Après avoir fait avaler la couleuvre de l’occupation de la Crimée aux occidentaux, amputé l’Ossétie du sud à la Géorgie et le Donbass à l’Ukraine ainsi que la Transnistrie à la Moldavie, régions toutes proclamées prorusses, après avoir essuyé de multiples sanctions économiques américaines et européennes aux sauces variées issues de l’occupation de la Crimée, le président russe Vladimir Poutine veut de nouvelles aventures et de nouvelles conquêtes : celles de l’Afrique.
Homme discret de marque, sans doute, grand stratège politique, le président russe, Vladimir Poutine a longtemps d’abord été occupé par les affaires de son empire. Arrivé au pouvoir en pleine crise tchétchène et trouvé un pays plongé dans un total marasme économique à la merci des occidentaux et de quelques oligarques russes, il était difficile de voir plus loin que son nez.
Depuis lors, dirigeant son pays avec une main de fer et propulsé par la flambée du prix de l’or noir, dont son pays est l’un des premiers producteurs avec plus de dix millions de barils par jour, Vladimir Poutine a depuis le début des années 2000 eu le temps de redresser considérablement l’économie de son pays mais surtout de renforcer son armée devenue redoutable. Bien que la Russie traverse actuellement une crise économique engendrée par les multiples sanctions économiques américaines et européennes mais aussi par la baisse du prix du pétrole, beaucoup de russes lui accordent encore un certain crédit politique. Surtout qu’il est l’un des rares hommes politiques russes, après Pierre le Grand et l’impératrice Catherine II a augmenté les kilomètres carrés de son pays avec l’annexion de la Crimée.
Malgré la grogne récente de l’opposition, Poutine se dit encore avoir le vent en poupe. Beaucoup de russes se souviennent encore de l’époque soviétique où tout manquait. Et le luxe relatif que la population vit, surtout dans les grandes villes, lui rassure.
Ainsi, ayant une stabilité relative dans son pays, l’ambitieux Poutine pense désormais qu’il est grand temps d’élargir son influence hors des frontières de son pays, surtout galvanisé par le succès militaire de son armée en Syrie au côté de Basard Asad.
L’Asie, l’Europe et l’Amérique latine (à part le Venezuela où il a pu planter un pied) étant dominées par l’influence américaine, Poutine pense désormais qu’il a son mot à dire en Afrique lorgnant jalousement le succès de son rival chinois. Les derniers actes posés en Centrafrique où la légion russe Wagner ainsi que des conseillers militaires avec l’aval des autorités russes assurent intégralement la sécurité du président Touadera au détriment des français en sont des exemples. Aussi, la visite récente du président congolais Denis Sassou N’guesso, sur lequel la France a une influence illimitée ainsi que des visites d’émissaires nigérians viennent renforcer cette tendance.
Mais, l’évènement de choix qui nous attend dans cette ambition de Poutine de séduire l’Afrique est le prochain Sommet Russie-Afrique à Sotchi, prévu du 22 au 24 octobre prochain. Une stratégie pour détrôner les anciennes puissances coloniales de l’Afrique.
Aujourd’hui, la Russie manque de beaucoup de moyens d’influence à caractère expansionniste. Le seul domaine où elle peut impeccablement concurrencer étant celui de l’armement. Mais, elle a de grandes expériences dans l’extraction des matières premières qui peut intéresser l’Afrique qui regorge de minerais. Aussi quelques unités de production industrielle aux russes sont aussi actuelles pour le continent africain où à part l’Afrique du Sud, le Maghreb ou le Nigeria tout reste à faire.
En invitant les africains dans la belle cité au bord de la mer noire, rénovée à l’occasion des jeux olympiques d’hiver de 2014, Poutine a certainement mis sa stratégie en place. Les compétents agents de son puissant service secret FSB (Service Fédéral de Sécurité) ont certainement mis le paquet. De plus le président russe agit toujours avec ténacité et abnégation. Expérimenté dans la politique internationale, il sait certainement ce qu’il veut de ce sommet. À nous de poser la question légitime de savoir si nos dirigeants africains sauront ce qu’ils veulent de ce sommet ? L’inquiétude est qu’ils ne transforment ce sommet en congés d’été et en nuits de noces dans les luxueuses chambres d’hôtel de la ville olympique comme ils savent bien le faire. Et être totalement à la merci du tsar russe plus expérimenté et plus stratège. Nos dirigeants politiques africains oseront-ils inventer l’avenir ou auront-ils un comportement incongru comme toujours ? Ce qui est sûr, l’ours russe ne laissera pas ses griffes sans travail.
Séguemo Kassogué
Source: L’Evènement