Réactions suite au passage du PM devant le CNT : Un bilan plus que mitigé

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Choguel Kokalla Maiga devant les membres du CNT, jeudi 21 avril 2022.
Choguel Kokalla Maiga devant les membres du CNT, jeudi 21 avril 2022.

Seydou Sangaré, secrétaire général de la Convention pour une démocratie participative et solidaire CDPS

Mon constat sur le passage du Premier ministre (PM) Dr Choguel Kokalla Maïga remonte à la déclaration du président du Conseil National de la Transition (CNT), Malick Diaw : « les échanges en cours avec la CEDEAO ne devraient en aucune manière constituer un facteur de blocage de notre processus de refondation de l’Etat ». Depuis cette déclaration, nous avons remarqué sur les réseaux sociaux deux peuples : un peuple qui soutient le PM et un autre qui l’interpelle. Partant de ce constat, j’ai compris que les Maliens sont toujours dans la personnification du pouvoir, c’est-à-dire le culte de la personnalité. Heureusement, cette interpellation du PM prouve à suffisance qu’il n’y a qu’un seul peuple malien, représenté selon le contexte actuel du pays par les membres du CNT.

En effet, le président du CNT estime, comme tout bon nombre de maliens que le processus de la refondation du Mali tant promis au peuple traine entre les mains du PM. C’est dans ce cadre qu’à l’ouverture de la session, le président du CNT a publiquement rappelé le PM de son devoir de rentabilité qui est un principe sacré de la gouvernance.

Rappelons-nous que  le PAG a fait l’objet d’adoption le 02 août 2021 par les membres du CNT avec 102 voix pour, 02 voix contre et 09 abstentions. Le CNT s’est il rendu compte que le PAG du PM était de la poudre aux yeux ?

Je pense que oui, car le leadership du PM est plus populiste que travailleur, après 10mois à la tête de la primature. Je pense que c’est ce que le président du CNT a voulu dire : « nous ne sommes pas dans cette transition pour le plaisir et nous n’entendons pas non plus la laisser dérouter. Aujourd’hui plus que jamais, nous sommes déterminés à donner notre vie s’il le faut pour préserver l’intégrité et le renouveau du Mali »

Pouvons nous assister à un possible divorce entre le militaire et le politique ? Je pense que oui, car ce pouvoir d’exception incarne toutes les possibilités. Les militaires savent pourquoi ils ont sacrifié leurs vies. Au sein du parti, la Convention pour une démocratie participative et solidaire -CDPS, nous sommes convaincus que les acteurs militaires ont sacrifié leurs vies pour une cause juste et salutaire pour la survie de notre pays. A ce titre, ils méritent le soutien et l’accompagnement indéfectibles de tout le peuple.

Parmi les quatre axes, seulement le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national est un succès. Quant aux autres, les réformes politiques et institutionnelles, l’organisation des élections générales, la promotion de la bonne gouvernance et l’adoption d’un pacte de stabilité sociale ne sont pas exécutés comme le PM lui-même l’avait dit que le Mali est un grand corps malade qui a besoin d’une thérapie.

En somme, mon analyse sur cette interpellation est d’une part, que même dans une transition, la relative séparation des pouvoirs est respectée et que le peuple a encore cette possibilité de contrôler l’action gouvernementale à travers ses représentants et d’autre part, que ce grand corps malade est toujours à la recherche d’une thérapie, que les maliens sont toujours dans les guerres claniques.

VIVE UNE TRANSITION REUSSIE POUR QUE VIVE LE MALI !

Nia Dialla Keïta, journaliste : ” Choguel s’est bien défendu, mais elle reconnaît que le résultat est faible”

Dans la défense de son Programme d’action gouvernemental (PAG), Je pense que le Premier ministre Choguel kokalla Maïga s’est bien défendu, mais il faut reconnaître que ses résultats sont faibles. S’il s’agit de faire un bilan comme Choguel lui-même évalue à de 80% de réalisations, je crois que son bilan est mitigé. Le constat est concret et nulle part on ne peut pas dire que ces réalisations sont à hauteur de 80 %. Si vous prenez aujourd’hui les maux du Mali, j’estime qu’ils sont très énormes pour nos plus hautes autorités. Mais qu’à cela ne tienne; nous devons savoir qu’un gouvernement de transition est un gouvernement de mission avec des objectifs détaillés et précis dont l’organisation des élections libres et transparentes pour le retour rapide à l’ordre constitutionnel, afin que notre pays puisse se retrouver dans le concert des Nations. Mais, on déplore aujourd’hui comme quoi, ce n’est pas leur première mission.

