Décidemment, on n’agit pas de la même manière dans une chaumière que dans un palais. Celui qui a joué le rôle de leadership dans le Mouvement populaire insurrectionnel contre le régime corrompu de l’ancien Président de la République, IBK et qui par sa constance, sa persévérance et son engagement a fini d’occuper la Primature, est en train de faire comme ceux-là même qu’il a critiqués et dont la gestion a été la plus catastrophique. Choguel Kokalla Maiga, puisque c’est de lui qu’il s’agit, à peine installer à la Primature, ne fait que multiplier les bourdes et semble même donner de la matière à ses détracteurs pour le critiquer. Il passe indéniablement à côté de la plaque et l’espoir d’un Mali Koura s’effiloche et se fond comme neige au soleil. De sa prise de fonction à nos jours, soit moins de deux semaines, on a dénombré déjà sept grosses erreurs, toutes gravissimes et surtout venant de celui qui a prôné une gouvernance vertueuse. Va-t-il se ressaisir rapidement en changeant de fusil d’épaule ? L’espoir d’un nouveau Mali va-t-il être sacrifié sur l’autel de la guéguerre politicienne ? La gouvernance par l’exemplarité, prônée par Choguel va-t-elle être un vain slogan ?
Le M5-RFP a battu le pavé pour qu’il ait rupture avec la gouvernance chaotique d’IBK. Son combat a abouti à la chute du régime de ce dernier. Mais le constat est que neuf mois après, le Mali est toujours dans l’impasse. Exclu au début de la transition, le M5-RFP est désormais aux commandes, car son leader est le chef de l’administration. Premier ministre et adulé par la junte, Choguel K Maiga fait une entrée à la matière ratée, car en deux petites semaines il a commis déjà sept erreurs.
La 1ièreErreur est d’avoir signé le décret de nomination des ministres en violation de la charte
Si tant est que l’une des tares de la gouvernance d’IBK était la violation de la Constitution, qui a été dénoncé par le M5 RFP, le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga n’aurait pas dû signer un décret qui viole la Charte de la transition avec 28 ministres au lieu de 25. Cette erreur le suivrait jusqu’à la fin de la transition.
La 2ième Erreur est de n’avoir pas déclaré ses biens comme le veut la charte
Une gouvernance vertueuse suppose une transparence à toutes les échelles et un respect strict et rigoureux de la loi de la République. Le fait de ne pas déclarer ses biens avant même de prendre fonction est un mauvais exemple que le PM Choguel K. Maiga donne à ses ministres. La règle à la matière voudrait bien qu’il le fasse 48 heures après sa prise des fonctions.
La 3ièmeErreur est l’inopportune visite qu’il a rendue aux anciens Premiers ministres
Le slogan de rupture avec la gouvernance chaotique qui a permis au M5 RFP de rassembler une frange importante du peuple, ne rime pas avec cette visite de Choguel aux anciens premiers ministres par la faute desquels le Mali s’est effondré. Certains, parmi ces anciens premiers ministres, doivent normalement répondre de leurs gestions. Choguel semble alors rater le coche et contribuera à discréditer davantage la classe politique.
La 4ième Erreur est sa visite au bureau litigieux d’Amadou dit Diadié Sankaré au CNPM
Alors même que l’affaire opposant le Président sortant Mamadou Sinsy Coulibaly à Diadié dit Amadou Sankaré est pendante devant la justice, le premier ministre commet le toupet de rendre visite au camp de Diadié. Cette visite, la plus inopportune est non seulement une manière d’influencer les décisions de la justice, mais aussi et surtout de légitimer un camp, celui de Diadié qui ne doit son maintien à ce poste grâce à une ordonnance gracieuse du Président du tribunal de la commune IV. L’attitude du Premier Ministre diviserait davantage le secteur privé, poumon de notre économie.
La 5ième Erreur est la reconnaissance du CNT sans au préalable obtenir son élargissement
A défaut d’obtenir de son allié Assimi Goita la dissolution du CNT, une revendication phare du M5 RFP, le Premier Ministre aurait dû avoir la garantie qu’il sera élargi pour permettre au M5 RFP d’y figurer et même l’ancienne Majorité qui crie à une vendetta et une exclusion. En rendant visite à Malick Diaw, Président du CNT, Choguel K. Maiga a tout simplement avalé une amère couleuvre et s’est, du coup, discrédité aux yeux de l’opinion, qui pense que tout le combat de l’homme politique est pour le tube digestif.
La 6ième Erreur est l’exclusion de l’ancienne Majorité du gouvernement
Si Choguel savait qu’aucune réforme n’est possible sans un large consensus, il n’aurait pas dû exclure l’ancienne majorité qui comme un pestiféré va empoisonner la vie politique et rendre impossible toute tentative de révision de la Constitution. Choguel K Maiga ne devrait pas accepter qu’une frange de la classe politique soit mise à l’écart au risque d’empêcher toute velléité de faire des reformes, même si l’unanimité est faite autour de la nécessité de changer beaucoup de nos lois. Pour parer au plus pressé il pourrait lui permettre de figurer au CNT au nom du consensus.
La 7ième Erreur est la tentative de s’affranchir du M5-RFP
Choguel K. Maiga en disant qu’il est le premier ministre de tous les maliens, ce qui, du reste, est vrai, il s’attire néanmoins la foudre de certains caciques du M5 RFP qui voient en ces propos une matière de s’affranchir à leur tutelle, alors même qu’il tire sa légitimé du Mouvement du 5 juin. Donc un besoin du jeu d’équilibrisme s’impose en imposant à la junte la nécessité d’élargir le CNT afin de permettre au M5 RFP, originel, d’y adhérer. Que Choguel sache que sa seule arme reste le M5 RFP donc s’affranchir de lui est un gros risque.
Youssouf Sissoko
Source : Inf@sept