Après Ogossagou le 23 mars 2019, les populations impuissantes au centre du pays subissent toujours des attaques meurtrières.
L’absence des forces armées et de sécurité du Mali dans certaines localités témoigne une fois de plus de l’incapacité du gouvernement à pouvoir protéger ses populations et leurs biens. Du coup, à cause de l’inertie d’un appareil de sécurité dépourvu de toute vision et de stratégie, les populations continuent de souffrir le martyre sans assistance. Le 13 mai 2019, des civils du village de Hèrèmakono ont été attaqués par des assaillants dans le cercle de Niono au cœur de Ségou, faisant plus de douze morts et plusieurs blessés.
Selon plusieurs sources locales, ce jour-là, aux environs de 8h00 du matin, des hommes armés visiblement habillés en tenue de chasseurs traditionnels (dozos) ont d’abord circulé sur une quarantaine de motos autour de Hèrèmakono avant de faire incursion dans le village et tiré sur les habitants. Au même moment, l’armée était absente. A la veille, soit le 12 mai 2019, une autre localité, Maracabougou, a été aussi attaquée, provoquant la mort de civils.
Le 1er mai 2019, le village de Tiguila dans la commune rurale de Mondoro, cercle de Douentza a été également attaqué causant la mort de douze civils. Les 1er et 2 mai 2019, dix-huit jeunes, venus soutenir les forces armées du Mali tombées dans une embuscade, ont été tués aussi, sans assistance, dans une attaque encore à Tiguila et à Yoroboulo, toujours dans la commune rurale de Mondoro, cercle de Douentza. De nombreuses autres attaques sont fréquemment menées au centre du pays contre les civils. Pendant plus de trois ans, le gouvernement s’est toujours montré incapable de sécuriser ces populations en detresse.
Selon la Division des Droits de l’Homme et de la Protection de la MINUSMA, de janvier 2018 à nos jours, 158 abus des droits de l’homme ont été commis par des groupes armés dans les régions de Mopti et Ségou au centre du Mali. Ces évènements ont fait au moins 551 morts, dont dix-sept femmes, vingt garçons et trois filles. La MINUSMA estime également que ces différentes attaques ont occasionné 120 blessés dont vingt-cinq femmes, douze garçons, et neuf filles. A la suite de ces actes odieux, des enquêtes ont été ouvertes et leurs résultats sont toujours attendus. De même des sanctions annoncées tardent à tomber. Pire, la plupart de ces localités attaquées n’ont bénéficié que de quelques jours de présence des forces armées et de sécurité avant d’être abandonnées à elles-mêmes.
A Bamako, l’on assiste à une autre forme de banditisme. Depuis une semaine, de petits délinquants constitués en groupes, font leur loi à Sébénicoro, le quartier résidentiel du Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta. Avec armes à feu, machettes, couteaux, ou simplement barres de fer, ils pillent tout sur leur passage. Selon plusieurs sources, le 11 mai 2019, aux environs de 2 heures du matin, ces petits délinquants, repus d’alcool et de drogue, ont pris le contrôle du secteur » Kaïrabougou » de Sébénicoro, pillé des boutiques, agressé et dépouillé des boutiquiers et de simples habitants qu’ils ont croisés sur leur chemin. Au cours de cet acte de vandalisme, les délinquants ont également caillassé des véhicules stationnés devant des domiciles privés.
Malgré tout, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le général Salif Traoré, à travers de beaux discours, tente toujours de rassurer le peuple malien sur l’existence d’un mécanisme de sécurité, un mécanisme qui a toujours été jugé inefficace et mensonger par la majeure partie de la population.
Par Ousmane Ballo.