Refondation, réformes, élections et fin de la transition : Les signaux de la confrontation se précisent

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S’estimant devant entamer un début de refondation de l’Etat malien, alors que leur délai est limité, les plus hautes autorités de la transition sont, aujourd’hui, entre le marteau de la CEDEAO et l’enclume de contestataires intérieurs.

Tout en redoutant la possibilité de sanction émanant de la CEDEAO, qui continue d’exiger le respect des engagements pris par rapport au délai de la transition, les autorités du moment estiment devoir poser les bases de la refondation à travers certaines réformes, dans une course contre la montre. Et Me Mountaga Tall du M5-RFP estime qu’à priori le Mali doit respecter sa signature apposée sur l’engagement indiquant la fin de cette transition en février 2022. Avant de relever que s’il apparaît une impossibilité de tenir dans le délai du fait des tâches à exécuter, et la CEDEAO et les autorités du Mali doivent en discuter pour un modus vivendi.

Or, de toute vraisemblance, les dirigeants de la CEDEAO ne semblent pas flexibles et brandissent des menaces de sanction. Ligne directrice que pourrait suivre l’Union Africaine, l’Union Européenne avec le risque réel d’étouffer le Mali, un pays déjà trop essoufflé. A cette inquiétude, le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga vient de répondre avec prudence. « Les sanctions ne sont pas la solution. Si la Cédéao ne tient pas compte des raisons qui ont conduit à la chute du régime et décide de punir une nation dont l’Etat s’est retrouvé à terre par la faute de ses dirigeants, je pense que cela sera contre-productif », analyse-t-il. Sauf qu’il ne décline aucunement comment le pays peut s’en sortir si de telles sanctions venaient à être prises.

Et, parlant de la position tranchée de la CEDEAO, le chef du gouvernement se veut prudent et négociateur. « Nous ne jouons pas de carte nationaliste mais celle de la responsabilité : être capable de dire à nos amis qu’il n’est pas possible de faire ce qu’ils veulent qu’on fasse (organiser des élections) pendant la période initialement fixée. S’ils nous y forcent en créant une crise financière et les conditions d’un changement de régime, l’objectif stratégique qui était de stabiliser le Mali sera complètement mis de côté. Notre souhait est de transférer le pouvoir à un gouvernement élu, mais il faut négocier avec la communauté internationale un délai raisonnable, pragmatique, pour tenir les élections ». Cet argumentaire suffira-t-il à ramollir la position des dirigeants de l’organisation sous-régionale ? Le prochain sommet nous édifiera.

Par ailleurs, au plan interne, une frange importante de la classe politique ne cesse d’exiger le respect du délai de la fin de la transition, soit février 2022. Ainsi, au moins une cinquantaine de formations politiques non négligeables fourbissent les armes et menacent de descendre dans la rue pour des manifestations en cas de non-respect de l’engagement sur la fin de cette transition.

Le week-end passé déjà, lors d’un meeting, des femmes de plusieurs partis et mouvements politiques ont haussé le ton. Elles avaient aussi enregistré plusieurs leaders politiques qui se montrent intransigeants quant à la tenue des élections à bonne date, alors que visiblement  l’agenda électoral ne peut plus avoir lieu en février prochain. L’on signale même que des voix se sont élevées ces derniers jours pour annoncer des manifestations d’hostilité aux autorités de la transition au boulevard de l’indépendance. L’on cite des responsables politiques très remontés comme Dr Bokary Tréta, le chef de l’ancienne majorité présidentielle, non moins président du RPM, Housseini Amion Guindo dit Poulo de la CODEM et de l’Alliance Espérance Jigiya Kura, Me Kassoum Tapo du MOREMA,  etc. Ils ne cessent de fulminer contre ce qu’ils considèrent comme des manœuvres » des autorités de la Transition pour prolonger cette période charnière de difficultés du peuple malien
Au même moment, les autorités de la Transition semblent aussi s’inscrire dans la réplique. Des regroupements et mouvements se créent pour soutenir les initiatives visant la tenue des assises dites de la refondation, les réformes, etc. Le dernier en date est le Mouvement pour l’Emergence (MPE), dont le lancement a été parrainé, le week-end passé, par le ministre Lamine Seydou Traoré des Mines et de l’Energie ; sans compter l’Alliance Citoyenne pour la République et la démocratie (ACRD) dirigé par l’ancien ministre Oumar Ibrahima Touré, non moins président de l’APR. Toutes ces initiatives veulent voler au secours des dirigeants de la transition.

Comme on le voit, ces démarches en cours vont dans le sens de la confrontation, si rien n’est fait pour baisser la tension de l’antagonisme existant.

Boubou SIDIBE

Source : Maliweb.net

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