Depuis les événements du 22 mars 2012, les démocrates sincères ont décidé d’unir leur force pour prévenir à tout jamais un autre pronunciamiento. C’est pourquoi suite aux propos de l’ex-directeur de l’école de maintien de la paix Alioune BlondebeyeMoussa Sinko qui en appelle à un soulèvement populaire, les autorités pour protéger les institutions démocratiques ont pris les devants. Aussi, le jeudi 11 octobre 2019, il a été entendu au camp I.
En effet, le président du Parti de la Ligue Démocratique Pour le Changement et non moins ancien chef de cabinet du capitaine bombardé général Amadou Aya Sanogo a indiqué qu’il est impérieux de mettre fin à ce régime pour abréger la souffrance du peuple. Ces propos ont choqué plus d’un. Cette tentative d’intimidation a poussé le président à réagir en soulignant : « que la nation n’a pas besoin d’élucubrations de nostalgiques du putsch ». Ces propos sont une réponse à l’égardd’un général qui en pleine crise sécuritaire a préféré troquer la tenue pour la politique. Pour une partie de l’opposition, cette audition est une atteinte aux libertés démocratiques et inaugure le début d’une dictature qui ne dit pas son nom. Durant l’audition l’honorable Oumar Mariko, président du parti SADI et plusieurs autres leaders politiques sont restés poster à l’entrée du camp pour marquer leur désaccord suite à cette convocation. Les véritables raisons de la révolte de l’ex-général remontent à l’arrestation du général Amadou Aya Sanogo, un compagnon de lutte, éphémère président après le coup de force du 22 mars 2012. IL doit à ce dernier son poste de ministre de l’Administration territoriale. À ce département, il a contribué à la brillante élection du président El Hadj Ibrahim Boubacar Keita avec le soutien du généralSanogo et plusieurs autres putschistes. C’est bien lui qui a martelé en Août 2013 que si les tendances se confirment IBk sera élu dès le premier tour. Des fuites dans la presse en son temps avaient révélé qu’il aurait eu un deal entre Amadou Aya Sanogo et le Cherif de Nioro pour qu’IBK puisse monter sur la colline du pouvoir. Au début c’était le parfait amour au point que Moussa Sinko est nommé directeur de l’EMPABB et promu général de Brigade. La brouille entre IBK et Sinko commence quand Soumeylou alors ministre de la Défense ordonna l’arrestation du général Sanogo sur instruction du président IBK. Après cette arrestation, le président dira que Kati ne fera plus peur à Bamako qu’il faut poursuivre le nettoyage de l’écurie d’Augias. La situation économique délétère et les conditions sécuritaires difficiles aidant, Moussa Sinko démissionne pour se porter candidat à la magistrature suprême d’Août 2018 avec sa formation politique. Après la proclamation des résultats, il rallie l’opposition pour dénoncer un scrutin entaché de fraude. Depuis, il garde une dent cariée contre le régime. À sa sortie du camp I Moussa Sinko Coulibaly dira:« Après mon tweet qui dénonçait la souffrance du peuple malien, qui dénonçait la mauvaise gouvernance, qui dénonçait la situation générale du pays, on m’a expliqué, à travers une correspondance du procureur de la commune V, qu’il y a eu quelqu’un qui a compris que ce tweet était une incitation à une insurrection, que ce tweet était une incitation à la révolution, que ce tweet était une incitation à un coup d’Etat. On s’est bien posé la question, puisqu’on a écrit le tweet en français, si la personne comprend très bien français. Ce que nous avons mis sur le net est tout simplement le reflet de la situation actuelle du pays, une photographie de l’aspiration profonde du peuple malien. Nous, en tant qu’hommes politiques, nous nous faisons le devoir de ressortir toutes les vérités qui existent actuellement dans le pays. Nous ne sommes pas d’accord avec la pensée unique. On veut faire éclater même les vérités les plus difficiles. Aujourd’hui, la vérité est que les Maliens souffrent ; la vérité est qu’il faut qu’on propose une autre solution. Et nous, au niveau de la ligue démocratique pour le changement, nous voulons mettre fin à la corruption, à la gabegie, au clientélisme, au népotisme et c’est sur ça que nous travaillons. Et toute notre action s’inscrit dans cette logique. Nous sommes respectueux des lois de la République, nous sommes respectueux de la constitution, nous savons que le peuple est avec nous. Nous nous tenons à la disposition de la justice malienne, nous faisons confiance à la justice malienne. Après l’audition de ce matin, avec les explications que j’ai donné, tout le monde comprendra aisément que les interprétations qui avaient été données à ce titre sont loin d’être les intentions, l’esprit et même la lettre de ce que nous avons écrit ».
M Samake
Source : Le Triomphe