Le conseiller américain à la sécurité nationale John Bolton, en visite mercredi à Abou Dhabi, a accusé l’Iran d’être derrière les actes de sabotage du 12 mai contre quatre navires à l’entrée du Golfe qui ont contribué à la montée des tensions dans la région.
Téhéran a « fermement rejeté » ces accusations, les qualifiant de « risibles ».
« Certaines de nos forces d’opérations spéciales ont été invitées à donner leur avis d’expert » et « il est clair » que les bateaux –deux pétroliers saoudiens, un norvégien et un émirati– ont été la cible de « mines navales, très vraisemblablement d’Iran », a affirmé M. Bolton, arrivé mardi aux Emirats arabes unis, un allié de Washington.
Les Etats-Unis se sont joints avec d’autres pays à l’enquête dirigée par les Emirats sur ces incidents.
« Il n’y a aucun doute dans l’esprit de qui que ce soit à Washington sur l’identité du responsable de cette situation », a dit à des journalistes M. Bolton en faisant implicitement référence à l’Iran, grand ennemi des Etats-Unis.
« Qui d’autre aurait pu faire ça selon vous? Quelqu’un du Népal? », a-t-il ajouté, ironiquement.
A Téhéran, le porte-parole des Affaires étrangères a qualifié de « risibles » les nouvelles affirmations américaines.
« M. Bolton et les autres bellicistes qui recherchent le chaos devraient savoir que la stratégie de patience, la grande vigilance et la préparation défensive optimale de la République islamique d’Iran empêcheront la réalisations de leurs désirs diaboliques dans la région », a dit Abbas Moussavi.
John Bolton a aussi fait état d’une « attaque infructueuse sur le port saoudien de Yanbu quelques jours avant celle des pétroliers ».
Il n’a cependant donné aucune précision sur cette « attaque » qui aurait visé la principale ville pétrolière de l’ouest du royaume saoudien, sur la mer Rouge.
« Je soutiens ce que nous avons fait jusqu’à présent. Il s’agit d’expliquer très clairement à l’Iran et à ses substituts que ce genre de mesures risque d’entraîner une réaction très vive de la part des États-Unis », a affirmé M. Bolton.
Cette visite du conseiller va-t-en-guerre de Donald Trump intervient à la veille de trois sommets organisés à La Mecque, en Arabie saoudite, à la demande de Ryad, qui veut isoler davantage son grand rival iranien au Moyen-Orient.
Alors que le sommet de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) était prévu de longue date, Ryad a convoqué deux autres réunions, celles du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et de la Ligue arabe.
– Mesures « dissuasives » –
Les tensions régionales se sont exacerbées depuis que l’administration de Donald Trump a inscrit en avril les Gardiens de la Révolution iraniens sur sa liste noire d' »organisations terroristes » et a renforcé en mai les sanctions économiques contre Téhéran après avoir quitté, il y a un an, l’accord international sur le nucléaire iranien.
Elles sont encore montées de plusieurs crans après les incidents maritimes au large des Emirats et la multiplication de tirs de drones par les rebelles yéménites Houthis, soutenus par Téhéran, sur des cibles saoudiennes, dont deux stations de pompage d’un oléoduc le 14 mai.
Début mai, Washington avait annoncé le déploiement dans le Golfe d’un porte-avions et de bombardiers B-52 avant de décider le 25 l’envoi de 1.500 soldats supplémentaires au Moyen-Orient en invoquant des « menaces » iraniennes.
Mercredi, M. Bolton a qualifié ces mesures de « dissuasives ».
Comme on lui demandait s’il avait des preuves directes de la responsabilité iranienne dans les incidents maritimes, il a refusé « d’entrer dans les détails », tout en soulignant qu’il était important que l’Iran « sache ce que nous savons ».
Peu après les actes de sabotage, Téhéran, sur la défensive, avait jugé ces actes « préoccupants et regrettables » et appelé à une enquête.
Le 24 mai, l’administration Trump a informé le Congrès américain de nouvelles ventes d’armes à Ryad et Abou Dhabi, invoquant à nouveau la « menace » iranienne pour contourner la possibilité dont disposent les parlementaires de bloquer ce type de contrat.
Des généraux iraniens ont eux menacé de fermer en cas de guerre le détroit d’Ormuz, par lequel passent 35% du pétrole transporté par voie maritime.
« Nous restons préoccupés et aussi vigilants que nous le pouvons », a dit mercredi John Bolton, ajoutant: « Nous répondons et nous consultons plus étroitement nos alliés dans la région pour discuter de ce qu’il faudra faire ».