Ravec : Le parcours du combattant

0
162
Fousseyni Diarra, Directeur Général du centre du RAVEC
Fousseyni Diarra, Directeur Général du centre du RAVEC

Pour être enrôlé afin d’avoir sa carte Nina, il faut être tenace et endurant. À défaut, il faut mettre la main à la poche

Depuis 5 heures du matin, Michel Kamaté, la vingtaine, se trouve dans la file d’attente devant le centre du Recensement administratif à vocation d’état civil (Ravec) de la mairie de la Commune VI. Le jeune homme veut se faire enrôler pour avoir sa fiche descriptive individuelle, qui remplit la fonction de la carte Nina.
Ce mardi du mois de juin, il est environ 11 heures, son dossier n’est toujours pas traité. Pourtant, beaucoup d’usagers, venus après lui, ont pu être enrôlés. «Nous sommes au nombre d’une dizaine de personnes qui ont été retenues sur une liste d’une soixantaine. Je pense que si on avait procédé par ordre d’arrivée, nous aurions été enrôlés depuis longtemps», fulmine le jeune Kamaté.

Comme Michel Kamaté, nombre de nos compatriotes vivent le calvaire, ces derniers temps, pour pouvoir accéder au Ravec, devenu incontournable dans le quotidien des Maliens. Sans ce document, l’on ne peut plus avoir le passeport, ni participer à certains concours. Il constitue également le seul moyen de figurer sur la liste des électeurs et à avoir la carte Nina (Numéro d’identification nationale). C’est pourquoi, nos concitoyens sont nombreux chaque jour à se rendre de très bonne heure dans les mairies où opèrent les équipes du Ravec. Ces équipes sont chargées de recenser, sur présentation de l’acte de naissance, les personnes non encore enrôlées. Elles mettent à jour aussi les données biométriques des nouveaux majeurs (photos et empreintes) et reçoivent les réclamations pour corriger les informations erronées sur la carte Nina. Parallèlement, il existe dans ces municipalités, une Cellule technique d’accueil citoyen (Ctac) où nos compatriotes peuvent retirer leurs fiches descriptives individuelles.

Cependant, ces derniers temps, il ne suffit plus de se réveiller tôt le matin pour voir son dossier traiter par les agents chargés du recensement. Mais, il faut avoir des relations, confie un jeune homme que nous avons rencontré à la mairie de la Commune VI. Pour être sur la liste du jour, notre interlocuteur affirme être passé par son grand frère, un agent de la mairie. Ce dernier, à son tour, a fait intervenir un responsable en sa faveur. Notre interlocuteur explique avoir fait ce recours après avoir tenté «personnellement» plusieurs fois sans succès.

DÉLIER LES CORDONS DE LA BOURSE- Dans ce service, nous avons pu constater que nombre de nos compatriotes ont dû passer par les agents de la municipalité pour leur enrôlement. Sur place, nous avons tenté de savoir si ces derniers payent « quelque chose » à ces intermédiaires. Sans succès. Cependant, un jeune homme, qui a requis l’anonymat, affirme avoir «engagé» 10.000 Fcfa par le biais d’un agent de la mairie pour être en possession de la fiche descriptive individuelle de sa femme. Notre interlocuteur explique qu’un jour, son épouse est partie trouver du monde dans la municipalité. La dame a appris qu’avec 10.000 Fcfa, l’on pouvait avoir rapidement sa fiche.

Source : L’Essor

Laisser votre commentaire