Le chérif de Nioro N’Bouyé Haïdara et Mahamoud Dicko ont été incontestablement des vrais artisans de la victoire du candidat RPM Ibrahim Boubacar Kéïta à la présidentielle 2013. Ce soutien a été conditionné à la signature d’un pacte qu’IBK n’a pas respecté. Dupés par le Kankélétigui (l’homme a une seule parole) IBK devenu le Kantjamatigui( l’homme à plusieurs paroles), les deux leaders religieux ont juré la main sur le cœur de lui faire partir du pouvoir. La mauvaise gestion du pays n’est donc que la partie cachée de l’iceberg du meeting du vendredi 05 juin 2020.
Voici le pacte d’IBK avec les religieux dénommé ‘’ Accord entre IBK et les leaders religieux’’, retrouvé sur le Net, dans le cadre des élections de 2013: «La relecture du Code de la famille non plus par l’administration et l’Etat, mais cette fois-ci par un groupe de travail sous l’égide du Haut Conseil Islamique du Mali.– Interdiction des débits de boisson, boîtes de nuit et maisons closes.– interdiction des films pornographiques et érotiques.– réorganisation de la censure notamment pour l’audio-visuelle (ORTM) et les médias privés.– interdiction totale des jeux de hasard.– aménagement des lieux de prière dans les ministères et les administrations publiques aux frais de l’Etat, avec une participation des musulmans.– aménagement d’une mosquée dans les aéroports et les hôpitaux.– réaffirmation par décret du caractère sacré du mois de ramadan, avec interdiction des festivités et fermeture des débits de boissons, des boîtes de nuit et des centres de loisirs.– médicalisation de l’excision et non pas suppression de cette pratique.– La prise en charge des imams des mosquées de vendredi et leurs adjoints par un salaire net d’impôts de 300.000 F CFA pour les premiers et 200.000 F CFA pour les seconds ainsi que l’instauration d’une allocation annuelle à allouer aux mosquées de vendredi.– Interdiction du port d’habits indécents dans les ministères, administrations, institutions et organismes publics et semi-publics.– la création de tribunaux islamiques de conciliation dans les quartiers et les communes.– La création d’un ministère des Affaires religieuses…» Ce sont bien là les termes du mémorandum accepté par IBK.
Si certains de ses points s’avèrent pertinents (Médicalisation de l’excision, création d’un ministère des Affaires religieuses, etc.», d’autres sont tout simplement liberticides et anticonstitutionnels et par conséquent, impossibles à mettre en œuvre dans une République laïque.
Pourquoi diantre alors un «Homme d’Etat» a-t-il accepté pareil deal ?
Pour accéder à la magistrature suprême en 2013, le candidat IBK était prêt à tout, absolument tout. Le président du Mouvement Sabati 2012 l’a bien précisé : IBK s’avérait le cinquième candidat sur leur liste, après Cheick Modibo Diarra, Choguel Kokala Maïga, Moussa Mara et Mountaga Tall. Ces derniers ont, selon toute évidence, choisi de bien réfléchir avant d’accepter les critères à eux soumis. C’est donc IBK qui s’est engagé. Le vin étant alors désormais tiré, il faudra le boire. Aux yeux des cercles islamiques, le désormais président de la République doit tenir ses engagements, comme par exemple créer des tribunaux islamiques dans les quartiers et communes, procéder aux censures des medias, etc. C’est le non-respect de ces engagements qui sont les causes réelles du divorce entre IBK et les leaders religieux Mahamoud Dicko et le chérif de Nioro N’Bouyé Haïdara qui sont déterminés à le faire partir par la rue. Pour y parvenir, ils ont scellé un mariage avec les politiques et certains regroupements de la société civile. Et lors du meeting du vendredi 05 juin 2020, l’imam Dicko a demandé pardon aux Maliens à son nom et à celui du chérif de Nioro pour avoir appelé à voter IBK en 2013. Très furieux, il n’a pas manqué de menacer sérieusement le président de la République IBK : « Je jure par Dieu, si IBK s’entête, son départ sera inscrit dans les annales… »
Tientigui
Source : Le Démocrate