Quels horizons pour le HCUA à la veille de son grand congrès ?

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Le congrès du HCUA qui se tiendra du 26 au 29 octobre à Kidal est l’occasion pour l’organisation d’adapter son programme et ses méthodes à la nouvelle donne malienne.

Le HCUA tiendra congrès à Kidal ce 26 et annonce la discussion d’un ambitieux plan de réforme. Les responsables n’hésitent pas à évoquer à huis clos la possibilité que le Groupe Armé Signataire devienne un parti politique afin de présenter des candidats crédibles aux prochaines élections. D’autres évoquent une rupture plus franche et nette avec Ansar Eddine, ainsi que la mise en place de mécanismes permettant aux jeunes qui se sont fourvoyés dans le terrorisme de regagner leurs pénates. La coopération avec la PF et certains autres groupes autrefois radicalement opposés est aussi évoquée. Le HCUA est la locomotive de la CMA, c’est pourquoi sa réforme potentielle pourrait tout changer et amener une nouvelle donne dans notre pays, pour qu’il n’y ait plus d’un côté les tenants d’un Azawad mythique et de l’autre les défenseurs d’un Mali bien réel !

Bien entendu, ce congrès peut aussi se résumer à une série de festivités où chacun sortira perclus de ses propres convictions, sans vrai changement. Car soyons direct, le HCUA est avant tout très fort en déclarations, mais peine à échapper à ses origines et aux compromis auxquels elles ont mené. De la sorte, l’ONU a encore épinglé l’organisation pour son respect à géométrie variable de l’APR. Un autre exemple, le refus de normaliser le fonctionnement de Kidal notamment en termes d’inclusivité. Enfin, et surtout, la grande indulgence de cette organisation envers leurs anciens frères d’armes d’Ansar Eddine. Rejeter le terrorisme à l’assemblée est une chose, c’en est une autre de le faire au quotidien.

Mais n’ayons pas pour autant une approche manichéenne de cette épineuse question, Kidal et l’Adrar sont là depuis des siècles, et certains fonctionnements ne disparaîtront pas de sitôt. Cependant, l’enjeu demeure : le HCUA veut-il rester dans l’histoire comme un groupe communautaire qui aura mené un combat d’arrière-garde au nom d’une fraternité d’arme mille fois trahie depuis 2012, ou sera-t-il vu comme la fondation sur laquelle le Nord aura pu construire sa maison au sein du village Mali ?

Si c’est l’option constructive qui émerge du congrès, il n’est pas déraisonnable d’imaginer le futur parti comme une construction qui ne serait ni communautaire ni régionale, mais en faveur de la liberté de vivre selon les modèles dont on a hérité et que l’on a choisi, le parti qui portera l’amour d’une terre et le respect des individus dans leurs traditions en offrant une opposition politique qui ne serait pas issue des milieux politiciens de la capitale aux 250 partis.

Dans l’immédiat, c’est bien entendu l’enjeu sécuritaire qui sera le moyen de mesurer la réussite et surtout la réalité de la transformation du HCUA. L’enjeu d’abord du rejet définitif d’Iyad Ag Ghali par Elghabass Ag Intallah en dépit de leurs liens communautaires et personnels. Ensuite, la reconnaissance que la lutte doit se déplacer du champ militaire au champ politique : concrètement, favoriser et accompagner le retour de l’administration pour enfin lever le blocage autour de l’exception kidaloise. Enfin, faire que le HCUA se place comme un exemple et un médiateur, qui permettra aux anciens GAT de déposer les armes au Mali et de revenir à la vie civile. Ceci peut être réussi en utilisant les proximités historiques et familiales comme autant de canaux vers la justice et la réconciliation.

Idrissa Khalou

Source Malijet

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