À Beni, dans l’est de la RDC, la matinée a été violente. Après avoir appris qu’une nouvelle tuerie avait eu lieu dans la nuit, des habitants s’en sont pris au bâtiment de la mairie.
La colère est montée d’un cran ce lundi matin avec l’annonce d’un nouveau massacre dans le quartier de Boikene. Huit personnes au moins ont été tuées dans la nuit. Peu après, le bâtiment de la mairie de Beni a été incendié vers neuf heures ce matin par des habitants à bout de nerfs. Cela fait déjà depuis jeudi que la population manifeste son exaspération face aux attaques à répétition attribuée au groupe armé ADF.
La situation est extrêmement tendue dans la ville où l’on rapporte des tirs nourris à proximité de deux bases des Nations unies. Les manifestants ont réussi à entrer dans l’une des unités de la Monusco et ont emporté du matériel avant l’intervention de la police congolaise qui a tiré à balles réelles pour tenter de contenir les manifestants.
Contre la « léthargie » de la Monusco
Difficile d’établir un bilan clair pour l’instant concernant les manifestations de la matinée qui sont toujours en cours, même si des témoins sur place parlent de blessés par balles. En revanche, un militant de la Lucha, Obadi Muhindo, a été abattu samedi par la police alors qu’il manifestait contre la « léthargie » de la Monusco.
Une situation que dénonce aussi Ghislain Muhiwa, autre militant de la Lucha : « C’est une demande urgente que nous lançons en tant que citoyens, en tant que souverains premiers pour dire à la Monusco de s’associer le plus vite possible à l’armée. Et c’est le message de tous les citoyens aujourd’hui, qui sont indignés, qui manifestent partout dans les rues de Beni, dans les rues de Butembo ou de Oïcha, pour dire la Monusco doit aussi être sur le front avec l’armée. Et si cela n’est pas fait, elle doit partir. Et c’est ça le message. Et le message même qu’Obadi, notre camarade, portait, c’était celui-là. »
« Bouc émissaire »
De leur côté, les responsables de la Monusco dénoncent une campagne de « désinformation », qui place les casques bleus dans une position de « bouc émissaire ». La Monusco regrette notamment ne pas avoir été associée à la planification de l’opération lancée unilatéralement par les FARDC, l’armée congolaise, le 30 octobre dernier. Reste que l’un des mandats principaux de la Monusco est bien de protéger les civils à bout, face à la recrudescence des attaques.
Source : Rfi