Le Mali est sous régime d’exception depuis le 18 Août 2020 et cela après le coup d’Etat qui a renversé le régime démocratiquement élu d’IBK. Cette situation pour le moins démocratique a donné naissance à trois organes, à savoir une Présidence dirigée par le chef de la junte militaire, une primature occupée par le Président du Mouvement insurrectionnel dont le combat a été parachève par certains officiers de l’armée et un Conseil National de Transition, CNT qui fait office de parlement de la transition, qui est lui aussi dirigé par le numéro 2 de la junte. Parmi ces trois organes, le CNT semble être celui qui aura marqué beaucoup de points positifs tant dans sa mission régalienne que dans l’apaisement de l’atmosphère qui devient de plus en plus délétère. Le CNT joue non seulement son rôle de contrôle, sans complaisance, de l’action du gouvernement, mais aussi et surtout propose des lois qui, au lieu de diviser rassemblent les maliens. Sans être élu les membres du CNT sont très attentifs au cri de cœur du peuple et le défend sans ambages. Pourquoi le CNT fait-il mieux que la Présidence et le gouvernement ?
Après la rupture constitutionnelle consécutivement au coup d’Etat du 18 Août, même si théoriquement la Constitution est toujours en vigueur, le Mali est géré par trois organes qui devraient avoir une relation de complémentarité, à savoir la Présidence, le Gouvernement et le Conseil National de Transition, CNT. Les trois organes de la transition qui ont pour mission de « refonder le Mali » ne semblent plus avoir la même audience auprès de l’opinion publique. Si les deux premiers organes cités, à savoir la Présidence et le Gouvernement ont vu leur popularité dégringolée, le CNT semble marqué des points positifs faisant de lui le premier organe le mieux apprécié aujourd’hui. Comment d’une caisse de résonnance du gouvernement ou un ramassis de copains et copines ou encore des simples conseillers qui ne sauraient se prévaloir du titre de député, selon la Cour Constitutionnelle, Le CNT est devenu l’institution qui rassemble, consulte et tient compte des aspirations du peuple. Il donne aujourd’hui plus de satisfaction au peuple que l’exécutif à deux têtes. Incontestablement, le leadership du président du CNT et surtout son sens de la responsabilité ne souffrent d’aucune ambiguïté. Qui ne se rappelle pas de la promptitude avec laquelle le Président du CNT a reçu certains leaders politiques qui avaient fait la demande aux trois organes. C’est après lui que le Président de la transition a donné un avis favorable à cette demande du cadre d’échanges des partis politiques pour une transition réussie. Le premier ministre a opposé une fin de non-recevoir. Le second haut fait d’arme du CNT est l’interpellation du Gouvernement pour une évaluation du chemin parcouru dans la gestion des affaires publiques, 10 mois après le début de la « rectification ». Cette interpellation a permis à coup sûr de savoir toute la lenteur constatée dans la mise en œuvre du Plan d’Action Gouvernemental. Ce qui a surtout été apprécié par l’opinion ce sont les recommandations faites par le parlement de la transition et qui consistaient à demander au gouvernement de prendre toutes les dispositions nécessaires afin de trouver un compromis avec la CEDEAO pour que les sanctions puissent être levées. Comme si cela ne suffisait pas les parlementaires ont demandé également une lutte implacable contre la corruption et la délinquance financière et surtout une gestion rigoureuse des affaires publiques.
La troisième prouesse du CNT est sans nul doute la relecture responsable, raisonnable et sans passion de la loi électorale dont le projet lui a été soumis par le gouvernement. A ce niveau également le Président du CNT et ses collègues Conseillers ont fait preuve d’anticipation et de précaution, car le projet de loi proposé par le gouvernement porte en lui les germes de la crise pré et post-électorale. Cette loi si elle venait à être adoptée en l’état, sans consensus, sans une large inclusion, sans amendement, allait être une bombe à fragmentation qui explosera à coup sûr. Pour une des rares fois le CNT a consulté plus d’une centaine d’organisations, des partis politiques et de personnes ressources afin de recueillir leurs avis et propositions d’amélioration. C’est après cette série de consultations que les membres du CNT ont fait beaucoup d’amendements dans le seul souci d’enlever tous mots, toutes expressions ou toutes prérogatives pouvant prêter à confusion ou favoriser tel ou tel groupe ou personnes. Le CNT vient par l’adoption de la loi électorale amendée, d’éviter une situation aux conséquences lourdes pour la transition, car la classe politique pour qui cette loi est élaborée avait commencé à bomber le muscle pour rejeter cette loi que d’aucuns qualifient de scélérate.
En somme, le CNT est en train d’améliorer l’image de la transition en tenant compte des profondes aspirations du peuple. Par cet acte le Colonel Malick Diaw, Président du CNT et ses collègues font leur, cette célèbre citation de Montesquieu : « pour qu’on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que, par des choses, le pouvoir arrête le pouvoir »
Youssouf Sissoko
Source : L’Alternance