Le week-end a été mouvementé par des meetings, marches et conférences de presse pour le retrait ou non de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Partira, partira pas ? La question divise les Maliens du Nord et du Sud.
En dépit des attaques complexes et coordonnées de Sévaré qui ont fait beaucoup de victimes parmi les civils, une partie des Maliens indexent la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) d’être à leur origine.
Selon la théorie de ces Maliens, chaque fois que le mandat de la Minusma arrive à échéance, elle crée la zizanie pour obliger le Conseil de sécurité de l’ONU à renouveler son bail au Mali. Après le départ de l’armée française au Mali, c’est le tour de la Minusma.
Ces Maliens qui demandent le départ de la Minusma perçoivent cette présence des casques bleus de l’ONU comme le prolongement de la présence militaire de la France au Mali. Rappelons que c’est sous le leadership de la France de François Hollande que la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (Minusma) qui, par la suite, deviendra la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) a vu le jour.
Si à Mopti les organisateurs de la manifestation du 28 avril 2023 contre la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali ont décidé de suspendre leur marche de protestation, la journée du vendredi a été mouvementée par des meetings et des marches pacifiques à Bamako, Koutiala pour demander le départ immédiat et sans délai de la Minusma sur toute l’étendue du territoire.
“La Minusma doit partir, car elle est devenue aujourd’hui une organisation qui travaille plus à ternir l’image du Mali que l’aider en accusant les autorités maliennes de violer les droits de l’Homme…”, a dénoncé un responsable du mouvement “Yèrèwolo débout”.
A Tombouctou et Taoudenni, ce samedi nous avons assisté à une marche pour le maintien de la Minusma. Les manifestants affirment avoir besoin des Forces armées maliennes dans la ville autant que les forces onusiennes. A Tombouctou, presque dans chaque famille, nous avons au moins deux personnes qui travaillent au sein de la Minusma. Plus de 300 personnes travaillent au sein de la Minusma à Tombouctou, selon un agent de cette mission onusienne.
Le même samedi, à Gao, les corps constitués de la société civile de la Cité des Askia ont organisé une conférence de presse sur le maintien de la Minusma. Selon les conférenciers, certes le résultat escompté n’est pas satisfaisant pour le monde, surtout pour ce qui est de la protection des civils.
“La Minusma a certes des tares, mais son départ ne doit en aucun cas être dicté par un mouvement illégal et illégitime, comme Yèrèwolo Débout qui décrète le départ de la Minusma. Les raisons des insuffisances de cette force onusienne sont diverses. Elles incombent à la mission elle-même et à la partie malienne d’une et d’autre part, le contexte géopolitique et géostratégique des pays contributeurs”, a souligné l’un des conférenciers.
Les habitants de Tombouctou, Taoudenni et Gao disent qu’ils ont tiré les leçons du départ précipité de la force Barkhane dans ces régions. “Malgré les nombreuses promesses faites jusqu’aujourd’hui le gouvernement n’a toujours pas pris une seule action pour amoindrir les effets du départ précipité de la force Barkhane dont les conséquences sont palpables sur tous les plans de la vie de nos populations”, ont-ils exprimé.
Au-delà des fortes divisions entre Maliens sur la question du départ ou non de la Minusma, c’est l’existence même de la mission des casques bleus qui est en jeu au Mali. Partira, partira pas ? C’est toute la question. Nous sommes à deux mois du renouvellement du mandat de cette mission et cette question du départ ou non divise aussi les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies.
Lors de la dernière session du Conseil sur le Mali, plusieurs membres du Conseil se sont interrogés sur la pertinence du renouvellement du mandat de la mission onusienne au Mali, compte tenu des difficultés qu’elle rencontre sur le terrain. Des diplomates sont allés jusqu’à dire que dans les conditions actuelles, le statu quo n’est pas tenable, qu’il faut mettre fin au mandat de la Minusma au Mali.
Cependant, le mois de juin nous dira si oui ou non le mandat de cette force onusienne sera renouvelé.
Ousmane Mahamane