Ils se disent prêts à sacrifier leur vie, leurs enfants, la vie de leurs femmes et de leurs parents pour la défense du prophète Mohamed. Les musulmans du Mali qui s’étaient réunis, mercredi 28 octobre 2020 à la grande mosquée de Bamako, ont réagi aux propos tenus par Emmanuel Macron sur la caricature de leur prophète. Tous représentés par le HCIM, ils répliquent avec fermeté, condamnant lesdits propos, et menacent l’économie française.
Après l’attentat meurtrier qui a eu lieu en janvier 2015 contre le journal satirique Charlie Hebdo de Paris, nous voici face à une autre histoire de caricature du prophète Mohamed qui prédomine le monde.
Les présents évènements font suite à des propos tenus par le président français, Emmanuel Macron au sujet de la caricature du prophète. En vue de répliquer, les musulmans du Mali s’étaient rassemblés, ce 28 octobre, à la grande mosquée de Bamako, capitale du Mali. Ce rassemblement organisé par le Haut conseil islamique du Mali (HCIM) a été marqué par la présence de Moussa Boubacar Bah, secrétaire général du HCIM, Mahmoud Dicko, imam de Badalabougou… « Soucieux de la préservation de la paix mondiale, du vivre ensemble entre les peuples et les différentes religions dans le cadre de la diversité et du multiculturalisme, le Haut conseil islamique du Mali a suivi avec gravité, inquiétude et consternation les propos d’Emmanuel Macron sur l’islam et son prophète, qualifiant l’islam de religion de crise mondiale et demandant à ses concitoyens de ne pas arrêter la diffusion des caricatures du prophète Mohamed (PSL) »,explique-t-on dans la déclaration du HCIM.
Ces fidèles représentés par le HCIM n’ont pas hésité à répondre à Emmanuel Macron : « Ce n’est pas l’islam qui a été à la base du génocide rwandais avec plus de 800 000 morts sous l’œil complice de la France. Le HCIM rappelle à Macron que l’islam n’est pas à l’origine de la crise libyenne, mais la politique de la France et ses alliés qui ont conduit à l’assassinat du Guide libyen par les services secrets français, selon Ziad Takiedine.Ce n’est pas l’islam qui a été à la base de la crise ivoirienne faisant 3000 morts en 2010, mais plutôt la politique extérieure de la France ».
Aussi, le Haut conseil tient, via cette déclaration, à préciser au président français la présence d’une « main invisible » qui a toujours été complice du déclenchement de la rébellion au Mali, le 17 janvier 2020, ainsi que la proclamation de la République islamique de l’Azawad à travers des médias d’État français. Venus en nombre suffisant, les défenseurs de l’islam ont été, pour la circonstance, explicites : « Considérant les discours irresponsables, diffamatoires, calomnieux et anti républicains de Macron sur l’islam et à propos de la caricature du prophète visant à détourner l’attention du peuple français face aux problèmes principaux, considérant l’encouragement des Français par Macron à continuer la publication desdites caricatures au mépris des milliards de musulmans avec le plus grand manque de respect à leur égard ».
Les musulmans du Mali se disent ainsi inquiets de l’instrumentalisation des français à des fins politiques des « délits de faciès », dont sont victimes les musulmans, voire les symboles de l’islam en France dans le cadre de la lutte contre le séparatisme. Ainsi, ils ont « fermement » condamné les propos du président français, demandant à Macron de présenter ses excuses à la communauté musulmane du monde entier. Outre cela, le HCIM demande l’interdiction immédiate de toute publication de caricature du prophète Mohamed ; l’arrêt immédiat de la fermeture des lieux de culte musulman et de la dissolution des structures musulmanes en France ainsi que les intimidations à l’endroit des fidèles. À travers le HCIM, les fidèles du Mali sollicitent le renforcement des arsenaux juridiques contre l’islamophobie et toute atteinte aux valeurs religieuses.
Quant aux musulmans du monde, les religieux plaident pour la résistance et la mobilisation pour la cause de ceux vivant en France dans un environnement de « diabolisation de leur foi et de leurs pratiques religieuses ».Et de demander la mobilisation de la communauté musulmane du monde contre le radicalisme international et tout discours de haine et de division.
Enfin, les fidèles demandent, en réaction à ces propos de Macron, aux religieux maliens « de rester mobiliser pour des actions de boycott des intérêts français sur le sol malien.Cela, disent-ils, aussi longtemps que les autorités françaises encourageront la publication des caricatures de leur prophète ».Des actes qui risquent de coûter cher à l’économie de la France.
Mamadou Diarra
Source : Le Pays