L’issue du procès du putsch raté de 2015 pourrait permettre d’amorcer un début de réconciliation au Burkina, un pays toujours divisé depuis la chute de Compaoré, en vue de l’élection présidentielle de 2020.
Pour le président Kaboré, ces condamnations viennent à point nommé. Critiqué pour ses difficultés à faire face au défi sécuritaire, son manque de décisions fortes, le chef de l’État burkinabè avait fait de la justice une de ses promesses de campagne. À l’issue d’un procès avant tout emblématique, voilà donc aujourd’hui ceux que l’on imaginait intouchables reconnus coupables et condamnés.
Mais le chef de l’État est désormais attendu sur le terrain de la réconciliation. Refusant que les anciens dignitaires puissent bénéficier d’une quelconque impunité au nom d’un pardon nécessaire, le président Kaboré a toujours assuré qu’il n’y aura pas de réconciliation avant que la justice soit rendue.
Aujourd’hui, à un an de la présidentielle de 2020, il pourrait avoir intérêt à ouvrir le jeu. Il sait aussi que des généraux comme Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé comptent de nombreux fidèles dans les rangs de l’armée et certains, au sein du pouvoir, n’écartent pas l’idée d’une grâce éventuelle après un grand forum de réconciliation.
D’autres affaires emblématiques
Reste que le temps judiciaire ne correspond pas toujours au temps politique. D’abord, les condamnés peuvent faire appel et puis d’autres procès sont prévus, tout aussi emblématiques.
Ainsi, il y a celui des responsables de la répression de l’insurrection populaire d’octobre 2014, qui est toujours en suspens, au niveau de la Haute cour de Justice pour l’ancien gouvernement, au niveau de la Cour militaire pour ceux qui ont tiré ou qui ont donné l’ordre de tirer sur la foule.
L’affaire de l’assassinat de l’ancien journaliste Norbert Zongo n’est pas encore jugée non plus. Le procès de la mort de l’étudiant Dabo Boukari ne s’est pas encore tenu, tout comme celui de Thomas Sankara…
Source: RFI