L’Inde, principal exportateur de riz dans le monde, a pris des mesures de restreindre ses exportations. La décision prise en septembre dernier aura un effet inflationniste sur les prix du riz dans les pays africains dont le Mali.
La menace qui planait depuis le mois de mai est désormais en cours depuis le 8 septembre avec effet immédiat. Pour trouver une solution à l’exportation vertigineuse de sa production de riz brisures confronté à un déficit pluviométrique, le gouvernement indien a dû recourir à un dispositif tarifaire.
Un droit de 20 % est exigé à l’exportation sur toute cargaison de riz brisures. Les autres variétés comme le riz étuvé et le basmati ne sont pas concernées. En tant que premier producteur de riz dans le monde (21,5 millions de tonnes en 2021), l’Inde a connu des récoltes catastrophiques. La campagne écoulée a été frappées par des conditions climatiques difficiles dues aux intempéries avec comme conséquences des baisses de pluviométrie et de mousson. Les principales zones de production rizicole ont toutes connu de mauvaises récoltes avec une baisse de 10 millions de tonnes.
L’Afrique jusque-là dépendante fortement du riz brisures indien en payera le lourd tribut. Selon des statistiques, plusieurs pays comme le Sénégal, le Nigéria, le Libéria, le Bénin, la Côte d’Ivoire, la Guinée, l’Afrique du Sud, l’Egypte, l’Ethiopie et le Ghana sont les gros importateurs de riz indien.
Le Mali bien que n’étant pas cité parmi les gros importateurs ne sera pas épargné. La fluctuation des cours du riz viendra surtout des autres pays exportateurs comme la Thaïlande, le Vietnam, le Myanmar, etc. qui vont profiter de la forte demande sur le marché pour renchérir les cours. Ce qui ne fera qu’en rajouter à la flambée générale des prix des céréales provoquée par le conflit entre l’Ukraine et la Russie. Déjà, dans notre pays, les marchés connaissent des envolées de prix depuis plusieurs mois. Les céréales toutes catégories confondues, ont connu des hausses de plus de 30 à 50 % par sac. Normalement avec les nombreuses potentialités de superficies aménageables à l’Office du Niger, le Mali devrait être parmi les gros exportateurs de riz dans le monde.
Selon Youssouf Bathily, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali (Ccim), cette mesure économique prise par l’Inde pour protéger sa production nationale aura forcément des répercussions. Car selon lui, le commerce international est lié aux cours mondiaux des produits eux aussi dépendants de l’offre et de la demande.
L’Inde n’est pas grand consommateur de riz brisures, qui est essentiellement destiné à l’alimentation du bétail. Selon leur propre prévision, la restriction des exportations permettra d’économiser 4 millions de tonnes de riz.
Abdrahamane Dicko