Non pas pour des intérêts personnels, mais le Gouvernement de transition doit s’atteler à relever des défis liés au commerce, à l’économie, à l’éducation, à la santé etc. À ces niveaux, nous pouvons dire que rien a changé. C’est toujours le même scénario. J’apprécie tout de même le plan sécuritaire sous deux aspects. C’est d’abord d’avoir dit à la France que sa présence sur le sol malien durant au moins 10 ans n’a pas contribué jusqu’au jour d’aujourd’hui à la stabilisation du Mali. Le deuxième aspect a également été d’avoir poussé la France à changer, sinon à quitter le Mali en disant au moins à la France les problèmes dont souffrent les Maliens.

Sur les plans politique et diplomatique, Choguel n’a fait qu’enfoncer le Mali qui a toujours des problèmes. Pour les résoudre, le Mali n’a aucun moyen pour faire face ses défis. Dans ce cas, il est impérieux d’aller avec la plus grande prudence, afin de trouver des solutions avec la CEDEAO et la Communauté internationale, mais malheureusement tel n’est pas le cas, depuis un long moment. Et cela malgré les multiples visites du médiateur de la crise du Mali avec l’institution sous-régionale, Goodluck Jonathan. En plus de cela, Choguel kokalla Maïga n’a jamais été un Premier ministre rassembleur avec la classe politique malienne. Ce qui est très déplorable pour l’avenir d’un pays, quand on sait que l’organisation des élections libres et transparentes en dépend et ne peut aller sans une classe politique participative.

Il est vraiment temps qu’il se ressaisisse maintenant pour faire face aux autres défis sinon, à mon avis, il est très loin du bon chemin.

Dr Abdoul Karim Diamoutené, président du MDJS: ” Le passage du PM devant le CNT était nécessaire pour informer les maliens du bilan de son PAG”

Le fait pour le PM de passer devant le CNT était plus que nécessaire. Puisqu’il avait présenté un PAG dont il a la responsabilité de la mise en œuvre, c’est donc une obligation pour lui de passer devant l’instance nationale d’évaluation de la politique gouvernementale. Surtout dans cette situation de crise multiforme, cette évaluation devrait permettre au peuple de savoir s’il est sur une bonne pente ou non. Puisque le passage devant le CNT donne l’opportunité d’un échange franc entre le PM et les membres du CNT, ce sera donc l’occasion pour lui de se faire une opinion de l’appréciation du peuple vis à vis de sa politique. Ainsi Les informations recueillies lui permettront d’améliorer les futures démarches. Franchement, il était temps qu’on sorte des discours pour aller vers le concert dans tous les secteurs, excepté la sécurité qui a impressionné les maliens à travers les progrès remarquables.

Quand au manque de résultats sur les autres axes, je ne suis pas tout à fait surpris. Normalement, des instructions et des schémas clairs devraient être donnés aux autres services conformément aux orientations du PAG. La réalité est que les mêmes pratiques de mauvaise gouvernance ont continué comme sous l’ancien régime. Le PM a évoqué l’hostilité de l’environnement qui expliquerait ce résultat, ce qui n’est pas convaincant. Les départements sont autonomes et certaines actions ne nécessitent pas forcément la mobilisation de ressources supplémentaires. Par exemple, la promotion du mérite et l’amélioration du processus de recrutement dans les services (CANAM, EDM, Logements sociaux, Police,…) n’est liée ni à la mobilisation de ressources additionnelles, encore moins au contexte de crise auquel il fait allusion. Je m’attendais à des propos beaucoup plus clairs qui nous édifieraient sur les actions et des échéances précises. Il est resté dans ces professions de foi comme il a le secret. Comment comprendre que durant tout ce temps, on est encore dans la réflexion sur l’applicabilité des réformes et les dates d’exécution. Nous savons que le PM à le verbe facile. Nous attendons de lui qu’il prouve qu’il est un véritable travailleur capable de réformer.

