En principe, le Mali tiendra des élections décisives dans moins de deux ans. Mais, sur le terrain politique, c’est le calme plat.
La mobilisation pour les prochaines échéances électorales est au point mort. Les acteurs politiques semblent totalement résignés au silence, abonnés absents. Quelles sont les raisons de cette léthargie de la classe politique ?
La crise sécuritaire avait déjà sonné la paralysie de l’activité politique. Surtout avec l’épisode douloureux de la prise en otage du chef de file de l’opposition d’alors, feu Soumaïla Cissé en 2020, alors qu’il était en pleine campagne électorale dans son fief de Niafunké, dans la région de Tombouctou.
Depuis lors, les leaders politiques réfléchissent par deux fois pour se lancer dans l’arène et être au contact avec les militants à la base. A cette hantise de l’insécurité s’est ajoutée, depuis le coup d’Etat du 18 août 2020, une nette baisse de régime de l’activité politique du fait de la méfiance vis-à-vis de nouveaux dirigeants du pays. Cela s’est renforcé tant par le discours de diabolisation de la classe politique, considérée comme entièrement responsable de la crise multidimensionnelle qui secoue le pays.
Le clou de cette vie ralentie, c’est la tension avec les partenaires du pays, dont le paroxysme est l’embargo économique et financier de la CEDEAO et de l’UEMOA contre notre pays. Sans compter que depuis trois ans, les partis politiques n’ont plus touché un seul centime du financement public que l’Etat leur octroie chaque année. Conséquence, c’est la disette et les comptes au rouge dans presque tous les états-majors politiques.
Or, étant donné que le processus électoral est une course de longue haleine, plusieurs chapelles politiques ont opté pour la prudence. Car, confient-ils, « qui va lentement va sûrement ». Même les leaders émergents et financièrement résilients comme Ibrahima Diawara (Maliens Tout Court), Seydou Mamadou Coulibaly (Benkan), Aliou Boubacar Diallo (ADP Maliba) ont décidé d’observer un standby pour voir clair dans l’évolution de la transition.
Par ailleurs, pour certains responsables politiques potentiellement aspirants à la présidence de la République, cette baisse d’activité s’explique par un calcul de positionnement. Quelle stratégie le pouvoir de transition va-t-elle mettre en œuvre pour les élections ? Le Colonel Assimi Goïta et ses frères d’armes auront-ils un candidat pour le palais de Koulouba ? Chercheront-ils à nouer une « alliance gagnante » à la prochaine élection présidentielle ? Ce sont ces interrogations qui doivent décider du discours à tenir dans d’éventuelles mobilisations et meetings politiques. Et, comme les réponses à ces questions ne sont pas encore une réalité, des regroupements politiques porteurs comme Espérance Jigiya Kura et d’autres coalitions se sont révélés comme feu de paille, en attendant des jours meilleurs sous le soleil du Colonel Assimi Goïta. Sans compter que le sentiment nationaliste dominant ne facilite par l’expression des ambitions politiques, dans un contexte où le pays tente vaille que vaille de rassembler ses forces derrière les forces armées (FAMa).
Boubou SIDIBE
Source : Maliweb.net