Comme en octobre et novembre 2018, avec la grève des promoteurs d’écoles privées et tout au long des cinq mois de, grève des syndicats enseignants du public, l’Assemblée des élèves et étudiants du Mali (AEEM) veut manifester sa solidarité en faveur des élèves du Centre et du Nord où la plupart des établissements scolaires sont fermés pour des raisons d’insécurité, depuis quelques années. L’initiative, à première vue salutaire, semble pourtant être suicidaire pour l’association et pour le pays tout entier.
Décidément, ce n’est pas encore le bout du tunnel pour l’école malienne avec la signature d’un Protocole d’accord entre le Collectif des syndicats enseignants et le Gouvernement, ce 18 mai 2019, mettant fin à cinq mois de débrayage. Et pour cause? Contrairement au grand ouf de soulagement poussé par de nombreux parents d’élèves et les plus hautes autorités nationales, l’AEEM a estimé, ce samedi, que le sauvetage de l’année scolaire 2018-2019 n’était pas la priorité. Mais plutôt, la réouverture des 1 050 écoles fermées au Centre et au Nord du pays pour motifs d’insécurité. C’est en tout cas, le point de vue du Secrétaire général de l’AEEM, Moussa NIANGALY, lors d’une conférence de presse, ce samedi 25 mai 2019, à son siège. En guise de solidarité aux collègues, pardon, enfants de ces écoles, l’association estudiantine compte mettre tout son poids dans la balance pour obtenir l’ouverture de ces écoles avant une évaluation pour les autres.
« Tant que les 1 050 écoles resteront fermées, il n’y aura pas d’évaluation cette année », a dit le Secrétaire général de l’AEEM lors de son ‘point de presse. Simple menace ou véritable conviction des responsables AEEM?
Cette position de l’AEEM est une autre équation à plusieurs inconnues pour les autorités qui se montrent dépassées par la situation sécuritaire au nord et au centre du pays, depuis 2012. L’État n’étant pas présent dans beaucoup de ces localités, ne peut exiger d’aucun fonctionnaire de s’aventurer dans des zones abandonnées aux terroristes.
Nous estimons qu’autant l’objectif de l’AEEM de mettre tous les fils (élèves) du pays sur un même pied d’égalité en matière de droit à l’éducation est noble, autant la question du Nord et du Centre dépasse un simple cadre syndical et ne saurait être l’apanage de simples syndicats. En effet, il ne s’agit pas là d’un abandon délibéré de l’Etat, mais d’une situation d’insécurité qui a poussé l’Etat et ses .structures à se replier, du moins momentanément. Ce qui signifie qu’il est dans l’incapacité notoire de résoudre le problème pour le moment, même si des efforts importants sont en cours pour y arriver. Dans ce contexte, c’est l’AEEM qui outre passe ses prérogatives de syndicat de défense des intérêts des élèves pour s’aventurer sur un terrain très glissant, celui de la sécurité qui relève d’une mission régalienne de l’État.
En espérant qu’elle reviendra rapidement à de meilleurs sentiments pour accompagner le gouvernement à sauver ce qui peut l’être, le syndicat des élèves et étudiants du Mali doit marquer son territoire et éviter de disperser son énergie dans des querelles byzantines.
Par Sidi DAO.