Moussa Coulibaly, diplômé sans emploi à Kabala-est: ” Le PM et son gouvernement ont un bilan positif”

Il faut reconnaître que le gouvernement malien a beaucoup travaillé depuis son arrivée aux affaires. Le plan sécuritaire a été beaucoup amélioré car les attaques ont diminué et la peur a changé de camp. L’ennemi se cherche désormais. Ce gouvernement s’est attaché à acheter les matériels et équipements militaires. Pour le reste des secteurs, il serait difficile d’évaluer car la communauté sous régionale a sanctionné le Mali avec cet embargo illégal et injuste. Le PM, Dr Choguel Kokalla Maïga s’est bien défendu. Cette interpellation prouve à suffisance la sincérité dans le travail des membres du gouvernement et ceux du Conseil National de Transition. Pour moi, il n’y a pas eu de vainqueur ni vaincu car cette interpellation n’avait d’autre objectif que de bien travailler en contrôle d’action gouvernementale.

Je demande aux Maliens de se donner la main pour travailler afin de relever les défis qui sont énormes.

 

Interpellation de Dr Choguel par le CNT: Que de critiques

Le Premier ministre, Dr Choguel K Maïga était face aux membres du Conseil National de Transition le jeudi passé pour défendre le bilan de son Programme d’Action Gouvernemental (PAG).

Les travaux de cette séance de questions d’actualité étaient dirigés par le Président du CNT, Malick Diaw, en présence des autres membres du CNT, du Premier ministre, Dr. Choguel K. Maïga et son gouvernement.

Le Président du Conseil National de Transition, le colonel Malick Diaw, lors de la cérémonie d’ouverture de la session ordinaire d’avril disait que les maliens avaient envie de savoir le bilan du PAG par conséquent que celui- ci va passer devant les membres du CNT dans un bref délai.

Cela avait créé la panique du côté de certains membres du gouvernement mais au finish, il y a eu peur de mal car le Premier ministre a convaincu les conseillers dans ses éléments de réponse

Pour planter décor de cette longue journée, le rapporteur de la Commission des Lois constitutionnelles, de la Législation, de la Justice, des Droits de l’homme et des Institutions de la République du CNT, M. Boubacar N. Diallo s’est appesanti  sur les 4 axes (sécurité, réformes, élections, gouvernance) du PAG du PM.

Pour lui , à part le premier axe (sécurité), des efforts restent à faire dans les autres axes. Il a ensuite félicité le Gouvernement pour la montée en puissance de l’armée. Malgré les résultats de l’armée sur le terrain et les nouvelles acquisitions d’équipements militaires, il plaide pour l’accélération du  recrutement. Avant d’ajouter que sur 8 actions liées à la mise en œuvre des réformes politiques et institutionnelles, seule la tenue des ANR est actée et la mise en  œuvre intelligente de l’accord pour la paix et la réconciliation.

La poursuite du processus de réorganisation territoriale ; La révision Me Boubacar N. Diallo a indiqué que le chronogramme du PAG qui fixait la réalisation de ses actions de juin 2021 à février 2022, n’a pas été respecté.

