Hier, mardi 30 mars 2021, lors d’une cérémonie à Bamako, le Fonds au Profit des victimes de la Cour pénale internationale a remis un euro symbolique à l’État malien et à la communauté internationale, représentée par l’Unesco, en guise de réparations symboliques du préjudice subi par les victimes de guerre commis par Ahmad Al Faqi Al Mahdi à Tombouctou lors de l’occupation djihadiste. C’était en présence de la Procureure générale de la CPI, Fatou Bensouda, de la présidente du Conseil de direction du Fonds au profit des victimes de la Cour pénale internationale (CPI), la malienne Mama Koité Doumbia, du secrétaire général adjoint de l’UNESCO, Xing Qu et du président de la transition du Mali N’Bah N’Daw.
Selon Mama Koité Doumbia, présidente du Fonds au profit des victimes, organe indépendant mis en place par le statut de Rome, cet « euro est un symbole incommensurable du tort que nous avons tous subi et de notre volonté de dire plus jamais ça! » Pour Fatou Bensouda, la procureure de la Cour pénale internationale, le patrimoine culturel malien est un miroir de l’humanité. « L’impunité n’est pas une option. Les victimes doivent être réparées et leur dignité restaurée », a déclaré la procureure de la CPI. Selon le président de la transition du Mali, Bah Ndaw, la remise de est le couronnement d’une décision de justice qui sanctionne la destruction de biens culturels comme crimes de guerre.
Le verdict du procès de Ahmad Al Faqi Al Mahdi, l’ex- chef de la Brigade d’Ançardine à Tombouctou est tombé le jeudi 17 août 2017. Selon Raul Cano Pangalangan, le juge de la CPI en charge du dossier, il s’agit de faire des « réparations individuelles, collectives et symboliques pour la communauté de Tombouctou et le versement de dédommagements aux victimes, à hauteur de 2,7 millions d’euros le coût des réparations ». Le terroriste malien qui purge, depuis septembre 2016, une peine de 9 ans de prison, a été aussi condamné à verser un euro symbolique à l’État malien et à l’UNESCO en réparation des préjudices causés par la destruction des mausolées de Tombouctou. Toutefois, c’est le « fonds au profit des victimes à la CPI » qui doit débourser cet argent aux victimes car le détenu est reconnu comme « indigent » par la Cour.
La Chambre a ordonné l’octroi de réparations pour trois catégories de préjudices : l’endommagement des bâtiments historiques et religieux attaqués, les pertes économiques indirectes et le préjudice moral. Les réparations doivent être collectives pour permettre la réhabilitation des sites et pour que la communauté de Tombouctou, dans son ensemble, se relève des pertes financières et du préjudice économique subis, ainsi que de la détresse. La Chambre a également ordonné des réparations individuelles en faveur des personnes dont les sources de revenus dépendaient exclusivement des bâtiments attaqués, ainsi que des descendants des défunts dont les sites funéraires ont été endommagés dans l’attaque. Né vers 1975, Ahmad Al Mahdi était membre d’Ansar Dine, un mouvement associé à AQMI, et collaborait étroitement avec les chefs de ces deux groupes armés dans le contexte des structures administratives et institutions mises en place par eux lors de l’occupation djihadiste du Nord du Mali. Jusqu’en septembre 2012, il était à la tête de la Hesbah (instance créée en avril 2012 pour promouvoir la vertu et prévenir le vice). Il était également associé aux travaux du tribunal islamique de Tombouctou et participait à l’exécution de ses décisions.
Madiassa Kaba Diakité
Source : Le Républicain