Les magistrats maliens n’ont pas fini leur dynamique et leur logique de se faire respecter. L’occasion est aujourd’hui claire et les raisons sont simples. Lors de la grève des syndicats de magistrats (SYLIMA et SAM) le gouvernement, à l’époque, dirigé par le Tigre Soumeylou Boubeye Maiga, avait tenté de torpiller leur mouvement. Pour ce faire, ces magistrats, qui ne s’étaient jamais mêlé du processus politique en cours (tiraillements entre les forces politiques et les mouvements de la société civile) avaient été trahis par leur doyen Nouhoum Tapily.
Nous avions à l’époque révélé qu’il a soutenu clandestinement Soumeylou Boubeye Maiga à prendre des mesures illégales visant à réquisitionner un Pouvoir dont l’indépendance se fait de plus en plus constater depuis quelques mois.
L’assainissement du secteur et la culture de l’éthique semblent encore préoccuper les « nouveaux espoirs » d’un Peuple déboussolé. Le Figaro du Mali avait révélé des rencontres entre Nouhoum Tapily, Président de la Cour suprême et des responsables syndicaux de la magistrature. L’objectif, d’après nos sources à l’époque, c’était de trouver des éclaircissements de la part de Tapily sur une correspondance qu’il avait transmise clandestinement au Premier Ministre Soumeylou Boubeye Maiga. Un acte que les magistrats ont qualifié de trahison et de sabotage à l’endroit de leur lutte qui n’avait d’autre raison que la satisfaction de leurs revendications signées par le gouvernement.
Dans nos investigations, les magistrats détenaient tous les contours de l’implication de leur collègue et doyen Tapily dans le sabotage et l’échec de la grève.
C’est ainsi que lors de leur dernière assemblée générale, ils avaient clairement sollicité la démission de Nouhoum Tapily et s’étaient engagés à boycotter toute activité qu’il présiderait.
Quelques semaines après cette décision, les magistrats, joignant l’acte à la parole, avaient boycotté la rentrée judiciaire de Novembre 2018 où Ibrahim Boubacar Keita n’a constaté qu’un fiasco. Celui qui dirige la plus haute institution judiciaire croyait à une tempête passagère. Mais les choses s’étaient accélérées avec la sortie fracassante de Mamadou Sinsy Coulibaly, traitant Nouhoum Tapily de toutes sortes de noms.
Cet épisode va encore fortifier les syndicats de magistrats dans leur dynamique d’une justice indépendante quel que soit la personne.
Un communiqué conjoint, signé de Alou Badara Nanacasse et Hady Macky Sall précisait qu’ils ne prennent cause et effet pour personne. Le Président du SYLIMA avait même, dans une interview, demandé à l’actuel président de la Cour suprême de démissionner au regard de la gravité des accusations.
Un magistrat nous confiait la suite : « Quand il a été cité dans cette affaire de corruption, il est venu s’agenouiller, sollicité notre soutien et notre pardon. Il disait avoir commis des erreurs en posant des actes contraires au corps des magistrats. Nous pensons que l’assemblée générale était souveraine et que son semblant de repenti ne pouvait rien remettre en cause. »
Aujourd’hui, le Chef de l’Etat et le Ministre de Justice seront mal à l’aise face à cette mesure connue de tous mais qui a été visiblement ignorée et méprisée. Les syndicats de magistrats avaient promis aux maliens des actions fortes, les signaux sont forts et l’ambiance est pleine de panique pour ceux qui ont abusé de la République. Il faut donc plus de sécurité et de prudence autour de nos magistrats.
Source: Le Figaro du Mali