La transition pilotée par le colonel Assimi Goita a avec maestria éludé plusieurs pièges qui se sont dressés devant elle. Le dernier à pointer à l’horizon n’est autre que le projet de révision de la Charte de la transition, qui ne semble pas le plus périlleux pour diverses raisons. En effet, le passage obligé qu’est désormais devenu la relecture de ce texte pourrait s’avérer une véritable boîte de Pandore, au regard du pullulement des fronts contre une transition nullement exempte de toute reproche.
Avec l’hostilité et le refus du «Cadre d’échanges des partis et regroupements politiques pour une transition réussie» qui rejette et dénonce une relecture unilatérale et biaisée de la charte, les sanctions de la CEDEAO dont les effets commencent à se faire sentir par la population, les tractations et autres mouvements d’humeurs des groupes armés du septentrion, on peut affirmer, sans faire dans la langue visqueuse, que le pouvoir actuel, en dépit du soutien populaire dont il bénéficie, n’a jamais paru aussi funambule. En définitive, les autorités actuelles seraient bien inspirées de lâcher du lest en concédant raisonnablement un peu de terrain au front adverse progressivement érigé en sérieuse opposition politique, au lieu de soumettre la Charte à une relecture à viciée par des contestations pernicieuses susceptibles de mettre dans l’embarras l’organe législatif de la Transition déjà contrainte récemment au retrait du projet de loi portant création de la police territoriale. Or la Transition actuelle ne saurait se permettre une déconvenue similaire, au regard de l’extrême délicatesse du statu quo à l’intérieur du pays et le couperet de la communauté internationale qui ne demanderait pas tant pour passer à l’acte.
Somme toute, si l’actuelle Transition se prévaut d’une mission de refondation, elle devra trouver les voies et moyens de s’octroyer un minimum de compromis convenable et en adéquation avec une scène politique malienne majoritairement rétive à son égard. Malgré toute sa bonne foi elle doit avoir la présence d’esprit de ne pas permettre à l’étau de se resserrer plus qu’elle ne pourra le supporter.
En tout état de cause, on est en droit de se demander ce que vaudra réellement la nouvelle charte dans un pays où le respect des textes est à la limite un luxe comme en témoignent les violations flagrantes de la constitution ainsi que des dispositions en vigueur de la Charte de la Transition.
Ousmane Tiemoko Diakité
Source : Le Témoin