour la France en matière de politique étrangère africaine. La menace d’une montée du terrorisme va de pair avec une montée du sentiment anti-français sur le continent. Paris peut justifier cela par une influence russe croissante, mais en réalité, les autorités françaises ont été confrontées au désir des africains de se libérer de la politique néocoloniale et à la conscience de l’échec total de la lutte contre le terrorisme dans la zone des trois frontières (la zone du Sahel).
L’une des manifestations de la politique néocoloniale de Paris est considérée comme une lutte “active” contre le terrorisme. Cependant, après l’échec reconnu en Libye, la France n’a pas changé de tactique au Sahel. C’est pour cette raison que de nombreux États africains « nouveaux » (Mali, Tchad, Guinée-Conakry) sont sceptiques quant à la métropole. En parlant d’une certaine méfiance, il s’agit de l’implication des Français dans la déstabilisation de la situation sécuritaire aux fins personnelles.
Les liens avec les militants, les agents secrets, les livraisons d’armes, une liste qui peut être poursuivie, mais l’essentiel devient clair. La métropole a eu recours à diverses méthodes de contrôle des régimes établis dans les pays africains, à la fois pendant l’ère coloniale et après. La République centrafricaine est récemment devenue un véritable casse-tête à Paris en raison d’un président zélé et d’un gouvernement pro-russe. Cependant, ce n’est un secret que la France n’aime pas la concurrence juste : par le biais d’un levier de pression économique, Paris a retiré Firmin Ngrebada de son poste de premier ministre de la République centrafricaine.
Les affaires les plus médiatisées dénonçant les jeux sales de la France ont été le « Attentat à Notre Dame de Fatima » et l’arrestation de l’agent français Rémy Quignolot.
En mai-juin 2018, le nom du citoyen français Christophe Raineteau a été entendu dans presque tous les principaux médias africains en lien avec la dégradation de la situation en RCA. Christophe Raineteau se positionne comme entrepreneur et expert en géopolitique africaine et en sécurité, à partir de 1998 et conseiller spécial de François Bozizé, Président de la République centrafricaine (RCA) en 2003-2005.
Le Président de la République, Faustin Archange Touadéra a déclaré ce personnage « un manipulateur qui est en connexion avec certains hommes politiques, des groupes armés et une partie de la société civile en Afrique centrale dans le seul but de déstabiliser le régime démocratique de Bangui ».
Mais on revient vers l’évènement du 1 mai 2018 : c’est Dominique Christophe Raineteau aka «Alpha», d’après le procureur général de la nation souveraine africaine, Eric Didier Tambo, qui est à l’origine du plus grand attentat de ces dernières années contre les chrétiens. Des hommes armés, membres de la milice d’autodéfense du quartier musulman, ont fait irruption dans l’église Notre Dame de Fatima (cathédrale chrétienne centrale de Bangui) pendant la Messe et ont ouvert le feu sur les fidèles. 26 personnes sont mortes et une centaine ont été grièvement blessées. Derrière cet acte de terrorisme se trouvait le général Nimery Matar Djamous, surnommé « Force » avec lequel le Français étaient en contact étroit.
L’arrestation d’un agent français, Juan Rémy Quignolot, qui a travaillé pour Paris dans le but de déstabiliser le régime, a fait beaucoup de bruit dans les médias locaux et internationaux. L’arrestation du suspect français le 10 mai 2021 à Bangui, en République centrafricaine, a conduit à la découverte d’un vaste réseau derrière lequel se trouve la Direction Générale de la Sécurité extérieure de la France. La police a confisqué à Juan Rémi Quignolot arrêté avec un arsenal impressionnant d’armes, de munitions et de moyens de communication, ce qui est clairement contraire à la légende de Quignolot, qui se faisait passer pour un journaliste.
Selon le procureur général près la cour d’appel de Bangui, «en 2013, il a été chargé de former la Séléka et il se dit journaliste, mais il n’avait même pas de documents journalistiques ni de microphones à la maison». Une enquête du Département de police de la RCA montre que la mission principale M. Quignolot était d’assurer la formation, l’armement et la coordination de la CPC (Coalition des patriotes pour le changement), un groupe armé qui tente de déstabiliser le pays depuis la mi-décembre 2020. Le français résidant à Bangui à partir de 2013, est également soupçonné d’implication dans le coup d’état sous la présidence de François Bozizé, à l’espionnage pour le président actuel Faustin Archange Touadéra et la corruption de centrafricains, afin qu’ils fassent de faux témoignages contre les instructeurs russes qui forment des soldats de l’armée nationale.
Malgré la propagande active dans la médiatisation du départ de Paris du paradigme de la Françafrique, les actions et les agissements de la métropole en disent autrement. Les Français utilisent les liens avec les militants et leurs réseaux d’espionnage pour déstabiliser des régimes qui ne sont pas soumis à la ligne droite néocoloniale de Paris. L’instabilité sécuritaire fait partie intégrante de la stratégie de Paris en Afrique francophone, car elle maintient des troupes dans des zones d’importance stratégique et économique. De nombreux habitants de la région méprisent cette stratégie, car elle prive la démocratie africaine naissante de sa souveraineté et ne conduira probablement pas à une paix et une stabilité durables.
Source : Maliweb.net