Dans la crise politique qui tenaille le Mali depuis un mois, il y a désormais, fait rare, une belle unanimité à désigner le coupable. Acteurs maliens et médiateurs de la communauté internationale sont à l’unisson pour dire que les raisons qui ont amené les Maliens à se soulever sont incontestablement justes et que la mal gouvernance ne saurait être nulle part au monde une exception tolérable, encore moins acceptable.
Ibrahim Boubacar Keïta, aux yeux de l’opinion publique nationale et internationale n’est donc pas un bouc émissaire que l’on veut perfidement charger de tous les péchés du Mali. Il est bien le coupable de la démolition progressive de tous les acquis nationaux, de 1960 à nos jours. Entre autres crimes sur lesquels sa propre conscience l’interpelle en attendant les sanctions de l’histoire et les sentences de la justice immanente, la faillite de l’école publique et de l’éducation nationale, le démantèlement méthodique de la vaillante armée nationale du Mali qui, sans manquer d’humilité, pouvait partout bomber le torse dans la sous-région, la faillite de la sécurité dans les villes comme dans les campagnes au point que le Mali est devenu un cimetière à ciel ouvert, la dilapidation effrénée des biens et deniers de l’État, la justice sélective qui laisse en foire les délinquants à col blanc coupables de vertigineuses surfacturations pour s’agripper au cou de petits délinquants. Ce n’est pas tout. Le président de la République, après avoir prêté serment, au lieu d’être le garant de l’intégrité du territoire national et de la sécurité des personnes et de leurs biens, a préféré pactisé avec l’ennemi de la patrie par des compromissions avec la C.M.A. ouvertement séparatiste, sécessionniste et indépendantiste. Un parjure inouï aux conséquences futures dramatiques car le retour de Kidal dans le giron souverain du Mali ne se fera qu’au prix de colossaux efforts diplomatiques et peut-être aussi, malheureusement, au prix de fâcheuses opérations de reconquête militaires. Chacune de ces fautes graves constituent des motifs de disqualification d’un homme à continuer d’assumer les plus hautes fonctions de l’État, mais aussi des raisons pour le confondre de parjures, avec tout ce que cela implique aux plans politique et judiciaire. Au regard de tout ce qui précède, la réclamation par les citoyens de la démission d’IBK et de son régime est largement justifiée et légitime. C’est loin d’être un geste de sacrifier un agneau pour une cause secondaire.
Un coupable face à son Peuple
Il y a donc, très clairement, un coupable face à son peuple trompé, trahi, volé. La communauté internationale, dans l’affaire, a choisi de fermer les yeux sur les turpitudes du Président pour faire pression sur le peuple à travers ses leaders. On peut le comprendre, c’est au plus fort que l’on demande de faire preuve de flexibilité. Quitte à faire violence sur lui-même, le M5-RFP a donc accepté d’analyser les offres des négociateurs non maliens. Mais voilà, pour empêcher le diable d’effrayer afin d’agir comme il veut, il faut lui enlever ses cornes. Attitude sage certes, mais risquée puisque le diable a toujours plus d’une flèche à son arc. Au sein du M5-RFP, qui a majoritairement accepté de circonscrire les velléités d’IBK en lui ôtant toutes possibilités d’agir tel un demi-dieu lâché dans l’arène, il y a de fortes résistances. N’empêche, des propositions hardies ont été formulées. L’imam Mahmoud Dicko les a transmises. Mais IBK est dans sa logique de “seul maître à bord”, “d’empereur de droit divin” et on ne sait pas quoi encore. Le M5-RFP n’a fait qu’accéder aux propositions de la communauté internationale : dissolution de l’Assemblée nationale et de la Cour constitutionnelle, notamment. Pour le reste, garde-fou nécessaire, le front patriotique exige de choisir un Premier ministre doté des pleins pouvoirs et qui représentera le Mali partout dans le monde alors qu’Ibrahim Boubacar Keïta se contentera d’être un fétiche pas tutélaire à Koulouba.
Le malfaiteur dicte sa sentence au tribunal
Malheureusement, selon les indiscrétions qui s’échappent des cercles du pouvoir, IBK ne veut rien de tout cela. Il veut demeurer tout puissant avec les prérogatives d’un président normal. C’est le malfaiteur qui dicte sa sentence au tribunal qui le juge. IBK est même à la manœuvre pour déstabiliser le M5-RFP. Ses équipes secrètes développent des actions d’intoxication véhémentes pour démoraliser les démocrates. Par exemple, on fait circuler que 16 milliards de francs CFA ont été remis à des responsables du M5-RFP pour qu’ils laissent tomber la lutte. Tout est fait pour salir particulièrement le nom et l’honneur de l’imam Mahmoud Dicko. Ce coup de Jarnac, fort heureusement, ne fait pas mouche. Aux quelques nigauds qui balancent l’ineptie sur les réseaux sociaux, la réplique est vite donnée par divers moyens de communication par le front patriotique.
C’est sur ces entrefaites que la conférence de presse du M5-RFP est intervenue ce mercredi, 1er juillet, pour couper court à toutes les folles rumeurs. Pratiquement, une semaine est donnée à IBK pour répondre clairement aux Maliens et à la communauté internationale. Le peuple est invité, le cas échéant, à monter sur les remparts le vendredi, 10 juillet, pour une action plus décisive. Celle-ci consistera à occuper dans les villes comme dans tous les départements, les administrations, les préfectures et les sous-préfectures, les sièges du pouvoir, etc. Ibrahim Boubacar Keïta tombe ainsi dans son propre piège. Il croyait peut-être avoir le peuple à l’usure, peut-être aussi comptait-il sur de remuants boute-en-train jurant de le défendre avec son régime. À côté du fossé, la culbute, dit le proverbe français. Ce que Ibrahim Boubacar Keïta n’a pas compris, c’est que le peuple conscient, des multiples injustices contre lui, ne pouvait laisser aucune marge à l’imam Mahmoud Dicko et au M5-RFP pour abandonner la lutte de libération. Dans l’esprit de tous, prévalait le mot de l’illustre écrivain allemand, Johannes Wolgang Goethe : Ce n’est pas assez de faire des pas pour un jour aboutir au but, mais il faut que chacun des pas soit lui-même un but”. Le but, c’est le Mali éternel.
Amadou N’Fa Diallo
Source : L’aube