A 24 heures de l’expiration de l’ultimatum de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) a désigné, le 21 septembre le colonel-major à la retraite Bah N’Daw pour diriger la transition. Âgé de 70 ans, brièvement ministre de la Défense dans le premier quinquennat du président Ibrahim Boubacar Keita, Bah N’Daw est réputé pour son intégrité. Il est secondé par le président du CNSP Assimi Goita qui occupe la vice-présidence de la transition. Une innovation dans l’architecture institutionnelle, marquant surtout la volonté des mutins de Kati de garder une main basse sur le pouvoir.
A travers Bah N’Daw, un pensionnaire de l’armée de l’air, les putschistes ont atteint un double objectif : nommer un civil à la tête de la transition conformément aux recommandations de la CEDEAO, tout en ayant plus de marge de manœuvres. Le personnage semble désintéressé par la chose politique et prompte à claquer la porte au moindre obstacle dans sa mission.
Cependant, ce qui concentre désormais l’attention au Mali, c’est le poste de Premier ministre de la transition qui devrait revenir aux civils. Plusieurs noms circulent dans les cercles de la junte, mais un profil se détache de tous les autres, et fait l’unanimité bien au-delà du camp du CSPN : l’ancien Premier ministre Modibo.
Homme d’État
Outre ses qualités d’homme d’État, l’ancien Premier ministre du président Amadou Toumani Touré s’est distingué par sa constance politique depuis qu’il a quitté les affaires en 2011. Ce grand commis de l’État au parcours exceptionnel : Chef de cabinet sous la transition de 1991, ministre de la santé, chef de la diplomatie pour ne citer que ces hautes fonctions au service de l’administration publique malienne.
Réputé stratège et visionnaire, le natif de Bamako n’est pas moins un sécurocrate alerte, qui comprend parfaitement les dynamiques conflictuelles en cours au Mali tout comme l’expression de la guerre asymétrique imposée au Mali depuis près d’une décennie. Depuis 2013 déjà, le Premier ministre Modibo Sidibé propose un plan global de redressement du Mali, articulant impératif sécuritaire, socioculturel politique et économique pour résorber durablement l’instabilité politique au Mali.
Rupture avec l’État post colonial:
En 2013, il était l’un des rares candidats à avoir proposé un programme de société cohérent et prenant en compte de façon holistique les défis auxquels le Mali est confronté. Sa vision politique qui s’étend à l’horizon 2030 prévoie la restauration de l’autorité de l’État, la refondation de l’État, avec à la clé une rupture de l’État post colonial qui ne répond plus aux besoins des populations.
Aussi, dans sa vision d’avenir, le Premier ministre Sidibé propose une batterie de réformes : la diversité de l’économie, la gestion indépendante des élections, qui sont régulièrement à l’origine des crises politiques au Mali.
De par son expression politique et professionnelle, Modibo Sidibé est le Premier ministre idéal dans ce tournant qu’entame le Mali. Avec sa connaissance de l’administration et des leviers diplomatiques internationaux, il pourra rapidement ramener le Mali dans le giron de la communauté internationale et de la CDEAO.
Refondation du Mali comme leitmotiv:
Il pourra surtout être une alternative crédible au binôme militaire qui préside la transition aux yeux des partenaires bilatéraux et multilatéraux du Mali, favorables à une gouvernance civile, plus stable et plus rassurante également pour les investisseurs étrangers.
Sans nul doute, Modibo Sidibé est le meilleur profil pour jeter les bases de la refondation du Mali, un leitmotiv qui dirige son engagement politique depuis des années. Mais ce sacrifice pour le Mali, suppose un renoncement à sa carrière politique dans le court terme. Au moins, le temps de la transition. Pour beaucoup, c’est ce qui pourrait être un frein pour qu’il accepte le poste de premier ministre de la transition. Mais connaissant l’homme, son amour pour le Mali, ce n’est pas un sacrifice de trop. Il saura évaluer les enjeux et mettre à la disposition du nouveau Mali, que tout un peuple espère en fin arrivée l’heure.
Aly BOCOUM
Source : Bamakonews