Le 15 mai 2022, le gouvernement malien, dans un communiqué, annonçait qu’il quittait le G5-Sahel. Quelles peuvent être les incidences de ce retrait sur la situation sécuritaire du Mali ?
En effet, pour rappel, le G5-Sahel est une organisation regroupant cinq pays du Sahel à savoir : le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad dont l’objectif principal affiché est de « préserver l’intégrité territoriale des États et de mener, ensemble, une action résolue en vue d’assurer la sécurité dans l’espace sahélien ». Pour ce faire, il a été mis en place une Force conjointe composée de militaires de cinq pays membres en vue de mener des opérations militaires conjointes transfrontalières. Depuis sa première opération datant de novembre 2017, le G5-Sahel est confronté à des défis énormes notamment sur le plan opérationnel.
Bien qu’elle ait mené plusieurs opérations après celle de 2017, l’organisation intergouvernementale ne dispose pas suffisamment de moyens financiers, ni d’équipements adéquats pour des opérations efficaces et de grande envergure. La quasi-totalité de ses fonds apparaît des partenaires techniques et financiers non africains. Cette dépendance de fonds extérieurs ralentit la montée en puissance de la Force conjointe. De ce fait, son bilan ne peut être que mitigé.
Ainsi, au regard de ce qui précède, l’on peut affirmer que le retrait du Mali de cette organisation n’aura pas de conséquences graves sur la situation sécuritaire du pays. Primo, à en croire aux différents communiqués du Gouvernement de Transition relatifs à la montée en puissance des Forces armées maliennes (FAMA) qui engrangent des succès sur le terrain, le retrait du Mali du G5-Sahel ne doit pas être préoccupant.
Secundo, l’instabilité politique dans trois pays membres (Burkina, Mali et Tchad) du G5 affecte considérablement les capacités opérationnelles de la Force conjointe. D’autant plus que les autorités militaires installées dans ces pays ont des sensibilités politiques différentes et difficilement conciliables. L’organisation sahélienne se retrouve donc une situation d’inertie car la dernière opération d’envergure regroupant tous les États membres remonte à plusieurs mois. Se retirer ou en être membre revient donc à la même chose ces temps-ci.
Cependant, la raison du retrait du Mali n’est pas liée à l’inefficacité de l’organisation ni à l’état d’inertie dans lequel elle se trouve actuellement. Il est plutôt dû au refus du Tchad de passer la main au Mali pour la présidence tournante de l’organisation. Ce retrait du Mali va sans doute affaiblir davantage le G5-Sahel.
Bouakary Ouattara, docteur en histoire des relations internationales
Source: Le Pélican