Les conditions alimentaires et hygiéniques constituent à leur tour un passage obligé pour le succès des mesures barrière vivement conseillées par les Autorités sanitaires nationales et internationales. Dans cette optique, il faudra mettre à la disposition des populations des moyens d’approvisionnement en eau potable, en vivres et des conditions d’assainissement accommodés. Surtout est-il qu’accès à l’électricité et aux services d’assainissement requis demeure au centre des besoins fondamentaux des vingt millions de la population malienne. C’est une demande qui se pose aujourd’hui plus qu’hier à l’échelle nationale. Mais que fait l’Etat jusque-là? Concrètement où en est-on avec l’application par Boubou Cissé sur le terrain les mesures estimées salutaires annoncées par son mentor IBK ?
Le respect strict de la période de confinement total que les décideurs politiques maliens hésitent à imposer autour de la ville de Bamako, l’épicentre du coronavirus, passe obligatoirement par une vraie volonté politique gouvernementale. Malgré toutes les pressions à la sourdine des Experts onusiens et maliens, il est question d’œuvrer à l’assistance pratique des populations à la base face à leurs besoins fondamentaux. C’est une voie incontournable mais non pas des simples opérations de charme, des coups de médiatisation et de déclarations d’intentions sur fond de promesses populistes, concrètement creuses de sens escompté. Il s’agira d’envisager des mesures concourant à l’amélioration sensible des conditions de vie et d’existence des citoyens contraints à se confiner sous leurs toits de fortune.
D’ores et déjà, les Populations du quartier de Djikoroni-Para ont donné le ton des protestations contre le couvre-feu. Dans la nuit du lundi 4 au mardi 5 mai, il y a eu une série de manifestations violentes sur la Route Nationale n°5.
Le minimum nécessaire pour la survie des familles
En effet, pour permettre aux populations de Bamako de pouvoir s’isoler entre les quatre mûrs de leurs domiciles de misère tout comme de grand standing, il est à œuvrer préalablement à la satisfaction de quelques besoins fondamentaux des uns et des autres. Ne serait-ce qu’en leur assurant le minimum nécessaire pour la survie de leurs familles. Cela, comme promis officiellement et à coup des centaines des Milliards de nos francs (lire notre précédente parution), en leur assistant dans les domaines de l’approvisionnement en eau potable, en électricité et en céréales puis en matière d’hygiène. La concrétisation de ces mesures annoncées serait d’autant salutaire que l’on ne saurait imaginer. Ce, en ce sens que le besoin se pose aujourd’hui avec acuité. Même pour les mesures barrières les plus élémentaires, l’obtention des masques et de liquide de gel pour le lavage des mains reste quasiment impossible pour la majorité écrasante des populations. Rien qu’à cause des pratiques sur fond de népotisme, de favoritisme qui viennent de passer par là aussi. Or, c’est reconnu au plan universel qu’à l’instant toutes les âmes humaines ont besoin le minimum nécessaire pour pouvoir se confiner, rester bloquées à domicile sans aller au travail des semaines voire des mois durant.
Au passage, rappelons que, pour cette année, selon le dernier Rapport du PAM (Programme Alimentaire Mondial), confirmé par le FIDA et l’ONG internationale britannique OXFAM, il y a plus de 250 Millions de personnes dont 50 Millions en Afrique de l’Ouest qui risquent fort d’être confrontées cette année à la crise alimentaire sévère à cause du virus COVID-19 sévissant à l’échelle planétaire. L’organisme onusien explique davantage que la crise sécuritaire tend à son tour d’aggraver cette situation de sécurité alimentaire dans les pays sahéliens dont le nôtre, le Mali où le processus de retour à la paix est synonyme de mirage.
En outre, le Mali, peuplé de 20 plus de Millions d’Habitants, a près de dix Millions de citoyens qui se trouvent dans le sérieux besoin de moyens d’assainissement adéquat de leurs cadres de vie. Cela, tant dans les centres urbains que dans le monde rural. Qu’on ne l’oublie guère, pour pouvoir se réfugier chez soi il faut aussi que l’air ambiant, l’atmosphère, le cadre de vie puissent répondre à un certain nombre de conditions vivables au plan hygiénique. Il y va également de la bonne Santé des membres de chaque famille.
07La précarité des conditions d’hygiène
En fait, l’avancée du phénomène d’urbanisation et la croissance démographique désordonnée sont à la base de la demande croissante des conditions de gestion optimale et d’utilisation rationnelle de l’eau. Ce qui entraine de facto le déversement de partout des eaux usées sous diverses formes avec des monticules de déchets solides toxiques et d’ordures ménagères encombrantes, nocives et malsaines voire fort capables de provoquer de risque d’accès de virus plausible. A cause de la précarité des conditions d’hygiène due au manque de services d’assainissement appropriés, les Populations sont confrontées à toutes sortes de difficultés au plan sanitaire et hygiénique. Le constat est là, patent et exige à ce que nos élus municipaux sortent de leur torpeur pour réclamer du Gouvernement de Boubou Cissé leur part du gâteau de la fameuse enveloppe de 500 Milliards de francs CFA annoncés à la faveur des sorties médiatiques redorant le blason du Chef de l’Etat.
