Quatrième audience publique de la CVJR : Les victimes pardonnent, réclament justice et réparation

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Ousmane Oumarou Sidibe
Ousmane Oumarou Sidibé

La quatrième audience publique de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) s’est tenue le samedi 18 septembre 2021, au CICB. C’était sous la présidence du ministre de la Réconciliation, de la paix et de la cohésion nationale, Colonel-major Ismaël Wagué, en présence des membres du cabinet du Premier ministre et de plusieurs membres du gouvernement.

Cette quatrième audience portait sur trois thèmes : « Atteintes au droit à la liberté», «Atteintes au droit à la vie et à l’intégrité physique, torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants» et «Les disparitions forcées ». Au cours de cette journée, 17 victimes, dont quatre femmes, se sont présentées devant les commissaires du CVR pour être entendues.

Ainsi, ces victimes ont eu à faire des témoignages tristes et pathétiques à la fois, en tout, dix témoignages individuels et sept collectifs, dont un cas emblématique. Il s’agit de celui des ayants droit et victimes du coup d’Etat de 1967 contre feu l’ancien président Modibo Keïta. En effet, au cours de son allocution, le ministre Ismaël Wagué a fait savoir que le Mali adhère pleinement à l’esprit de la déclaration universelle des droits de l’Homme, notamment son article 3.

Ainsi, il dira que c’est pourquoi, il tient à affirmer au nom des autorités de la transition, la condamnation sans réserve des violations des droits de l’Homme quels que soient leurs auteurs. « Nous condamnons fermement toutes les atteintes aux droits de l’Homme, en particulier celles qui font l’objet des audiences publiques de la CVJR », a déclaré le ministre.

Dans son intervention, le président de la CVJR, Ousmane Oumarou Sidibé, a indiqué que les trois thèmes qui feront l’objet de témoignages aujourd’hui illustrent à suffisance la gravité des violations des droits de l’Homme et leurs conséquences sur les victimes et leurs proches, ainsi que sur le vivre ensemble.

Pour sa part, la représentante des victimes, Mme Fatoumata Touré, a salué les efforts de la CVJR pour l’organisation réussie des différentes audiences publiques. Selon elle, ces audiences sont très importantes pour eux, les victimes.

A l’en croire, elles leur accordent l’espace afin d’apaiser leurs cœurs, de recevoir la reconnaissance aux yeux des autorités et de la population malienne, à travers leurs récits de vie. Et c’est ce qui a été le cas du témoignage collectif de Gaoussou Diarra, Maître Mariam Diawara et Aboubacar Héros Sissoko.

Ainsi, la nature de la violation subie concerne les atteintes au droit à la liberté et atteintes au droit et à l’intégrité physique et psychologique. Ces violations ce sont passées à Bamako et à plusieurs localités du pays dont Kidal, vers les années 1968. Ces violations perpétrées par des auteurs institutionnels ont eu pour conséquences des violations telles que : la stigmatisation, la dislocation des familles, la discrimination, la destruction des biens etc. Selon les témoignages, ces violations surviennent au lendemain du coup d’Etat du 19 novembre 1968 ayant renversé le régime du Président Modibo KEITA, occasionnant son arrestation et celle de 40 autres cadres de l’administration, de ses compagnons et collaborateurs dont leurs propres parents. Ils ont été détenus arbitrairement dans un premier temps à la permanence du parti puis déportés un peu partout dans le pays. Pendant leur détention, ils ont subi plusieurs types de violations graves des droits de l’Homme tels que les tortures, traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Leurs parents ont passé dix ans en détention puis libérés sans être jugés. En plus des conséquences ci-dessus citées, certaines femmes victimes ont été privées d’observer leur veuvage. C’est la raison pour laquelle elles ont décidé de participer à cette audience publique afin de partager leur souffrance avec le peuple Malien et la communauté internationale. 40 ans plus tard, les victimes pardonnent, demandent justice et réparation, ainsi que la cohésion entre les Maliens.

Ousmane Baba Dramé

Source : Le Républicain

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