Course à la montre ! Voilà résumée en une seule expression les prises de position et les tractations en cours face au climat très tendu qui prévaut au Mali actuel.
Les contestataires partent d’un constat général. L’évaluation minutieuse de la gestion du président de la République durant ses 7 ans passés au pouvoir. Tout est égrené un à un et la note attribuée : la déception. Ils pensent qu’IBK a mis le pays dans une agonie profonde. Alors l’urgence à leur entendement, c’est de pousser d’une manière ou d’une autre le Président à la démission. Et cette extrême position fait suite à plusieurs manifestations sanctionnées par des accords entre le Président et les preneurs de rue. Le constat est triste. Le Chef de l’État n’a jamais honoré son engagement.
C’est cet argumentaire qui est sur les lèvres des contestateurs de la légitimité d’IBK. Cette fois-ci, ils confirment être sortis pour de bon tant qu’IBK est au pouvoir. Ils jouent à la sourde oreille face aux sorties d’IBK avec des annonces fortes et les rencontres entre personnalités afin de décrisper la situation.
Chaque jour, leur rang se grossit. Depuis le 5 juin passé, la plateforme a engrangé des adhésions importantes. Politiques, religieux, activistes, acteurs de la société civile… ils se dirigent, avec armes et bagages, vers le ‘’nouveau porteur d’espoir’’ pour redresser le Mali.
Très confiants de leur force, ils qualifient leur prochaine sortie, aujourd’hui, d’assaut final. C’est-à-dire, ils seront désormais les maitres des lieux, car IBK partira de gré ou de force.
Face à ce regroupement dénommé Rassemblement des Forces Patriotiques (RFP) qui révèle agir au nom du peuple « meurtri » à cause de la gestion « catastrophique » d’IBK, un autre mouvement voit le jour. Appelée Convergence des Forces Républicaines (CFR), elle s’est assigné comme unique mission : la défense des institutions de la République. Elle est uniquement composée d’acteurs de la société civile épaulés par des cadres du pouvoir. À l’analyse des responsables dudit mouvement, la plateforme de Mahmoud Dicko a bien le droit de manifester, mais elle ne peut pas se substituer à part entière au peuple, car l’expression est un ensemble. Et le RFP n’est qu’une partie de cet ensemble. Alors, Dicko et compagnons ne peuvent pas parler au nom de tout le monde. Ils estiment également qu’exiger la démission du président et de son régime à cette période de multiples crises que traverse le Mali est inconcevable. Enfin, leur raison d’être n’est pas d’engager un bras de fer, mais faire comprendre à tous les Maliens la nécessité d’union sacrée pour sortir le pays de ce marasme.
En marge de ces forces nationales, une troisième s’invite de droit. Elle est neutre et porte le message de l’organisation sous régionale : la Cedeao. Un regroupement neutre qui intervient dans les États membres à chaque fois qu’une crise à l’allure de menace pour la stabilité du pays se manifeste. C’est dans ce cadre qu’elle a dépêché une délégation au Mali depuis hier. Elle aura pour mission de parler avec les deux parties dans l’unique but de favoriser le retour au calme et au dialogue entre Maliens face aux défis de l’heure.
D’emblée, sa position est connue quant au renversement d’un pouvoir démocratiquement élu : elle est contre.
Cette médiation anticipée est un signal fort. Cela sous-entend que l’organisation a tiré les leçons de ses erreurs du passé concernant le Mali. Pour rappel, en 2012, c’est après l’acte des putschistes qu’elle s’est investie pour le retour à l’ordre constitutionnel. Cela s’est marqué par la démission volontaire d’ATT et l’installation du président de l’Assemblée nationale, Dioncounda Traoré pour la transition et l’organisation de l’élection présidentielle de 2013 au cours de laquelle IBK est sorti vainqueur face à son challenger SoumailaCissé.
La présence de la Cedeao sur le sol malien aura-t-elle un impact sur l’élan des contestataires ? La sortie du RFP ce vendredi nous en dira plus.
Boubacar Yalkoué
Source : Le Pays