Réconciliation au Mali : La ville emblématique de Kidal ne fait plus recette

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Un petit tour et puis s’en vont… Le voyage des ministres maliens à Kidal, fief des indépendantistes, qui a eu lieu, le lundi 25 janvier dernier, a été un flop !

Longtemps Kidal, fief des touaregs indépendantistes et symbole de la fracture malienne, est restée un abcès de fixation. Si la ville symptôme d’une Nation déchirée demeure symbolique, elle ne déclenche plus les passions, Pour preuve, le premier déplacement des ministres du gouvernement de transition dans la Commune a laissé les Maliens de marbre.

Début septembre 2020, deux (02) semaines après le coup d’État, la junte au pouvoir avait prévu un déplacement à Kidal, toute la ville s’était embellie et préparée à les recevoir. Cette annonce avait suscité beaucoup d’espoir dans un camp et autant de frustrations dans l’autre. Puis, la visite avait été annulée sine die sans qu’aucune explication crédible ne soit donnée.

Finalement le lundi 25 janvier 2021, les autorités de transition s’y sont rendues en déployant l’artillerie lourde, pas moins de six (06) ministres composaient la délégation. La société civile et les mouvements de jeunes ravis de cet honneur les attendaient dans la salle des fêtes, mais les membres du gouvernement n’ont pas eu le temps de s’y rendre. La visite a été écourtée, encore un rendez-vous manqué pour les Kidalois, mais cette fois, la faute en incombe à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), c’est elle qui, pour des raisons de sécurité et d’horaires de ses avions, a pressé le pas.

Cette visite a été beaucoup commentée par la presse étrangère, comme la première des nouvelles autorités dans ce haut lieu de la rébellion touarègue. En revanche à Bamako, le déplacement ministériel n’a fait couler que très peu d’encre.

Certes, Kidal reste symbolique, mais les Maliens ont en ce moment beaucoup d’autres urgences et raisons d’inquiétudes. L’insécurité est en train de gagner le Sud, Sikasso, la deuxième région industrielle du pays.

Cette année, les récoltes de coton ont été très mauvaises, seulement 25% de la production par rapport aux années précédentes, les usines sont à l’arrêt, les chômeurs sont légion, les finances des paysans sont à sec, le banditisme fait son apparition dans la zone.

Dans le Centre c’est pire encore! La zone de l’Office du Niger est en rouge vif, tout comme le cercle de Mopti ou sévissent djihadistes, milices, groupes d’autodéfense, bandits… Toutes les nouvelles rassurantes annonçant les victoires conjointes de l’armée malienne et de Barkhane, la réussite de l’opération «Éclipse» qui a éliminé une centaine de djihadistes dans le secteur de Douentza, ne rassurent en réalité personne. Cela ressemble plus à un exercice d’autosatisfaction à quinze (15) jours du sommet du G5 Sahel à Ndjamena.

Feu le touareg bashing!

Mais ce désintérêt pour Kidal n’est pas dû seulement à tous les malheurs qui s’abattent sur les Maliens comme la misère sur le pauvre monde. Le bouc émissaire, a changé de figure et ce ne sont plus les Touaregs qui sont à l’origine de tous les maux. Depuis de la création, en 2016, de la Katiba Macina d’Amadou Kouffa, allié au JNIM ou Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) de Iyad Ghali, ce sont les Peuls, qui sont jugés responsables, coupables, au mieux, complices des djihadistes. La preuve, l’initiative de quelques politiciens, portée par l’Association Faso Kanu organisant un front du refus contre l’Accord d’Alger fait un bide total.

Les nouvelles autorités de la transition ont même brisé un tabou en faisant entrer au gouvernement cinq représentants des groupes armés signataires de l’Accord d’Alger au gouvernement sans que personne ne s’en émeuve. Ils sont trois pour la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), et deux pour la Plateforme, mouvement proches de l’ancien pouvoir de Bamako.

Mossa Ag Attaher, ancien chargé de communication d’un Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) autonomiste et actuel ministre de la Jeunesse et des sports, est même en passe de devenir très populaire au fur et à mesure que «les Aigles du Mali» remportent des victoires au Championnat d’Afrique des Nations.

Morale de l’histoire, mieux vaut relire les mémoires de Pierre de Coubertin que l’Art de la guerre de Machiavel.

À quinze (15) jours du sommet de Ndjamena entre le président français et les chefs d’État du G5 Sahel, cette réflexion devrait faire réfléchir les stratèges de l’Elysée…

Source: Mondafrique

 

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