La loi électorale a été promulguée par le président de la transition, suite à l’arrivée du médiateur de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Goodluck Jonathan à Bamako. Coup de colère chez une bonne partie des partisans du changement et de la refondation. Cette promulgation lève le voile sur les ambitions cachées du colonel président de la transition. La formation du gouvernement a fait l’objet de vives protestations tant par la qualité des ressources humaines qu’à la réussite de leur mission. S’ajoute à cela, la composition du Conseil national de Transition (CNT) dont certains membres sont issus de la vieille classe politique, qui ont à leur actif la déliquescence de l’État.
D’autres, au lieu d’être en prison, décident du Mali Koura (korolé, ancien). Des jeunes, chefs de partis politiques sans élus locaux ou nationaux à part eux-mêmes, se fendent en défenseurs de la transition guidés par des anciens du régime Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). On a tout compris, président Assimi.
Nous savons que les cinq (05) colonels putschistes ont des affinités avec l’ADEMA-PASJ (parents barons de la ruche, du RPM et autres). Nous avons aussi en mémoire cette éloquente citation du défunt IBK à l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM): «Si vous refusez d’aller à l’école, nos enfants assurerons la relève. Ils viendront vous commandez ici». Nous sommes à ce stade aujourd’hui, malheureusement.
Nous savons maintenant pourquoi l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA- PASJ) a fêté en grande pompe ses dix (10) ans de gestion du pays (1992-2002), le 8 juin 2022, (vingt ans après son départ du pouvoir). Sûrement, un deal entre Assimi et l’ADEMA pour la prochaine présidentielle, en 2024.
L’ADEMA-PASJ qui détient les postes de première et deuxième vice-présidence au Conseil national de transition (CNT). On a tout compris, militaires du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), lorsque le président de la transition est le neveu du premier président de l’ADEMA-PASJ. On a tout compris, lorsque la ruche peut se diviser en clans pour soutenir des candidatures indépendantes, comme elle l’a fait avec le général Amadou Toumani Touré. Dix (10) barons ont soutenu le candidat ATT, en 2002. Résultat ? Victoire ! On a compris tout à travers cette promulgation diligente de la loi électorale. Ma déception est trop grande en apprenant la promulgation de la loi électorale par le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, ce jour vendredi 24 juin 2022.
Du 22 septembre 1960 à ce jour de 24 juin 2022, le Mali est à son septième président (Modibo Keïta, le lieutenant Moussa Traoré, lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré dit ATT (1), Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré (2), Ibrahim Boubacar Keïta et Assimi Goïta. Sept (07) présidents en soixante-deux (62) ans de souveraineté nationale dont trois (03) présidents civils et quatre (04) militaires (le général Moussa Traoré, le lieutenant- colonel Amadou Toumani Touré (1), le général ATT (2) et le colonel Assimi Goïta).
Du point de vue historique, trois (03) des présidents portent le même patronyme, Keïta et sont de la même sphère géographique (Modibo Keïta, Ibrahim Boubacar Keïta, Assimi Goïta), les quatre (04) autres (Moussa Traoré; Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré (1 et 2) sont des anciens collaborateurs. Ils ont commun la voyelle(é) à la fin de leur patronyme. Ce qui signifie qu’ils étaient de grand orateur et magicien.
L’astrologue et sage Fily Dabo Sissoko avait prédit que «ni lui, ni Modibo Keïta, ne feront le Mali, ce serait le septième président du Mali, un jeune âgé de 30 à 42 ans qui fera notre pays. Le Mali sera la vitrine du monde entier».
Et depuis, les Maliens attendaient ce jour de 18 août 2020, date de la chute du vieux système (ADEMA-PASJ, RPM, IBK) pour voir enfin leur septième président débout comme un rempart sortir le pays du creux de la vague. Jusqu’à ce vendredi 24 juin 2022, nous avions encore confiance à ce jeune militaire et à son Comité national pour le salut du peuple.
Les cinq (05) colonels, qui ont fait le coup d’État (il faut le dire ainsi), ont certes des ambitions pour diriger le pays un à un. À commencer par Assimi Goïta, président de la transition. Ensuite, Sadio Camara, Malick Diaw, Modibo Koné, Ismaël Wagué. Lorsqu’on dresse un bilan des gestions des pouvoirs civils et militaires, celui des militaires est le plus catastrophique. Le cas du Comité militaire de libération nationale (CMLN) est encore vivant dans nos esprits.
Le CMLN a été un groupe de soldats qui a fait haro sur le patrimoine national et jusqu’ici nous n’avions pas pu nous relever de cette gestion catastrophique. Le bon militaire, c’est le patriote. Or de nos jours, il n’en existe rarement. Il revient au colonel Goïta, de nettoyer les écuries d’Augias, de traquer les délinquants financiers, de rendre à l’État ce qu’on lui a volé afin d’opter pour le changement. Que justice soit rendue.
Le président de la transition et les membres de son CNSP doivent réfléchir par deux fois avant de passer à l’acte. Le CMLN, c’était quatorze (14) membres. Pour des raisons de leadership ou d’ambitions politiques, ils se sont dévorés. Le plus puissant a mangé les autres.
Safounè KOUMBA
Source : Inter de Bamako