La dissolution du Conseil national de transition(CNT) avait été demandée par les forces vives de la nation. Les mêmes acteurs de la scène politique avaient souhaité la dissolution du premier gouvernement de Moctar Ouane. Le président de la transition, Bah Ndaw, a accepté cette demande qui avait notamment été faite par le M5 RFP une semaine plus tôt. C’est ainsi que le Premier ministre a été reconduit à son poste pour former une nouvelle équipe gouvernementale.
Mais les Maliens demandent bien plus au premier responsable de la transition. Il y a la lutte implacable contre la corruption, la réduction du train de vie de l’Etat, la transparence et la redevabilité à tous les niveaux. D’énormes ressources pourraient ainsi être affectées à la satisfaction de la demande sociale pour freiner la paupérisation croissante et la hausse insupportable du coût de la vie ; la mise en œuvre de véritables poursuites judiciaires contre les commanditaires, auteurs et complices des tueries et exactions contre les victimes de la crise en été dernier.
La population veut aussi l’audit du patrimoine immobilier de l’Etat et des Collectivités territoriales ainsi que des ressources publiques allouées à certains départements ministériels, services stratégiques et projets de développement. Le M5 RFP demande l’organisation des Assises nationales pour la refondation devant aboutir à un large consensus national sur les grandes préoccupations de la Nation ainsi qu’à la conclusion d’un Pacte national de stabilité sociale, sécuritaire et de croissance, afin d’obtenir une trêve globale (politique, sécuritaire, syndicale, sociale et économique, etc.) et créer un climat d’apaisement, de sérénité, de confiance mutuelle ; cette stabilité permettra de consacrer les énergies et les ressources de la Nation à la lutte contre le terrorisme et à la conduite consensuelle dans la paix des réformes politiques et institutionnelles nécessaires à la Refondation du Mali.
On peut ajouter également la révision consensuelle et inclusive de la Constitution, dans le respect de son article 118 ; la relecture de l’Accord pour la paix et de réconciliation issu du processus d’Alger, conformément aux recommandations unanimes de nombreux foras, après une évaluation des six (6) années de tentatives d’application, et dans le respect des principes fondamentaux d’unité nationale, d’intégrité du territoire national, de souveraineté de l’Etat et de la forme républicaine et laïque de l’Etat ; la mise en place d’un organe unique de gestion des élections tel que réclamé unanimement par la classe politique et la société civile.
Enfin, une doléance du M5 RFP, la dissolution du Gouvernement et de l’actuel Conseil national de transition et son remplacement par un organe plus respectueux de la Loi et plus légitime. Nous rappelons à cet égard qu’une procédure en dissolution a été introduite auprès de la Cour suprême par notre mouvement. La population cherche la fin de la répression des manifestations démocratiques et pacifiques qui sont des droits constitutionnels, des arrestations abusives et extrajudiciaires, des faits du prince contre des populations démunies et en violation de la Loi comme les démolitions d’habitations.
Quant aux politiques, ils veulent la création des conditions sécuritaires. Sans cela, estiment-on, le retour de l’Administration et la fourniture des services sociaux de base seront des leurres. « Tout comme l’organisation des élections libres et crédibles serait pure illusion. Or pour nous, cette Transition doit durer 18 mois, pas plus, et les missions et tâches qui ne seront pas exécutées dans ce laps de temps devraient être transférées à des équipes plus légitimes et plus compétentes, et ce en stricte conformité avec les conclusions et résolutions des Assises nationales de la refondation à la mise en œuvre desquelles tous les acteurs politiques et de la Société civile se seront préalablement engagés avant les élections générales », déclarait Choguel Maïga devant Bah Ndaw.
Dougoufana Kéita
Source : La Sirène