Dans les sociétés maliennes d’aujourd’hui, s’il y a une chose qui fait le plus de mal, c’est bien cette crise éducative au sein des foyers. On a l’impression que les enfants sont délaissés dans la rue, et pourtant les parents se montrent traditionalistes en entretenant des faits comme des tabous. Comme c’est paradoxal !
Au Mali, il est de coutume que les parents ne discutent pas de sexualité avec les enfants parce que nos ancêtres avaient su faire la part des choses en veillant comme à la prunelle de leurs yeux sur l’éducation des enfants. C’est la raison pour laquelle, certains faits étaient honteux à leurs yeux et ils ne pouvaient jamais les imaginer. Il s’agit notamment de l’adultère, de la conception des grossesses hors mariage, du vol, etc.
Ces faits étaient déshonorants, indignes à leurs yeux, mais de nos jours, nous faisons face à une forte inversion des valeurs. Ainsi, tous ces faits au lieu d’être considérés comme des vices ont acquis valeur de vertu.
Et comme conséquence attendue, les enfants hors mariage se multiplient, les enfants conçoivent des enfants. Le concubinage est devenu une affaire de compétence et il n’y a plus de honte de se voir en compagnie d’une jeune demoiselle ou d’un jeune homme dans les rues.
Cette inversion est la preuve que la décadence civilisationnelle est une réalité, que les valeurs traditionnelles ne sont plus respectées. Si tel est le cas, pourquoi ne pas accepter la métamorphose ? Ce qui était caché aux enfants jusqu’à leur mariage, ils le savent déjà depuis la naissance. Alors, ne serait-il pas mieux de les aider à mieux perfectionner leur talent en les dotant de connaissances parfaites en la matière ? Si jadis la sexualité était un tabou, aujourd’hui, elle ne l’est plus avec le développement des nouvelles technologies qui permettent aux enfants de découvrir toutes les images les dépassant, mais sont quand même tentés par l’imitation. Ce que les technologies n’enseignent pas efficacement, c’est comment se préserver de certaines choses, comme des grossesses non désirées ?
Il revient alors aux parents, dans un tel contexte, de reformuler leur façon d’agir envers ces êtres qu’ils considèrent comme immatures. Tous les comportements s’étant européanisés, il importe que les attitudes pour réagir le soient. À ce titre, au lieu que la sexualité continue d’être un tabou, pourquoi ne pas l’intégrer dans nos valeurs d’éducation en apprenant aux enfants à se protéger davantage contre les grossesses non désirées ? Si la naissance d’enfants hors mariage se multiplie dans nos sociétés, il faudrait se dire que c’est parce que rares sont les filles qui savent veiller sur leur cycle menstruel a posteriori sur l’ovulation. Il est temps que les parents acceptent cette situation en intégrant dans leur quotidien cette pratique d’éducation sexuelle.
Nous ne sommes pas dans une perspective d’encouragement de la prostitution ni dans une optique d’encouragement des comportements sexuels déviants, mais d’une éducation à la sexualité qui permettra à nos enfants de mieux se préserver. Car, que nous leur parlions de cela ou pas, nous savons que nos sociétés sont malheureusement transformées par nos enfants. Ne pouvant pas l’éviter, alors trouvons un moyen pour sauvegarder l’honneur de nos familles en empêchant le fleurissement d’enfants hors mariage au sein de nos familles, les maladies sexuellement transmissibles, etc. Le Mali se trouve dans une perspective d’européanisation, pour mieux la vivre, il faut l’engloutir véritablement.
Fousseni Togola
Source : Le Pays