Dans le même contexte de crise, soulignons que les sous-secteurs agricole, artisanal, industriel, commercial et minier produisent à leur tour des eaux usées et des déchets solides directement déversées dans la nature, dans nos rues, nos carrés et les devantures mêmes de nos concessions sans aucun traitement approprié. Les services d’hygiène aussi doivent avoir leur part du gâteau des 500 Milliards annoncés pour, bien entendu, accomplir leur mission régalienne afin que les Populations puissent rester cloitrées dans leurs domiciles. Même si le côté incivisme des citadins de Bamako, par exemple, est notoirement connu de tous.
Ensuite, n’oublions jamais que l’inexistence de financement des projets spécialisés dans la gestion des plans institutionnels, dans la réalisation des infrastructures et équipements appropriés occasionne du reste des difficultés à part entière. Notamment dans la gestion des déchets liquides et solides déversées quotidiennement sur les berges du majestueux fleuve Niger.
En somme, Dr Boubou Cissé, notre Super Ministre de l’Economie et des Fiances et notre Premier Ministre de vrais «Pleins pouvoirs» doit mettre la main à la poche pour sortir de la manne budgétaire du contribuable malien pour financer les mesures d’accompagnement axées sur le sous-secteur hygiène. En tout cas, si l’on tient à ce que la ville de Bamako soit isolée des autres localités de l’intérieur du pays et que le couvre-feu plus les mesures barrières en vigueur produisent des résultats escomptés, il y a lieu de veiller à la vulgarisation à l’échelle nationale une véritable politique de solidarité sociale axée sur l’assistance et la distribution équitable des aides humanitaires. C’est même une des réclamations constantes des Virologues onusiens et des membres de la commission scientifique nationale à l’adresse du Président IBK diffusées dernièrement. Cependant, force est d’admettre que l’annonce de la mobilisation et du décaissement du Budget nécessaire retarde cruellement du côté de l’Etat malien. Or, ce fonds doit être puisé des caisses du contribuable malien. Ce qui dénote que, pour confiner totalement Bamako, l’épicentre du virus dans notre pays, Koulouba doit rompre avec son caractère d’un Etat faible pour mettre en place les mesures d’accompagnement indispensables et amener tout le monde à se soumettre à la loi de la République devant s’imposer à tous.
Par ailleurs, rappelons que, dans le domaine des statistiques, le manque de données fiables se pose en facteur d’aggravation de la crise sanitaire. Ce qui ne saurait être sans répercussions directes et graves sur l’hygiène.
Eu égard à toutes ces réalités indéniables, le Président IBK et son Gouvernement sont vivement interpellés. Ils sont condamnés désormais à faire preuve de bonne volonté politique. Ce, en optant concrètement pour, entre autres, une distribution équitable des moyens débloqués à toutes les couches sociales, une nouvelle stratégie de gestion efficace et efficiente des eaux usées inondant la ville de Bamako, une application rigoureuse et sans bavure policière aucune des mesures barrières et du couvre-feu instaurés. En cette période caniculaire prévoyant logiquement d’une forte session hivernale, il urge à ce que chaque Commune du District de Bamako ait les moyens de sa Politique municipale leur permettant de contribuer activement à la Politique Nationale d’Assainissement presque méconnue par le Pouvoir en place.
La politique de bonne gouvernance doit être de mise
La politique de bonne gouvernance requiert pour sa part l’obligation de la continuité dans la gestion et l’exécution des projets de développement à la base mis en place ou initiés par les précédentes équipes gouvernementales. C’est dans ce cadre que s’inscrivent les objectifs et recommandations du Forum National de l’Assainissement déroulé en avril 2006 ici à Bamako. Un forum sanctionné, en son temps, par une feuille de route pour baliser les grandes étapes de l’élaboration de la Politique nationale d’assainissement et de ses Stratégies connexes. Pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), il avait initié la Stratégie Nationale de gestion des déchets liquides du Mali relevant, à son tour, du Cadre Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (CSCRP).
A cet effet, pour permettre aux Populations de pouvoir se confiner sans aucun risque majeur de désertion éventuelle de leurs domiciles, il faudra leur garantir le minimum nécessaire en termes de vivres, d’eau, d’électricité et de conditions hygiéniques. C’est également la condition sine qua non à la réussite des mesure-barrière requises.
Bref, les annonces à elles seules ne sauraient suffire. Mais il faut oser opter pour les vertus du concret. Il faut qu’IBK et son Gouvernement aient le courage et la sagesse de mettre la main à la poche pour tenir, cette fois-ci, les promesses faites au Peuple malien.
Djankourou
Source : L’aube