Que vous soyez en infraction ou pas, si vous vous faites contrôler par des gendarmes au poste de contrôle de Zambougou sur la route de Ségou, il est probable que vous deviez jeter à terre pour ne pas repartir à pied. C’est ce qui se passe tous les jours au niveau de ce poste de contrôle à une quarantaine de kilomètre de la ville de Ségou.
Au poste de Zambougou, le racket des gendarmes a atteint un seuil inquiétant. Depuis, la population ne se sent plus confiante face à ces hommes en uniforme sensés les protéger ainsi que leurs biens. Que ce soit à la Brigade de la gendarmerie de Ségou ou au poste de contrôle de Zambougou, les gestes de corruption des pandores ne choquent plus. Au vu et au su de tous, la population et les usagers de la route sont dépouillés. On en est arrivé au point où ce type de tracasseries est devenu banal au poste de Zambougou. Même accepté, puisque la plupart du temps, il n’y a pas d’autre choix.
À 7h du matin, les gendarmes sont en faction au poste de contrôle de Zambougou et retourne à la brigade de Ségou, dans l’après-midi vers16h. Cependant, le racket et d’autres tracasseries routières sont vécus au quotidien par les usagers. Motocyclistes, automobilistes, chauffeurs de véhicules de transport en commun, nul n’est épargné. Quel que soit le motif du contrôle. L’essentiel pour les gendarmes en faction, c’est de percevoir une somme d’argent. Le contrôle est tout sauf réglementaire. Contrairement aux normes, aucun reçu n’est remis aux intéressés comme preuve de paiement de ce qui est censé être une amende.
En bloc, le racket au poste de contrôle de la localité de Zambougou, sur l’axe routier Bamako-Ségou est une pratique qui a la peau dure. À tort ou à raison, des motocyclistes et des chauffeurs accusent les gendarmes du poste de les racketter et ce même s’ils sont en règle et n’ont commis aucune infraction.
On peut avoir tous ses documents en règle, permis, assurance, vignette mais les gendarmes au poste de Zambougou, trouve toujours quelque chose, juste pour dire qu’il y a une infraction.
« Le vendredi dernier, j’ai transporté dans ma sotrama des gens qui se rendaient aux funérailles d’un parent à Ségou. Après un contrôle de routine au poste de Zambougou, le gendarme a reconnu que tous mes papiers sont à jours. Mais il a saisi mon cahier de transport sous prétexte qu’il y a un surnombre de passagers dans le véhicule. Et pour pouvoir continuer le trajet, il m’a fait payer une contravention de 10 000 FCFA, sans un reçu. Et comme, les passagers se plaignaient du retard, je me suis exécuté pour partir », déplore un chauffeur sur l’axe Bamako-Ségou.
Et un berger qui réside à Zambougou de témoigner : « Rien que le dimanche dernier, je suis parti rejoindre mon fils au pâturage. À mon retour, un gendarme m’a arrêté au poste de Zambougou. Malgré que je l’ai présenté mes pièces, il m’a arrêté en disant que je suis une personne suspecte. Les témoignages du chef de village et de mon épouse auprès des gendarmes n’ont servi à rien. Et le plus effarant dans cette situation, c’est que les gendarmes m’ont exigé le versement de 50 000F, malgré que je fusse à leur égard un personnage suspect. Et il a fallu l’intervention d’un élu pour qu’il abandonne cette procédure et me relaxer ». Pour ce berger qui est installé à Zambougou, il y a 25 ans, la mission des gendarmes au poste est basée sur le racket.
Aujourd’hui, le racket est devenu de plus en plus, le mode opératoire privilégié de nos hommes en uniforme au niveau des postes de contrôle, et les citoyens ordinaires n’ont plus foi en eux. Ce qui explique la propension de la population à la justice populaire pour régler ses comptes, comme ce fut le cas à Niono, où le Commissaire a été assassiné de sang froid par les populations. Ce qui est une menace sérieuse pour la paix. Aux autorités maliennes de prendre des dispositions.
Mariam Konaré
Source : Nouveau Réveil