Il a fait savoir que les élections apparaissent ainsi comme le baromètre de la réussite de la transition. « La transmission au CNT du projet de loi portant loi électorale ne peut nullement être considérée comme synonyme de création de l’AIGE (Autorité Indépendante de Gestion des Elections). Il s’agit aujourd’hui encore de projet qui aurait pu être adopté sachant que son dépôt sous le n° 21-81 CNT est intervenu le 06 décembre 2021, soit onze jours avant la clôture de la session d’octobre. Mieux, le gouvernement pouvait convoquer une session extraordinaire à cet effet. Ce qui n’a pas été le cas. A ce jour, les élections ne sont pas à l’ordre du jour, faute de chronogramme», a souligné l’orateur. Sur la promotion de la bonne gouvernance et l’adoption d’un pacte de stabilité, dit-il, la dynamique de rupture et d’exemplarité requiert une lutte implacable pour combattre la corruption et l’impunité qui sont à la base de la déliquescence de l’Etat, la détérioration du climat social, l’injustice sociale et la fracture entre communautés. « Le chronogramme de Juin 2021 à février 2022 pour la mise en œuvre des actions de cet axe n’a pas été respecté et les résultats escomptés ne sont pas atteints. A la lumière de ce qui précède, le Plan d’Action décliné en 09 objectifs assortis d’un chronogramme détaillé de mise en œuvre, avec un coût estimatif de 2 050 063 000 000 FCFA, tenant compte des délais temporels de la Transition, peine à convaincre, sinon à satisfaire tout simplement les attentes des populations. Le constat est une auto-satisfaction du gouvernement non partagée. A titre d’illustration, le rapport de suivi-évaluation du PAG 2021-2022 pour la période septembre à novembre 2021 atteste que sur 62 actions prévues : 21 ont été totalement réalisées, soit 33,87% ; 22 sont en cours de réalisation, soit 53,23% et seulement 08 n’ont pas été réalisées, soit 12,90% », a-t-il conclu. Tous les autres intervenants comme Mme Raki Talla Diarra, Dina Dolo, Adama Fomba, Mme Haïdara Aïchata Cissé, Amadou Maïga, Oumar Z. Diarra, Youssouf Z. Coulibaly, Ramata Diaouré, ont invité le PM à œuvrer davantage dans la mise en œuvre du PAG. Il faut noter Nouhoum Sarr a affirmé que le bilan du PM est mitigé. Pour lui il a 3/10, une note qui équivaut à un renvoi d’un élève si l’on était à l’école.

En guise de réponse aux différentes questions posées par lesmembres du CNT, le Premier ministre, Dr. Choguel K. Maïga s’est dit heureux du fait que tous les maliens sont d’accord  de la montée en puissance des forces armées maliennes (FAMa).

Il affirme que les discussions continuent avec la CEDEAO afin de trouver un compromis sur le délai de la transition et la levée des sanctions contre le Mali. Le premier ministre n’a pas manqué de noter que la dépolitisation de l’administration est en cours. “Il y aura l’élaboration de la Constitution dans les six mois à venir” affirme Dr Choguel, Avant de signaler que l’Organe unique de gestion des élections sera opérationnel 8 mois après l’adoption du projet de loi électorale par le CNT.

Pour le Premier ministre, Dr. Choguel K. Maïga, la crédibilité́ de l’ensemble du processus électoral constitue un axe stratégique du Gouvernement de transition. Dans cette perspective et à l’effet d’apporter une solution durable à cette importante question, le Gouvernement a décidé́, à partir de la base de données du RAVEC, de doter les Maliens d’une carte nationale d’identité́ biométrique sécurisée. A ses dires, dans les 24 mois à venir, il y aura un scrutin référendaire, présidentiel, législatif et territorial.

Pour ce qui est des audits, plusieurs ont été déjà réalisés et transmis aux plus Hautes autorités. Il s’agit entre autres de l’audit des dépenses liées à la LPSI (Loi de programmation de la sécurité intérieure) et au Fonds Covid ; l’audit de la cession des bâtiments publics à Bamako ; l’audit de certaines Institutions de la République (Assemblée Nationale, Haut Conseil des Collectivités, Haute Cour de Justice) ; l’audit de certains organismes personnalisés et autorités administratives indépendantes (AGEFAU, AMRTP, ANGESEM (Agence nationale de gestion des stations d’épuration du Mali).

Quant aux audits du cadastre minier, de certains grands programmes/projets nationaux, et l’évaluation de la LOPM, ils sont en cours, a assuré le Premier ministre. Dr. Choguel K. Maïga a aussi évoqué l’ouverture et la poursuite des actions judiciaires dans les dossiers, objets des rapports de contrôle du Bureau du Vérificateur général et des autres organismes de contrôle de l’État. Il a précisé que les poursuites judiciaires relatives aux dossiers d’armement, d’avion présidentiel, d’avion cloué au sol et aux enquêtes sur les tueries et exactions des 10, 11 et 12 juillet 2020 à Sikasso, Kayes et Bamako, sont en cours de traitement dans les juridictions compétentes.

Selon lui, dans le cadre de la lutte contre la corruption, 5 mandats internationaux ont été lancés. Par ailleurs, il dira que d’ici la fin de 2022, le train va rouler au Mali.

Seydou Diamoutené

Source : 22 Septembre

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