La sortie médiatique de l’ex première dame, Adame Ba Konaré, a suscité la réaction du chercheur civilisationisteSylvain Ère Sangala qui, dans un droit de réponse, a fustigé l’ethnicisation du discours par la marraine de Tapital Pulaaku. Sangala parle même « de la malhonnêteté intellectuelle ».
Le message d’Adame Ba Konaré aux Peuls concernant le massacre d’Ogossagou, même s’il a été apprécié par certains, a bien touché d’autres. L’ethnicisation du discours, l’utilisation de certains termes comme «épuration ethnique » par l’ex première dame ont fait réagir Sylvain Ère Sangala, un chercheur civilisationiste. « Je me dois d’intervenir lorsque vous et d’autres élites voulez ethniciser le discours dans le contexte actuel du Mali », lit-on dans le droit de réponse du chercheur à Adame Ba Konaré. Pour lui, partout où la question ethnique a dominé le débat, cela avait contribué à saper l’unité nationale avant de citer certains cas de guerre civile ou même génocide. L’expression qui a beaucoup touché le civilisationiste, c’est « l’épuration ethnique ». Ce mot est, selon lui, trop fort. « Vu votre statut, je crois qu’il vous est impératif de faire preuve d’objectivité et de retenue surtout que vous êtes écoutée et respectée de tous. Sinon ça s’appelle de la malhonnêteté intellectuelle », écrit-il en réponse à Adame Ba Konaré. Il n’en décolère pas et dit clairement : « Vous confondez l’émotivité et la réactivité madame et vous avez une lecture biaisée de la situation actuelle dans le pays Dogon ».
À en croire Sylvain Ère Sangala, l’aspect que Mme Adame Ba Konaré ne fait pas ressortir dans son discours, c’est que Ogossagou est un village Dogon où vivent les peuhls, Dogons mais aussi d’autres communautés et que le chef du village est un Dogon. « À Ogossagou existait une milice Peuhl aux moments des faits et les enquêtes des élus locaux ont démontré que 80% des victimes étaient les membres de cette milice », lit-on dans le droit de réponse du chercheur qui interroge l’ex première dame : « Pourquoi ne dites-vous pas que ce sont les membres du mouvement de la libération du Macina qui ont attaqué le village de Ogossogou selon les rescapés ? Sans aucune preuve vous sacrifiez toute une communauté sur le plateau de l’opinion nationale et internationale. Est-ce une preuve de bonne foi? ». M. Sangala va loin en demandant des preuves sur l’implication de Dana Amassagou dans l’attaque contre ce village.
À ses dires, une pièce d’identité appartenant à « un milicien peuhl » tué a été retrouvée sur les lieux et Adame Ba n’en a pas parlé dans son message.
À entendre Sylvain Sangala, le chef de village d’Ogossagou est un Dogon et qui a été massacré avec toute sa famille ainsi que beaucoup d’autres Dogons. « Pourquoi ne dites-vous pas que le chef de village (Dogon) de Ogossagou a été massacré avec toute sa famille, aussi bien que le quartier dogon? Pourquoi ne dites-vous pas que parmi les victimes il y avait les membres des autres communautés ? », demande-t-il à la professeur.
Pour le jeune chercheur, Pr Adame Ba Konaré doit, en tant que chercheur, faire preuve d’objectivité dans ses écrits. Elle doit aussi, selon lui, en tant que ex première dame « mère de la nation », avoir le devoir moral de traiter tous ses enfants sur le même pied d’égalité et surtout de dire la vérité. « Vous avez le devoir de respecter la mémoire de toutes les victimes de Ogossagou y compris les peuhls que vous prétendez défendre en proférant des contre-vérités qui n’apaisent ni l’âme des disparus ni le cœur de leurs parents », crache-t-il sa vérité à Adame Ba Konaré.
Aux dires du jeune chercheur, son message aussi est valable pour tous ceux qui veulent profiter de la faiblesse de l’état malien pour régler leur compte (politique) sans se soucier du sort des pauvres innocents. « L’histoire retiendra votre malhonnêteté ! Il est clair que derrière cette attitude victimaire se cache une ambition politique de la part de certaines personnalités », lit-on dans son droit de réponse avant d’ajouter : « En attendant, c’est le cercle de Bankass qui paye le prix fort de leurs ambitions démesurées pour le pouvoir et ses prestiges ».
Boureima Guindo