Profitant d’une tribune du PARENA avec la presse, la semaine dernière, le chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaïla CISSE, a expliqué les raisons pour lesquelles l’opposition exige un dialogue préalable des forces vives de la nation avant d’aller à la réforme constitutionnelle proposée par les autorités maliennes.
Dans un pays où il n’y a presque plus un budget d’investissement, où la société d’énergie est au bord de la faillite, où les peuples, sur une bonne partie du territoire, ne se parlent pas, l’urgence est ailleurs, pas dans une révision constitutionnelle. Évoquant le manque de bonne foi des pouvoirs publics à mener un dialogue national autour des questions brûlantes de l’heure, le chef de file de l’opposition a révélé que la première lettre qu’il a envoyée au président Ibrahim Boubacar KEITA sur la situation du centre du pays date d’avril 2018. Dans ladite lettre, il affirme avoir tiré la sonnette d’alarme sur la situation au centre qui s’aggravait. Selon Soumaïla CISSE, face à cette situation, son ambition était que le chef de l’État accepte d’en discuter avec toutes les forces vives de la nation afin de conjuguer les efforts pour une issue heureuse. «Jusqu’à ce jour, nous n’avons pas reçu de réponse et il n’y a jamais eu de rencontre. C’est pour dire que nous avons fait notre part. Une autre lettre a été remise, dans ce sens, il y a quelques jours au président de l’Alliance de la majorité présidentielle. C’est pour montrer que nous sommes vraiment décidés au dialogue», a témoigné Soumaïla CISSE.
Abordant le sujet de la réforme constitutionnelle que le gouvernement est en train de conduire dans la plus grande exclusion totale, le chef de file de l’opposition a noté que cette initiative a pour objectif principal de mettre des éléments de l’Accord dans la Constitution. Selon lui, l’opposition a alerté les autorités sur le fait qu’il n’y a pas que le nord, alors que l’Accord pour la paix ne concerne que cette partie du territoire du Mali. Il a fait allusion au centre qui est en train de s’embrasser. À propos de la mise en place du Cadre de concertation national (CCN) par le Premier ministre, Soumaïla CISSE désapprouve sa composition. Selon lui, dans un pays où il y a plus de 200 partis politiques, seulement 17 chefs de partis ont été invités pour siéger au CCN. Ainsi, ni Tiébilé Dramé, Cheick Modibo DIARRA, Daba DIAWARA, Soumana SAKO, Modibo SIDIBE, Konimba SIDIBE, Djibril TANGARA… n’y ont pas été invités. Ce qui lui fait dire que « c’est une affaire entre copains ».
« Le problème du Mali n’est pas que la rédaction d’une constitution. Il s’agit de discuter de la crise sécuritaire, de la crise sociale, car aujourd’hui tout le monde est en grève. Il faut alors discuter de la situation financière et la situation politique née au lendemain d’une crise électorale », a martelé le chef de file de l’opposition. C’est, selon lui, autant de raisons qui expliquent le rejet du CCN par l’opposition. Concernant la situation financière, il a révélé que selon les informations qu’il détient, la dette intérieure du Mali atteint les 198 milliards de FCFA et celle de la seule EDM est estimée à 297 milliards de francs CFA. Soumaïla Cissé a fait savoir que le FMI est inquiet concernant la situation financière au Mali. Pour preuve, soutient-il, le Budget spécial d’investissement a été complètement supprimé et il n’y aura pas d’investissement en 2019. « C’est pour dire que quand il n’y a pas d’investissement, il n’y a pas de croissance, et quand il n’y a pas de croissance, il n’y a pas d’emploi », a expliqué le chef de file de l’opposition. À propos d’EDM, il dira que si la situation continue, soit il n’y aura pas d’électricité ou bien il y aura une nouvelle augmentation des prix. Aux dires de Soumaïla CISSE, l’EDM doit payer à Albatros 1,200 milliards par mois. Ce qui fait 14,400 milliards de francs CFA par an, sur 20 ans.
MODIBO KONE
Source: Le Démocrate